« As-tu des talents d'acteur, Thomas ? » Cette question était étrange, sûrement pas pour Emma Frost qui venait de la poser. Le damné haussa les épaules tout en sirotant son whisky. Il ne savait pas où la mutante voulait en venir avant qu'elle ne prenne le temps de tout lui expliquer. Comme à son habitude, la femme-diamants avait capté la présence de mutants, à l'instar de Charles Xavier qui était bien plus équipé que cette dernière puisqu'il possédait une machine capable d'étendre sa mutation. Emma, elle, devait se fondre parmi les gens dans la rue, ce qui n'était pas à son goût. Et puisqu'elle s'occupait de trouver de jeunes mutants, Thomas devait l'aider dans son travail en les amenant au bercail. S'il réussissait à faire grossir le club des damnés, ils pourraient alors se préparer à tout, même à une guerre qui menaçait d'éclater d'un jour à l'autre.

La nouvelle cible des damnés était une jeune fille qui avait rejoint les X-Men. Mauvais virage pour cette demoiselle victime de la méchanceté des humains dans son passé, fait qu'avait retenu Emma pour appâter la mutante. Thomas devait alors se laisser faire passer à tabac par des types du club, ce qui relevait du sado-masochisme mais passons, pour faire en sorte d'avoir l'air d'une parfaite petite victime, mais pas n'importe laquelle. Les complices du mutant devaient faire en sorte de laisser échapper des mots tels que "monstre" "abomination" pendant leur petit jeu afin que la mutante puisse entendre et donc, s'intéresser de près au sort de Thomas qui serait dans un sale état. Espérant que le plan allait fonctionner, Thomas attendit dans une ruelle que la jeune femme qu'avait repéré Emma apparaisse. D'après cette dernière, la mutante avait l'habitude de passer par ici à la même heure chaque jour.

Lorsque enfin la jeune femme se montra, les complices, masqués, commencèrent à taper Thomas qui leur avait demandé de ne pas viser de zones sensibles, car il tenait quand même à sa santé. Quelques bleus et égratignures feraient l'affaire, pas besoin de le démonter pour être crédible. Une fois que le travail fut terminé et que les hommes s'en allèrent, Thomas se laissa tomber au sol en gémissant de douleur, sans jouer la comédie. Il avait vraiment mal et espérait ne pas avoir fait toute cette mise en scène pour rien.

Souffrant des côtes même si tout avait été manigancé, Thomas se recourba en gémissant de douleur, espérant attirer l'attention de sa cible, ce qui fonctionna plutôt rapidement. La jeune femme commençait déjà à prendre soin de Thomas en le faisant s'asseoir et en analysant ses blessures, en l'observant. Le mutant tenta de capter son regard en étirant un fin sourire, histoire d'être abordable et sociable malgré la situation. Et il continuait à grimacer et à gémir, se tenant les cotés en essayant de retrouver le rythme de sa respiration normale. Puis, c'est là qu'il se sentit différent. Heureux. La mutation de la demoiselle était assez agréable, il fallait l'avouer.

« Diable, qu’est-ce que vous avez fait pour qu’il vous mettent dans un état pareil ! » En temps normal, Thomas aurait répondit avec une pointe de sarcasme. Mais il n'était pas ici pour faire fuir l'inconnue. Il devait être sympathique et l'attirait dans son piège. Du coté des damnés. « Si je vous le disais, vous ne me croirez pas. » Encore un peu de théâtre. Après tout, il n'était pas censé dire qu'il était un mutant et qu'il avait été battu par des hommes qui les chassaient. Thomas se remit donc bien droit et ne lâcha pas la mutante du regard. Elle lui avait communiquer un peu de son don en le rendant heureux, il pouvait alors faire comme s'il avait deviné qui elle était. « Enfin, vous avez quand même un don j'imagine. Vous m'avez rendu serein alors que je souffrais le martyr. Vous êtes sûrement comme moi... Comme beaucoup d'autres sur cette Terre. N'ai-je pas raison ? » Le voilà qu'il affichait une mine de chien battu. C'est qu'il en était presque adorable notre damné.

« Ils m'ont vu faire des choses qu'ils ne tolèrent pas. Je n'aurais jamais dû m'approcher d'eux ni les aider. Ils pensaient que j'étais un homme ordinaire et veulent ma mort aujourd'hui parce que je suis différent. » Thomas soupira en essuyant ses lèvres en sang. Même si ses phrases étaient bien ciblées sur la mutation, parler de don aurait pu être une expression comme lorsque l'on parle d'un musicien ou d'un peintre qui excelle dans son domaine. Il ne restait plus que la réaction de la demoiselle à toutes les paroles de Thomas et il pourrait enfin passer aux choses sérieuses.