J'avais passé une semaine de dingue autant épuisante pour moi que pour mon double qui a la moitié de la semaine avait renoncé à me pourrir la vie, n'ayant d'après plus pas d'énergie à perdre, je n'allais pas contester pour une fois qu'il était calme. Je devrais peut être le mettre au sport, au moins tant qu'il est fatigué il se tait et devient plus fantomatique qu'autre chose, apparaissant disparaissant, chose qui l'énerver énormément.

J'étais là dans le salon sur le canapé, un bol dans la main, la boîte de céréales sur la table basse, mon regard sur la télévision. Pas de traces de mon double, il était incontrôlable alors... J'allais profiter de cette matinée enfin ça c'est ce que je pensais jusqu'à ce que je tourne le paquet de céréales et trouve une liste de courses scotchée à la boîte...

Je soupirais, adieu mon programme qui consistait à passer ma matinée à chercher un programme intéressant en pyjama sur le canapé... Je me dirigeais vers la salle de bain pour prendre une bonne douche et j'enfilais des vêtements propres, je passais ma veste sans oublier de mettre la liste dans une de mes poches, fermer l'appartement à clé et prendre la direction du magasin le plus proche, priant pour qu'il n'y est pas trop de monde.

Une fois arrivé j'attrapais un panier et saisit ma liste, je me dépêchais connaissant les rayons par cœur à force, c'était calme, bien trop calme, vous savez comme ce calme avant que les éléments ne se déchaînent... Si faire les courses me mettait dans des états pareils il faudrait que je songe à y envoyer mon double à l'avenir.

C'est limite si je ne courais pas d'article en article, il n'avait pas vraiment grand monde et c'était agréable j'arrivais dans un rayon et souris à la jeune femme face à moi, ne supportant pas les gens qui font la tête en faisant les courses, d'accord ce n'est pas plaisant je vous l'accorde mais si en plus on ne fait aucun effort.

Je me penchais pour saisir une barquette dans le rayon frais avant de remarquer un type dans un coin qui semblait proche de la crise de panique, et pour cause il avait une vue imprenable sur la rue et sur des gens armés et vêtu entièrement de noir qui venaient de passer les portes de la supérette. Bon sang pourquoi je suis pas resté au lit moi ? Un braquage ? Sérieusement ? Je posais mon panier et commençais à lever les mains en l'air, la prochaine étape étant surement de se mettre à terre...

En voyant la violence dont il faisait preuve j'étais dégoûté, à cause de ma mutation j'avais longtemps eu l'impression d'être un monstre, mais je ne faisais pas de mal aux gens volontairement, enfin je l'avais fait mais c'était pour me venger... Finalement je ne valais peut-être pas mieux qu'eux...

- Les mains en l'air ou vous aussi vous finirez par terre !

Ridicule, la situation commençait réellement à me taper sur les nerfs. Seulement je ne pouvais pas utiliser ma mutation tant que ce type avait les yeux rivés sur moi, j'allais devoir attendre... Le vendeur leur hurla quelque chose que je ne compris pas à cause du vacarme que les autres faisaient, je n'étais pas du genre à me donner en spectacle mais là il était temps que je mette mes talents à l'épreuve. Deux d'entre eux étaient encore dehors à faire le guet.

Pendant qu'il ne me regardait pas je m'écartais histoire d'être légèrement caché entre deux rayons. Histoire de limiter les dégâts si une personne me voyait utiliser mes dons je pourrais toujours dire que la peur lui a fait voir des choses qui n'existaient pas, mais si tous les clients chantaient la même chose non merci... Encore deux pas et je serais dans l'ombre alors, sans même réfléchir je fis un geste de la main droite et l'homme qui tenait son arme la braqua sur l'autre et peu à peu les voleurs se braquèrent les uns après les autres. J'hésitais longuement avant de faire un autre geste.

Ils ne comprenaient pas ce qui se passait, ils étaient incapables de faire le moindre geste. Je ne cherchais pas à savoir si quelqu'un m'avait vu, grave erreur puisqu'en tournant la tête je remarquais une jeune femme qui braquer son regard sur le mien. Je n'eu même pas le temps de m'en prendre à moi-même que mon double ouvrit la porte du magasin et me fit signe.

- La police arrive.

Je me dépêchais de fuir ce lieu et le regard de la jeune femme qui apparemment était la seule. Je traversais l'espace qui me séparait de mon double pour le rejoindre à la porte, les braqueurs tentèrent de faire un mouvement mais ils étaient figés, j'agitais les doigts comme si je déchargeaient une arme invisible et les chargeurs de leurs armes tomba à terre pendant que toutes les munitions se rependaient sur le sol.

- Joli coup Alec.
- Il en reste encore deux.
- Oh non. Là ils piquent un petit sommes.

Je souris, j'aimais ces moments où nous étions complémentaires, c'était mieux que lorsqu'on se battait comme des chiffonniers... La police arrivait on les évita en tournant à l'angle d'une rue on continua notre route, je n'avais franchement pas envie de donner ma version des faits... Puis si je restais là alors ça changerait quoi ?

- On commandera ?
- Compte là-dessus je vais mettre un moment avant de remettre les pieds dans cette supérette...

Bon ça c'était relativement bien passé. J'étais sorti de la en vie et j'avais évité la police. On devrait commander le temps que l'affaire se calme, mais ça aurait franchement pu être pire... Non ? J'aurais pu perdre mon calme ou bien le contrôle sur ma mutation, enfin celle-là je la contrôlais plutôt bien, c'était mon double que je ne contrôlais pas du tout, dans certaine occasion c'était bien mais dans d'autres pas vraiment...

-Hé, toi !

Du coin de l’œil je repérais une jeune femme qui était elle aussi dans le magasin quelques minutes plus tôt, je n'étais pas sûre qu'elle m'ait vu utiliser ma mutation, maintenant j'en étais certain. Je posais mon bras sur celui de mon double qui voulait se tourner. Je secouais la tête négativement.

- Mais pourquoi ?
- Je crois qu'elle m'a vu faire tu sais quoi.
- Ah bah bravo, t'en rates pas une...

Non mais il se moquait de moi ? D'habitude c'est lui qui en loupait pas une, et je devais réparer ses erreurs... Pour une fois que je m'étais raté... Et puis j'étais censé faire quoi ? Ils étaient bien décidés à ne s'arrêter devant rien, ce n'est pas comme si je m'étais exposé publiquement, ce n'était qu'une personne pas de quoi faire un drame...

- Enfin, j'veux dire, celui que j'ai vu dans la supérette là... Pas son jumeau. Bref, n'importe lequel !

Mon double me regarda du coin de l'oeil avant de soupirer, à le voir la situation l'exaspérer mais il y avait autre chose dans ses yeux, une pointe d'amusement, je connais bien trop ce regard c'était celui qu'il me réservait lorsqu'il avait une idée derrière la tête.

- Laisse-moi faire.

Comme si j'avais le choix... J'aurais voulu répliquer mais il ne m'en laissa pas le temps. Et avant même que je n'ai pu esquisser le moindre mouvement, il se retourna rapidement en faisant voler les pans de son manteau au passage, il affichait un sourire des plus chaleureux et je me demandais si la jeune femme allait tomber dans le piège. En même temps elle ne nous connaissait pas...

- Que puis-je faire pour vous ?

Je me tournais également et regardais mes chaussures l'air penaud, jusqu'à ce qu'un miaulement me fasse relever la tête, un chat complètement gris venait de pointer le bout de son nez, je me demandais bien ce qu'il faisait là à ce moment-là...

- Ou devrais-je le deviner ?

Ça ne marchera jamais, je secouais la tête, mais vu le regard que me jeta mon double je préférais me taire, il avait l'air d'avoir la situation en main, mais quand il était en charge il fallait s'attendre à tout et surtout au pire...

- Je voulais que vous m'appreniez votre tour de passe-passe.

Mon double haussa les sourcils, il sembla jauger la jeune femme et l'espace de quelques secondes je vis une lueur s'allumer dans ses yeux. Une lueur que je ne connaissais que trop et que je n'aimais vraiment pas. Le genre qu'il avait avant de faire une bêtise qu'on regretterait tous les deux, je posais ma main sur son épaule et à mon contact il sembla se détendre.

- De quel tour parlez vous ?

J'avais préféré prendre la parole laissant le temps à mon double de se ressaisir, contrairement à moi son sens de la morale, de l'éthique et du bien et du mal était presque inexistant, nous nous complétions vraiment, il avait toujours été en moi, cette partie de moi que je cachais, je pouvais me changer en un monstre sans cœur, et depuis un an il avait fait son apparition dans ma vie. Et je n'étais jamais redevenu ce que je craignais. Mon double sembla reprendre son sérieux enfin chez lui c'était un grand sourire limite charmeur et une posture décontracté.

- Il n'y a aucun tour vous nous prenez pour quoi ? Des monstres de foire ?

Il déclarait ça toujours avec un sourire et je me demandais ou il voulait en venir avec ça ? Puis mon attention fut attirée par le chat encore une fois... Qu'est ce qu'il faisait là ? Il semblait vraiment intrigué par la situation. J'étais docteur et pas vétérinaire mais j'étais certains que ce n'était pas un comportement qu'on pouvait qualifier de normal.

- On est deux types très normaux. D'ailleurs je devrais investir dans une pancarte "circulez y'a rien à voir". Je pense que ça serait une bonne idée non ?

- Je pense qu'on attire un peu trop l'attention là...

J'indiquais d'un signe de tête le chat à mon double qui me donna un regard, celui qui signifiait " Tu te fiches de moi ? Je vais pas m'arrêter à cause d'un chat", je levais les yeux au ciel, quelque chose se tramait, je ne savais pas encore quoi et je ne savais surtout pas si c'était bon ou mauvais...

- Hum. Pourquoi êtes-vous tous les deux ici, au lieu d'être avec la police, alors ?

Je regardais le double qui était lui aussi fixé sur moi, il se mit à rire alors que je soupirais, on n'était pas des fans de la police, et puis on n'avait rien à leur dire, rien de grave ne s'était produit au final, on se retourna en même temps vers la jeune femme avant de lâcher la même phrase.

- Et vous alors ?

On avait vraiment l'air soient de jumeaux, soit de deux idiots au choix, mais elle en avait de bonne, nous poursuivre dans la rue, et nous demander de lui apprendre ce que je savais faire... Je n'aimais pas quand le double se mêlait trop de ce qui se passait mais là étrangement j'étais content de le savoir dans cette ruelle avec moi.
Puis mon double enchaîna pour faire un peu d'humour, déclarant qu'il devrait investir dans une pancarte circuler y'a rien à voir, je laisser échapper un rire avant de me focaliser sur le chat qui agissait bizarrement...

- C'est clair, à mon avis, j'aurais certainement passé mon chemin si vous en aviez porté une.

Je ne tardais pas à faire remarquer à l'inconnue et à mon double trop occuper à se disputer qu'un chat nous regardais étrangement. Mon double s'impatienta, visiblement il se fichait bien du chat...

- Bon sang Alec! C'est qu'un chat tu crois quoi ? Qu'il va se mettre sur ses pattes arrières et nous demander de partir avant qu'il nous règle notre compte.

Je le dévisageais pendant quelques secondes, regardant alternativement mon double et la jeune femme. Personnellement j'étais plus de l'avis de partir loin de ce chat, de cette ruelle et de la police...

- Vraiment ? Et après c'est moi qui est une imagination débordante ?