Un soupire. Quelques pas claquants doucement sur le pavé du trottoir encore humide de la pluie précédente, petite averse de laquelle elle avait vite fait de se protégé sous un porche à proximité avant de ne se faire chasser à coup d’insulte grondante comme l’orage qu’elle sentait s’éloigner, par l’air beaucoup moins lourd, beaucoup moins pesant, lui permettant de respirer plus allégrement. Elle se serra dans ses vêtements, un peu trop léger sans doute pour un temps aussi schizophrène et indécis. Elle sentit la froideur de l’eau de pluie d’une flaque qu’elle ne pu contourner sauf en sautant dans la rue. Elle passa plutôt à travers et sentit aussitôt ses chaussures s’imprégner du liquide limpide. Elle frissonna et accéléra le pas, question de se trouver, quelque part, un gîte, un petit motel miteux, une bonne âme peut-être, ne serait-ce que pour lui permettre de sécher ses vêtements et de la laisser repartir immédiatement après. Elle n’était pas une enquiquineuse et elle détestait demander service des gens. Mais elle ne tenait pas, en plus du ciel qui lui tombait sur la tête au quotidien, de tomber malade comme une idiote qui n’aurait pas regardé où elle mettait les pieds.

La blonde renifle un coup, ralentissant le pas en constatant qu’elle n’était jamais venue dans ce coin de la ville, ne parvenant pas à s’identifier ni par les bâtiments qui lui semblaient un peu moins ordonnés ni par les noms de rues barrés de graffitis ratés. Et fit volte-face, tournant sur elle-même, en prenant la direction inverse, dans le but de revenir sur ses pas. Elle s’était égarée. Ils le lui demanderaient, bien sûr. Ils le lui reprocheraient sans doute et elle rétorquerait qu’ils n’avaient qu’à l’envoyer dans un coin qu’elle connaissait. Pas dans un ghetto sentant la charogne et la pisse.

Elle ne fit d’ailleurs que quelque pas dans la direction contraire que déjà, on l’interpelait sur les termes de la vulgarité qu’elle décida d’ignorer, accélérant de nouveau le pas. Elle n’était qu’une fillette d’apparence fragile, après tout, et si elle savait se défendre, elle était limite sous les pois plume. Et puis, brusquement, sans qu’elle n’ait entendu le corps se rapprocher d’elle plus rapidement qu’elle ne le fuyait, elle sentit une grossement main attraper son petit bras et la forcer à s’arrêter. Froncement des sourcils, elle se retourne dans la direction du baraquer, trois têtes de plus grand qu’elle. Elle tire sur son bras. L’entend ricaner. S’offense. Ce qui a pour effet de l’amuser plus que de raison. Il n’est pas seul, pour son plus grand malheur, et rapidement, elle se retrouve avec un deuxième type aussi moche que le premier à l’agacer. Et sans crier gare, elle fout une claque monumentale au premier qui la lâche, sous l’effet de la surprise. Mais une main différente la frappe en retour, la propulsant au sol dans un cri de surprise étouffé.  

—Va te faire foutre, grosse merde! hurla-t-elle sans la moindre retenue, sans la moindre douceur, cassant un peu l’image «adorable» qu’elle déclenchait habituellement.  

Elle fut relevée sans la moindre douceur, arrachée du sol, alors qu’elle hurlait toujours et tentait d’en foutre une nouvelle à n’importe lequel des deux. Elle avait l’habitude, après tout, mais lorsque ça venait de l’extérieur, elle se transformait en petit monstre grouillant, hurlant, frappant, griffant et indomptable, par peur.

Il avançait rapidement dans les rues New-Yorkaises, maudissant le foutue temps de chien auquel ils avaient droit, de la pluie. Il n’était pas fan de la pluie, il préférait rester à l’abri lorsqu’il pleuvait ou rester au chaud. Certes le flic avait trouvé un abri pour échapper au plus gros de l’averse mais ça ne changeait rien au fait qu’il s’était retrouvé agressé par les gouttes d’eaux. Encore heureux qu’il n’avait pas choisit une chemise blanche pour se rendre au travail le matin même sinon il aurait été beau tiens. Il reprit donc sa marche lorsque la pluie eut cessé, tout ce chemin pour aller acheter deux truc pour chez lui, tout ce chemin à pied parce que sa voiture était au garage. Nouveau grognement d’agacement. Décidément, il aurait dut rester coucher aujourd’hui !

C’est toujours dans cette pensée qu’il cheminait à travers la grande ville, longeant les rues, les empruntant sans même regarder leur nom tant il les connaissait par cœur. Mais alors qu’il passait devant l’une des ruelles peu fréquentable de cette ville, des cris attirèrent son attention de flic toujours plus ou moins en alerte. Il tourna la tête pour voir deux hommes s’en prendre à une jeune femme qui semblait y mettre pourtant du sien pour se défendre, mais contre deux hommes beaucoup plus grand qu’elle, elle ne pouvait pas lutter, et James se fit finalement la réflexion qu’il avait bien fait de s’être levé aujourd’hui, sinon il n’aurait pas put aider la jeune blonde.

Le lieutenant s’avança donc dans la ruelle, la main posée sur son arme, on ne sait jamais après tout, il savait bien que ce genre de petite frappes pouvaient être violentes et ne se gêneraient pas pour s’en prendre à un flic, bien au contraire, ils seraient même content s’ils parvenaient à éclater la tête d’un poulet et seraient respectés par leur semblable. Les deux hommes semblaient véritablement trop occupés avec la jeune femme pour ne pas remarquer son arrivée, et il lâcha dans leur dos :

- Vous voulez que je vous aide ?

Pas pour autant qu’ils se retournèrent les abruti, au contraire l’un d’eux eut même l’audace de répondre au flic par un « Vas –y y’en a pour tout le monde.» Ce qui avait aussitôt déclenché en James un dégoût et une irrésistible envie de lui en foutre une pour lui faire ravaler ses paroles. Et James en grand patient qu’il n’était pas avait dégainé son arme et avait répondu, d’une voix froide, d’une voix sans appel :

- Je ne déconne pas les gars. Lâchez là.


Ils s’étaient retournés, visiblement contrariés par la phrase de l’homme, après tout, il venait et s’incrustait, les dérangeant dans leur « amusement » avec la petite blonde. Mais ce qu’ils ne savaient pas c’est que l’homme en question était flic et James put voir dans leur yeux le passage de leur émotions. Ils l’avait d’abord fixé avec un agacement certain et avait adoptés un air mécontent, puis lorsque la vue s’était posé sur l’arme, ils avaient lancer un regard surpris, presque craintif et curieux avant de changer du tout au tout pour la colère en découvrant l’insigne qu’il portait à la ceinture. Un flic. Et James ne perdit pas son calme, gardant cet air autoritaire et menaçant, sourcils froncés et arme pointée devant les agresseurs qui avaient adoptés un sourire en coin.

- Allez cassez vous maintenant, je ne le répéterais pas deux fois, c’est votre seule chance.
- Sinon quoi le petit ? Tu va nous tirer dessus avec ton petit pistolet et aller lécher les couilles de ton chef.

James haussa les sourcils et eut un ricanement sarcastique, ils osaient le provoquer en plus ! Grossière erreur tiens. Il tira dans le genou du premier homme qui s’écroula à terre tandis que son « pote » s’avançait menaçant vers le petit blond, il allait lui foutre une droite mais il était trop lent et James esquiva mais fallait croire que c’est ce qu’il voulait vu que le blond sentit le bitume rencontrer violemment son dos et le poids de l’homme le maintenir au sol, affichant un regard victorieux alors qu’il sortait un poignard de poche. James chercha à tâtons son arme qu’il avait lâcher sans pour autant la trouver et décida de reprendre les vieilles méthodes de combat au corps à corps, il utilisa la seule chose qu’il pût, c’est à dire sa tête et envoya un coup dans le nez de l’homme qui recula face à la douleur permettant au blond de se relever avant que l’agresseur revienne à la charge avec sa lame de poignard l’agitant devant le flic, le touchant finalement, ou plutôt sa chemise qui fut entaillée. Grossière erreur sachant que cette chemise était un cadeau de sa nièce et l’une de ses chemises préférées, il se décala vers son arme qu’il venait d’apercevoir et la ramassa rapidement visant l’homme qui fit encore un pas en avant.

- Fais un pas de plus et je te descend ! Tu as bousillé ma chemise et ton ami à le genou bousillé et je pense qu’il aimerait faire un tour à l’hôpital !

Menaçant et autoritaire, il appuya ses paroles en tirant vers l’homme, visant délibérément à côté, et il s’éloigna finalement après hésitation, récupérant son ami mal en point. James rangea son arme et s’approcha de la jeune blonde, un petit sourire sur ses lèvres et tout éclat de froideur avait disparut dans ses prunelles, laissant place à une lueur plus douce.

- Vous n’avez rien de casser Mademoiselle ? Demanda-t-il en plantant son regard dans le sien. S'il se sentait dans le rôle du sauveur ou du super héros ? Pas tellement, après tout, c'était juste son boulot pas vrai ?

Une poigne contre son avant bras. Une poigne solide. C’était tout ce dont ils semblaient avoir besoin pour la maintenir sur place malgré ses cris rageurs. Elle se débattait vainement. Elle le savait. Ça avait toujours été un acte futile. Mais c’était plus fort qu’elle, n’ayant jamais vraiment souhaité qu’on lui marche sur la tête. Et peut-être aussi le fait que c’était continuellement le cas n’aidait pas à sa décision de se montrer aussi sauvage que possible. Ils étaient désagréables, après tout, mais ils ne semblaient se rendre compte qu’avec amusement de ses coups. Elle se sentie brusquement secouée. Et s’ils voulaient la faire taire par ce geste qui lui aurait peut-être cassé lui si elle avait été enfant, eu l’effet contraire sur elle qui s’étrangla en sa cassant la voix, hurlant de plus belle les premières injures qui lui passait par la tête. Puis, une voix s’éleva. Ils avaient cessé de la secoué, mais elle sentie une grosse main se poser contre sa hanche, sans grande douceur. Elle ne voyait pas franchement de qui il s’agit et elle songeant qu’elle avait déjà bien assez de deux… et elle s’étrangla davantage encore en entendant la proposition. Un «QUOI?!» paniqué transperça tout autre son. Les aider, vraiment? Elle avait souhaité que se soit plutôt elle qu’on vienne aider. Elle n’avait pas forcément capté à qui la proposition s’était adressée et méprenait avec angoisse la situation. Elle songea à faire usage de son dernier moyen de défense, ne serait-ce que pour les aveugler le restant de leur jour. Elle n’avait jamais vraiment comprise pourquoi la CIA s’était tant intéressé à elle. Certainement pas pour sa luminescence, elle en était certaine. Et elle avait longtemps pensé qu’ils gardaient peut-être ses plumes dans des bocaux.

Mais la tournure des évènements ne fut pas ce à quoi elle s’était attendue. On avait, d’un même geste, relâcher d’un brin la poigne qu’on maintenait sur elle et son regard affolé se posa sur l’arme braquée. Puis sur l’insigne. Devait-elle s’en sentir rassurée? Toute personne ne se trouvant pas dans son cas en aurait sans doute été sécurisé. Pourtant, elle ne put contrôle le battement de son cœur à travers sa poitrine, dans son élan de panique qu’elle maintint finalement au même niveau. Pourtant, il s’obstinait à mettre les rustres en déroutes. Ou n’était-ce qu’un plan pour l’asservir plus aisément par la suite? Un nouveau cri de stupeur résonna en même temps que la détonation. Elle avait sursauté. Elle avait reculé au maximum. Puis elle se sentit elle-même projetée contre le sol, heurtant de l’épaule le lampadaire à proximité. Elle en aurait profité, dans son état normal, pour fuir immédiatement. Elle ne se serait pas attardée sur ces lieux. C’était peut-être ce qu’elle aurait dû faire. Et pourtant…

Elle les entendait se débattre près d’elle. Elle entendait les gémissements douloureux de l’un et les sons agressifs de l’autre. Quant au policier? Elle ne savait pas très bien différencier ses sons à ceux de l’agresseur. Elle les confondait. L’élancement dans son épaule la retint au sol quelques secondes, le temps du moins qu’elle ne parvienne à reprendre ses esprits correctement. Se serait un sacré bleu qu’elle aurait demain. Et ils allaient la harceler de questions… ou empirer son cas, c’était toujours un ou l’autre de toute façon, selon leur avis, selon son échec de toute évidence assez flagrant. Et il n’y aurait pas de policier cette fois pour la défendre. Elle se releva enfin, au moment ou le blond semblait reprendre le dessus. Un nouveau coup de fut auquel elle se contenta uniquement de sursauter, cette fois, reprenant doucement le dessus de ses propres émotions. Ou était-ce simplement qu’elle avait trop hurlé pour émettre de nouveau ce genre de bruit strident. Ils partirent. Sans demander leur reste. La blonde n’existant plus pour eux depuis quelques minutes déjà de toute façon, sans doute. Mais elle avait blêmit plus qu’elle ne l’était déjà au naturel, entre temps. Et si elle n’était pas blessée à première vue, elle ne pouvait s’empêcher de trembler comme une feuille, et ce, malgré l’air beaucoup plus doux de l’homme. Pratiquement de la même taille qu’elle, d’ailleurs, elle qui ne s’était jamais considéré comme très grande, faisant continuellement face à des hommes plus grands que sa personne… Elle secoua positivement la tête… puis négativement… puis de nouveau positivement. Incompréhension.

—Ça va, lâcha-t-elle finalement en frottant ses paumes blessées, dont elle ne s’était pas encore rendu compte de l’état, sans doute dû à sa seconde chute un peu brutale, ayant par réflexe posé ses mains devant elle. Puis, elle se braqua. Psychologiquement. Mentalement. Toujours tremblante, mais toujours méfiante. Ou était-elle seulement un peu trop secouée pour penser avec logique?

—On vous a envoyé pourquoi? Me surveiller? Hé bien qu’ils aillent voir ailleurs si j’y suis, tiens!

Décidément, elle demeurait encore très perturbée, ou se sentait-elle simplement attaquée de toute part, petit animal blessé ne sachant plus où se cacher? Mais elle en avait assez : son épaule l’élançait de plus en plus, ses vêtements étaient mouillés par endroit et humides, elle s’était faite secouer dans tous les sens et elle sentait qu’on allait lui faire des reproches. Si on allait se poser des questions? Sans doute s’en fichait-elle en l’instant présent, ne réfléchissant pas vraiment.

Il observa la jeune femme tremblante devant elle, elle ne semblait pas être blessée et c’était le bon point de l’histoire, néanmoins elle semblait encore un peu perturbée par les événement et répondait de manière incompressible en alternant réponse positive et négative. Elle finit par répondre en affirmant qu’elle allait bien. James douta de sa réponse, il suffisait de voir son corps tremblant pour comprendre, même si le froid y jouait quelque chose, elle était probablement encore secouée par les bousculades des deux brutes qu’il avait fait fuir. Le blond voulut faire un mouvement vers elle, il fallait qu’il bouge de la petite rue pour trouver un abri chaud pour se réchauffer et s’abriter de la pluie qui n’allait pas tarder à déferler de nouveau. Néanmoins il ne fit rien, les paroles de la jeune femme l’en empêchèrent, il la fixa, surpris et perdu, ne sachant pas de quoi elle parlait. De qui parlait-elle ? Qui était-elle vraiment et qui en avait après elle ? Les questions se bousculèrent dans la tête du blond qui décida de calmer le jeu dans un premier temps, il leva les mains en signes d’apaisement et adopta un comportement plutôt doux.

- Ok ok ok,  calmez vous d’accord ? Personne ne m’a envoyé. Je m’appelle James Dawkins, je suis lieutenant de police d’accord ? Je ne cherche pas à vous faire de mal.


Il leva les yeux vers le ciel qui s’était une nouvelle fois assombri, l’orage résonnait de nouveau dans le ciel, mieux valait se trouver un endroit chaud où il pourrait discuter tranquillement et en savoir un peu plus sur cette mystérieuse blonde qui se tenait devant lui. S’il pensa dans un premier temps au poste de police, il se ravisa bien vite, peut-être qu’un endroit sans policiers autour d’eux serait mieux pour qu’il obtienne confidence de sa part.

- On va aller se mettre à l’abri avant que la pluie retombe d’accord ?

Et sans attendre réellement d’accord de sa part, il l’entraîna hors de cette rue et entra dans un café pas trop peuplé, il la fit s’installer à une table un peu reculée pour qu’ils soient tranquilles et alla commander deux cafés au serveur, le priant de les servire à leur table. Il s’assied en face de la blonde et regarda quelques secondes la pluie qui s’était de nouveau mise à tomber, se frottant les mains pour se réchauffer il planta son regard dans celui de son interlocutrice.

- Alors, maintenant qu’on est au chaud et débarrassés de ces abrutis de première, j’aimerais que vous m’expliquiez quelque chose…

Le lieutenant fût interrompu par le serveur qui leur déposa leur café brûlant devant eux, le blond le remercia d’un signe de tête et attendit qu’il s’éloigne pour reprendre la parole.

- Pourquoi avoir crût que j’étais envoyé pour vous surveiller ? Qui aurait-pût éventuellement ordonné ça ?

Il sucra légèrement sa boisson et la mélangea avant de porter la tasse à ses lèvres, appréciant le liquide chaud qui descendait dans sa gorge, le réchauffant doucement. Reposant le récipient sur la table, il reprit la parole avec ce ton toujours aussi doux.

- Vous savez, vous pouvez me faire confiance.

Il posa ses coudes sur la tables et croisa ses mains sur lesquel il posa son menton, attendant que la jeune femme réponde à ses interrogation, espérant même qu'elle y réponde. Il ne savait pas pourquoi mais quelques chose lui disait que ce n'était pas une de ces femmes normales qu'on croisait dans la rue, elle avait quelque chose de différent, ses interrogations sur sa venu étaient une preuve suffisante pour lui.

Elle était loin de l’enfance naïve et fragile. Elle n’était, sous ses ars angéliques apaisants, qu’une boule de nervosité grandissante, qu’un petit être de méfiance et de doute. Elle avait réagit parce qu’elle s’était sentie coincée. Elle avait agit agressivement, ne serait-ce que pour faire sentir qu’elle était moins inoffensive que l’agression l’avait laissé paraitre. Ou du moins tentait-elle de s’en convaincre. Ou n’était-ce que la peur qui la tiraillait.  Mais il ne fit aucun mouvement vers elle, si ce n’était même qu’il se révélait sur la défensive. Elle renifla un coup, songeant qu’elle avait sans doute exagéré plus que de raison dans ses propres réactions et se fouetta mentalement de son propre comportement abusif. C’était un flic et elle avait agit comme la plus suspecte des créatures. Quelle idiote… Vraiment, elle avait de la chance s’il ne se mettait pas à la harceler de questions. Mais elle se radoucit aussi de son côté, prenant un air plus fatigué, ou simplement plus las. Elle suivit tout de même son regard qu’il porta sur le plafond nuageux qui les surplombait. Elle plissa un peu du nez, frotta son épaule moins douloureuse une seconde et revint sur lui comme il s’adressait de nouveau à elle. Yuliya l’observa une seconde, perplexe ou perdue dans son hésitation propre. Elle leva de nouveau les yeux au ciel et ferma les paupières par réflexe lorsqu’une gouttelette froide s’écrasa contre son front en silence. Elle s’apprêta à baragouiner qu’elle ne voulait pas réellement l’accompagner où que se soit et qu’il valait peut-être mieux, tout simplement, qu’elle rentre chez elle. Même si elle n’avait pas de chez soi propre qu’elle pouvait indiquer. Elle opina pourtant de la tête, entrant en contradiction avec ses propres pensées, se serrant dans ses vêtements humides et l’accompagna en gardant obstinément le silence.

Dans le café, il l’installa à une table et s’éloigna, comme ça. Elle songea qu’il serait resté avec elle s’il avait tenu tant que ça à la secouer comme un prunier de questions agaçantes. Pourtant, il lui faisait dos. Pourtant, elle aurait pu se lever immédiatement et partir. Elle aurait pu. Aurait-elle dû? C’est sans doute ce qu’on lui aurait dit de faire. C’est sans doute ce qu’on lui reprocherait de ne pas avoir fait s’il advenait qu’on apprenait qu’elle avait conversé avec un flic. Elle demeura plantée là, posant son regard sur la vitre sur laquelle ruisselait de nouveau la pluie fraiche. Puis elle revint vers lui lorsqu’il s’installa devant elle, tout simplement. Elle gardait obstinément cet air fermé, cet air sérieux, adulte, et passif. Elle n’était ni froissé ni agressive, elle se révélait seulement de marbre, autant qu’elle le pouvait, du moins. Puis le serveur se glissa à leur table entre les quelques mots que le blond prononçait, l’interrompant. Et elle changea de comportement, de façon assez flagrante. Elle sourit. Elle sourit de ce sourire angélique, de ce sourire éclatant qu’elle adressa au serveur qui lui répondit, par automatisme, sans doute, de même. Elle prononça un «Merci beaucoup» doux, étrangement jovial compte tenu de son air un peu trempé, un peu gelé… un peu blasé, surtout. Et lorsqu’il s’éloigna, elle garda cet air rafraichit quelques instants de plus, pour le blond face à elle.

—Merci aussi. Enfin… pour tout à l’heure. Pour le café.

Café qu’elle serra entre ses doigts encore gelés. Son petit air plus doux et enfantin ne dura qu’un temps, toutefois, lorsqu’il se décida à revenir à la charge. Et elle fixa obstinément le liquide brulant de sa tasse, comme si elle espérait y trouver là une solution qu’elle ne voyait pas clairement. Elle hésita. Elle laissa le silence insinué entre les deux et elle priait, quelque part, qu’il ne pousse pas la demoiselle à déblatérer d’un seul bloque. D’ailleurs, pourquoi parler?  Parce qu’il l’avait empêché de finir comme un trop grand nombre de femmes dans ce petit univers cruel, entre les griffes d’hommes bestiaux et sans morale?

—Je ne sais pas. La CIA? Le FBI?... Les flics? Parce que… Parce qu’ils auraient peur que je parle à quelqu’un à qui je ne devrais pas m’adresser sur un sujet un peu trop important pour eux, et que je me mettrais, peut-être, en péril si je le faisais?

Elle avait cherché comment expliquer sa situation, rapidement, sur un ton bas, sans précisé de quoi il s’agissait tout en le faisant, par sous-entendus. Et s’il ne comprenait pas? Sa voix s’était remise à faiblir sur la fin, à trembler en pensant qu’il ne saisirait peut-être pas ce qu’elle racontait. Avait-elle le choix? Elle ne croyait pas l’avoir déjà eu.

—Je ne veux dérangez personne, vous savez, susurra-t-elle enfin comme pour s’excuser de son propre comportement.

Ils s’étaient installés dans le café, après avoir commandé, il avait parlé et observé la jeune blonde. Il avait noté son changement d’expression soudain à l’approche du serveur, comment ne pas noter d’un autre coté ? Comment ne pas noter ce sourire angélique qu’elle venait d’afficher alors qu’il n’avait eut droit qu’à ce expression de marbre, sûrement qu’elle ne voulait rien laisser passer. Probablement même. Et puis le serveur repartit à ses clients et l’interlocutrice de James garda ce même air pour lui, le remerciant également. Mais il n’y avait pas de quoi, c’était simplement son boulot après tout… Bon certes il n’offrait pas un café à toute les personnes qu’il sauvait mais ave l’inconnue qu’il avait en face de lui, c’était différent, il y’avait ce petit quelque chose qui le poussait à en savoir plus, son instinct de policier peut-.être ou sa curiosité. Et cet air disparut sous ses questions, mal à l’aise ? Il le pensait. Et il attendit, patiemment, même si ce n’était pas sa meilleure des qualités, que la demoiselle lui dise qui et pourquoi était-elle traquée.

Il sentit cette amertume revenir à la charge en l’entendant prononcer les mots FBI et CIA. Mais après tout ça ne l’étonnait pas, c’était bien leur genre. Mais il ne pipa un mot, se concentrant sur la voix basse, sur ses sous entendus. Un sujet trop importants… Quels sujets pouvaient vraiment être importants pour le FBI en ce moment ? A part le sujet de « j’emmerde mon monde » le Lieutenant ne voyait vraiment pas… La CIA quand à elle… Les mutants étaient leur sujets du moment. Leur attaque avait fait du bruit parmi les policiers, après tout ils étaient soit disant du même camps, sauf qu’ils ne savaient pas justement que dans ce même camps, des mutants existaient, des mutants qui étaient restés impuissant face à l’attaque des ces agents et face à la mort de leur semblables. Des mutants comme James, il avait dut se maîtriser pour ne pas se trahir, car même s’il était un excellent policier, il se doutait que le fait qu’il soit mutant influencerait énormément les relations qu’il pouvait avoir. D’ailleurs, il se demandait vraiment comment son coéquipier réagirait, il se demandait d’ailleurs si lui même était mutant, il soupira, ce n’était pas le moment de penser à ça.

Il attrapa de nouveau sa tasse quand elle eut finit, s’il interprétait bien les sous entendu de la femme qui d’ailleurs ne s’était pas encore présentée, elle parlait des mutants. Alors c’était ça ? Ces abrutis de la CIA la traquaient. Pourquoi ? Quel était le but ? Ce n’était vraisemblablement pas la première fois qu’elle avait affaire à eux, vu qu’elle croyait qu’il la surveillait. Il eut un sourire amer, lui travailler pour la CIA, plutôt s’exiler dans un endroit désert que de travailler pour ces ordures de la première espèce. Nouvelle gorgée de café pour faire descendre sa colère, il planta son regard un instant dans le sien avant de regarder les personnes présentes dans le café. Rapidement. Discrètement. Reportant de nouveau son regard sur son interlocutrice, il prit la parole sur ce ton bas de la confidence.

- Le sujet trop importants pour ces ordures de la CIA ce sont nous de toute façon… Les mutants…

Un soupir franchit ses lèvres, soupire de colère, soupire de rancune.

- Je ne les aient jamais portés dans mon cœur. Ce sont tous les mêmes, CIA, FBI, qu’importe, ils excellent dans l’art d’emmerder et, en ce qui concerne la CIA de nous tuer gratuitement.

Le lieutenant passa une main sur son visage avant de finir sa tasse de café, il fallait qu’il aide la jeune femme à se sortir de son merdier, à se sortir des griffes de la CIA. Décidément, il était devenu pro dans l'art de sortir les gens des perfides entre Jayden et elle. Mais la sortir de ce problème allait de révéler plus délicat, il ne suffisait pas être un petit groupe de trois personnes pour la sauver. Il en fallait plus. Il fallait un commando, il fallait des hommes, beaucoup d'hommes, des "amis des mutants". Mais avant ça il devait savoir ce que lui faisait subir la CIA.

- Pourquoi la CIA a tellement besoin de vous ? Que faites vous pour eux ?  Et savent-ils votre identité que vous semblez aimer garder secrète vu que je ne connais pas votre nom ?

La dernière phrase avait été dite avec un petit sourire encourageant, histoire de l'inciter à lui révéler son nom comme lui même avait fait dans la ruelle.

Nous. Il avait dit ‘’nous’’ comme s’il avait tout saisit. Comme s’il avait compris l’ampleur de la situation dans laquelle elle se trouvait. Il avait dit nous comme s’il avait saisit absolument tout ce qu’elle racontait, bien malgré elle. Et elle avait frémi. Elle avait frémi sous les suppositions si hâtives qu’il avait fait. Non pas sur le fait qu’il l’avait découvert si facilement, mais plutôt sur le fait qu’il lui avouait si aisément être lui-même mutant. Par réflexe, elle jeta un coup d’œil rapide autour d’elle, une lueur de panique dans le regard, sans doute, lorsqu’elle parcourue le petit café des yeux, comme si elle s’attendait à voir quelque chose ressortir de l’ombre, un homme, peut-être, à une table, qui n’avait attendu que cette révélation bien trop discrète, pourtant, pour que qui que se soit ait pu l’entendre. La blonde ne souriait plus du tout. Elle n’en avait plus l’envie. Elle n’en avait plus le courage. Et lorsqu’elle reporta son attention sur le policier, elle l’interrogea d’un regard. S’il avait compris beaucoup de choses, sans doute ne réalisait-il pas à quel point il venait de commettre une bêtise grave en lui disant être mutant. Elle avait baissée les yeux sur sa tasse de café. Elle s’était mise à jouer nerveusement avec ses doigts, mains toujours posée sur la table. Puis, elle avait regardé dehors, fixant la pluie qui s’abattait toujours sur les rues new-yorkaises. Elle avait reniflée. Et elle s’obstinait désespérément dans ce silence pesant et contradictoire.

—Vous n’auriez jamais dû m’avouer ceci. Jamais, commença-t-elle, d’abord, doucement, sentant vaguement sa propre voix défaillir. Mais elle tenait le coup, n’est-ce pas? Parce que c’était ce qu’il fallait. Parce que c’était ce qu’elle avait toujours fait, malgré son envie tordue de baisser les bras, de baisser la tête, de baisser les yeux et de se laisser crever comme un chien entre leurs mains.

—Je… je dois identifier qui est… mutant et qui ne les pas. Puis, ils me… ramènent en cellule et je… trahis la confiance de ces gens en échange d’une illusion de liberté… je marche dans les rues de New-York et de temps en temps ils me… ils me… ils veulent garder le contrôle, alors ils…

Incompréhension? C’était plutôt son incapacité à avouer la chose, bien malgré son envie évidente d’en parler. Était-ce parce qu’il était policier qu’elle jeter sur lui sa maigre confiance? Sans doute que ceci aidait beaucoup à ses révélations pourtant toutes plus douloureuses, pour elle, les unes des autres. Elle passa sa main droite par-dessus sa propre épaule gauche, se contorsionnant un minimum tout de même pour parvenir à faire glisser ses doigts sous les vêtements, pour parvenir à frôler la cicatrice enflée, douloureuses, gonflée, déformée qui lui ornait le dos à deux endroit. Elle sentit au contacte la pointe de l’os tenter tant bien que mal de percer la peau une énième fois. Puis ses doigts rencontrèrent ce petit éléments d’une douceur infinie qui lui fit monter les larmes aux yeux, non pas de douleur, mais de désespoir, de rage, d’impuissance. Parce que c’était exactement ça : elle était impuissante. Et elle se pliait à toutes leurs volontés. La petite plume blanche duveteuse resta dans sa main qu’elle referma, qu’elle tendit vers le lieutenant et qu’elle ouvrit devant lui… Et elle s’étrangla dans ce sanglot muet au même moment… parce que c’était elle et qu’on la privait de tout ce qu’elle était : sa mutation, ses ailes, et sa liberté par la même occasion. Ce n’était plus un oiseau en cage : c’était un oiseau brisé.

Il avait observé cet air paniqué dans ses prunelles lorsqu'elle avait balayé le café d'un regard. Il savait alors qu'il avait vu juste en ce qui concernait le gros de l'affaire, encore une fois c'était les mutants. Il n'était pas étonné. James eut droit à une paire d'yeux légèrement interrogatif, elle semblait l'interroger du regard avant de baisser finalement les yeux vers sa tasse de café, il observa tout son nom dit, toute ses actions faites dans le silence. Il capta sa nervosité, mais il n'avait pas pour autant demandé ce qui la rendait si nerveuse, James avait décidé de laisser le silence imprégner la conversation, il avait décidé d'attendre. Ce devait être à elle de parler sans qu'il ne la bouscule. Il ne voulait pas le faire, par peur peut-être de la voir se retrancher derrière des protections mentales et abandonner toute idée confessions.

Le lieutenant avait braqué un regard surpris lorsque le silence fut brisé par la voix de la jeune femme, il était surpris et s'interrogeait. Pourquoi donc n'aurait-il pas du avouer qu'il était également mutant ? Ils étaient d'égal à égal après tout, c'était également une mutante non ? Et s'il s'était imaginé des réponses tout seul, James ne s'attendait pas du tout à la révélation que la blonde lui fit. Identifier les mutants et les trahir. C'était ce qu'elle faisait. C'était ce qu'elle était contraint de faire d'après ce qu'il comprenait dans ses paroles quelques peu incompréhensible sur la fin. Mais il avait comprit l'essentiel, la CIA la forçait à découvrir des mutants, et James avait mît les pieds dans le plat sans prendre le temps de réfléchir, chose qu'il aurait dût faire finalement.

Il observa le mouvement de son interlocutrice avec attention, observa le mouvement de son bras dans son dos, se demandant ce qu'elle était entrain de trafiquer. Pas qu'il n'avait pas confiance, au contraire, il était juste curieux. Elle tendit finalement le bras vers elle, main fermée semblant cacher quelque chose. Main qui s'ouvrit devant lui, main cachant une petite plume blanche. Il avait effleurer la plume d'un doigt, avant de lever ses yeux vers ceux rougit de la blonde qui semblait tant bien que mal retenir les larmes salée de rouler de ses yeux. Alors la CIA la privait de son don. Étaient-ils si cruel pour faire subir ça à la jeune femme qui n'avait rien demandé à personne. Ils étaient vraiment sans cœur. Ce qui fit accroître ce dégoût de la part de James. Il ne comprenait pas comment des hommes arrivaient à faire ça et se regarder devant le miroir.

Le blond se rapprocha de son interlocutrice et passa une main autour de ses épaules, exerçant une légère pression pour que sa tête repose contre sa propre épaule, son deuxième bras vint finalement enlacer la jeune femme dans ce geste réconfortant, il n'avait pas l'habitude de faire ça avec des inconnues et agissait avec la blonde comme si c'était une de ses proches. Ce qui était faux. Il venait de la connaître. Mais une fois demeurait certaines, c'est qu'elle allait devenir sa protégée qu'elle le veuille ou non, qu'elle proteste ou non. Il devait le faire. Il devait l'arracher aux griffes de la CIA, parce qu'elle était innocente, parce qu'elle souffrait et qu'elle ne méritait certainement pas ce traitement horrible auquel elle avait droit. Parce qu'elle avait droit à la liberté, elle avait droit de voler de nouveau de ses propres ailes.

- Écoutez moi, ils vont payer d'accord ? Je vais trouver le moyen de vous sortir de là.

Il porta une main dans la longue chevelure blonde de la jeune femme et la caressa doucement toujours dans cette optique de réconfort. Soupirant doucement il murmura :

- Et ne vous inquiétez pas pour ma sécurité. Ils ne se doutent pas que j'en suis un. Ils ne devraient pas me soupçonner, je pense que vous avez déjà omis de leur dire la vérité non?

Ses doigts tremblèrent lorsque la plume si légère glissa contre sa paume pour atterrir dans un silence absolu sur la table avant d'être balayer, subtilement, par un souffle, le sien, le leur, peut-être la porte qui s'ouvrit dans un tintement, non loin d'eux. Elle avait été étonnée, d'abord, de le voir se lever, pensant qu'il la laisserait planter là après le paquet cadeau de mots et de maux qu'elle venait de lui raconter. Elle n'avait pas relevé le regard, s'était contenté de baisser la tête, gênée, ou mal à l'aise de la situation. Mais une chose était certaine: elle ne s'était pas attendu à sentir une main douce l'attraper. Elle ne s'était pas attendue à sentir son odeur à sa droite. Elle ne s'était pas attendue à sentir ce corps contre le sien, d'abord crispé et résistant. Puis, elle avait accepté. Elle avait tourné son visage vers lui, une seconde, dans une ultime hésitation. Elle n'était qu'une petite créature farouche qu'un peu de douceur apaisait, tout simplement, et elle enfonça son visage au creux de l'épaule, au creux de la chemise et laissa couler les larmes, en silence, comme si l'idée qu'on ne la voyait pas lui permettait d'évacuer, un court instant, tout ce qui l'accablait. Elle laissa faire et elle accepta miraculeusement le contact. Non pas que c'était dans ses habitude. On n'approchait pas facilement un corps habitué à la violence. Et pourtant elle était là, à se blottir volontiers contre un corps qui acceptait le fardeau qui l'oppressait. Qui acceptait le risque. Et qui acceptait de la comprendre, surtout, sans colère, sans peur, sans sentiment de danger qu'elle lui avait pourtant imposé, son secret qu'elle avait pourtant menacé d'exposé. Même si elle n'en aurait rien fait.

Elle écouta sa voix, à son oreille, et demeura contre lui, ne serait-ce, parfois, qu'avec un tressaillement des épaules, discret, mais pourtant existant. Pourquoi lui? Pourquoi cette réaction? Peut-être parce qu'elle vivait dans la peur constante et qu'il lui avait tout simplement supprimer ce sentiment, sans le savoir, sans doute. Mais ce fut plus fort qu'elle... Elle s'excusa, d'abord discrètement. Une fois. Deux fois. Mille fois eut-elle l'impression que ça ne suffirait jamais pour la pardonner. La pardonner de quoi? Elle ne savait pas trop exactement. La pardonner pour tous les autres qu'elle avait déjà dénoncé. La pardonner pour tout ce qu'elle n'avait pas fait et qu'elle pourrait faire, éventuellement. La pardonner d'être, peut-être. Être.

—Je voudrais devenir invisible et ne plus faire de mal. Je voudrais... disparaitre, parfois.

Ce n'était pas des choses qu'elle racontait. Yuliya était toujours tout sourire, autant que possible, en tout temps. Normalement, du moins. Elle s'efforcer de vivre comme elle le pouvait, mais le poids lui semblait parfois trop lourd. Même si elle voulait se montrer forte. Plus fort qu'eux. Plus forte que tout. Plus forte que le monde entier, même, peut-être. Elle fléchissait, parfois, du dos, devant l'inévitable. Mais il lui offrait des mots rassurant, des bras protecteurs et une pensée positive qu'elle n'avait même pas espérée. Et ça lui faisait un bien incroyable, malgré les apparences douloureuses.

—Mais ne vous faites pas de mal pour moi...

Et ces quelques mots étaient posés doucement, plus sûre d'elle-même, parce qu'elle avait cette drôle de tendance à s'inquiéter plus pour le sort des autres que du sien.

Il n'avait pas donné d'explication concernant ce geste, peut-être parce que la jeune blonde lui paraissait soudainement plus fragile que dans la ruelle où elle se débattait avec les deux gorilles, parce qu'elle semblait abandonner cette façade forte pour se laisser aller. Et il sentit la jeune femme enfouir son visage dans le creux de son épaule, et il ne dit rien, il la laissa pleurer en silence, respectant le fait qu'elle ait besoin de se libérer, restant son rempart contre le monde extérieur, la cachant finalement du regard des autres. Et il entendit un murmure, qu'il ne comprit pas tout de suite avant qu'elle répète, elle s'excusait et James haussa un sourcil, ne comprenant pas pourquoi elle tenait à s’excuser, elle n'avait pas à le faire après tout mais peut-être que finalement ce pardon ne lui était pas directement destiné après tout. Enfin, peut importe, il porta de nouveau son regard azur sur elle lorsqu’elle parla. Devenir invisible… C’est vrai que cette mutation lui serait d’une grande aide, elle pourrait échapper à ces agents de la CIA que James ne comprenait pas, qu’ils ne comprendrait jamais probablement, il ne concevait pas le fait de s’en prendre à une jeune femme qui devait tout juste avoir dépassé les vingt ans. Ils n’avaient aucuns honneurs, James se demandait s’ils pouvaient encore se regarder dans la glace après ce qu’ils faisaient, après avoir fait souffrir des innocents. Les gens comme ça ne pouvait plus affirmer qu’ils étaient des êtres humains… Si ?

Une nouvelle fois sa voix l’extirpa de ses pensées et il sourit face à ce qu’elle venait de dire, qu’il ne se fasse pas de mal pour elle, il avait déjà entendu ce genre de phrase quelque part, chez une autre personne, pas formulé de la même manière mais ça revenait au même, et sa petite protégée semblait plus s’inquiéter de la sécurité du policier que de sa propre sécurité. Mais il ne fallait pas, bien au contraire, James savait se défendre et puis quelle preuve l’agence aurait contre lui ? Qui irait le soupçonner alors que même son coéquipier ignorait tout ? Là par contre c’est James qui s’inquiétait plus de la sécurité de son coéquipier, il ne disait rien, de peur que la CIA s’en prenne à lui pour lui cuisiner, non pas qu’il n’avait pas confiance en Michael mais le blond préféré taire sa mutation, après tout des oreilles pouvaient quand même traîner dans le poste car on est finalement jamais mieux trahit par les siens.

- Vous savez vous n’êtes pas la première à me dire ça, mais je suis du genre têtue et je ne vous écouterez pas. Je resterais prudent, ce ne sera pas la première fois que j’aurais affaire à eux .


Vieille histoire de vengeance, c’était juste ça. Et s’il pouvait se venger en libérant la mutante de leur griffes de vautour il allait le faire. Le policier leva la tête pour fixer les autres client, se sentant soudainement épié, peut-être qu’il se trompait mais il ne voulait rien risquer, ils avaient parler assez bas pour que personne ne les entende mais peut-être qu’ils ferraient mieux de mettre les voiles. James fouilla dans sa poche et sortit de la monnaie histoire de payer leur consommation, il murmura ensuite à son oreille

- Venez, je commence à étouffer ici…


Le blond se leva et attendit la mutante avant de sortir du café, il se tourna une dernière fois pour fixer rapidement la clientèle avant de soupirer et de rester à hauteur de la mutante, il resta silencieux un instant avant de tourner légèrement la tête vers elle et de demander :

- Vous logez où ? Je vous raccompagne si vous voulez, histoire de vous éviter d’autre mauvaises rencontres.

James voulait éviter qu’elle se retrouve de nouveaux aux mains avec des voyous, on ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer, et il n’osait même pas imaginer ce que les deux hommes auraient fait s’il n’était pas intervenu toute à l’heure, s’il n’était pas passé devant cette ruelle.

Elle n'avait pas bougé. Elle était restée là, contre lui, choisissait de se cacher dans les plis de sa chemise comme si à elle seule elle avait suffit à effacer, ne serait-ce qu'un temps, l'angoisse. Elle était restée là, contre lui, et il ne semblait pas s'en opposé. Et peut-être que c'était justement ce qui la rassurait, cette assurance que le policier avait face a une guerre qu'on ne pouvait gagner seul. Du moins, une guerre qu'elle-même ne croyait pas pouvoir gagner, parce qu'on avait toujours eu le dessus sur elle, comme un jouet stupide qu'il suffisait de casser pour en obtenir ce qui plaisait. Et c'était à peu près ça: ils faisaient bien ce qu'ils voulaient d'elle. Quelques menaces suffisaient. Mais plus maintenant. Il y avait cette petite idée de la rébellion qui grandissait dans son esprit. Peut-être pour une raison complètement stupide qui ne durerait pas éternellement, mais la douceur qu'on lui portait dernièrement lui donnait cette envie de combattre une vie qu'on lui opposait et d'en choisir une autre.

Lorsqu'il bougea doucement, elle l'observa, ayant reprit un air plus naturel, mais certainement toujours un peu lourdement imprégné de sentiments confus. Il avait tourné la tête, il avait posé le regard autour de lui. Elle en avait profité pour jeté un regard dehors en constatant que l'averse s'était complètement achevée. Elle se frotta un instant le visage, pour chasser les dernières traces de la conversation, ne tenant pas forcément à attirer l'attention plus qu'elle ne l'avait déjà fait. Et c'était encore une erreur de sa part, peut-être, de se dire qu'un type croisé dans la rue pouvait faire quelque chose pour elle. Mais quelque part, ça lui faisait du bien de penser que c'était possible et non pas rêveur.

Elle se leva finalement à son tour, croisant les bras après s'être serrée dans ses vêtements encore humides. Elle s'était permise un bref regard dans le café, cherchant un indice d'un regard posé sur elle qui lui aurait semblé familier. Puis elle se détourna vers le blond, lui sourit vaguement, et sortie. Les deux pieds dans une flaque d'eau, elle observa la rue encore imprégnée de l'odeur de la pluie. Lorsqu'il lui offrit de la raccompagné, elle fut d'abord tentée de s'opposer à l'idée et de décliner son offre. Mais elle observa la longue rue interminable qu'elle franchirait et le ciel toujours un peu menaçant, au-dessus de sa tête. Puis, elle tourna une nouvelle fois son regard vers le blond.

«En ce moment, je ne suis pas très loin d'ici. Je loue une petite chambre avec les moyens du bord.»

Elle ne demeurait jamais très longtemps au même endroit et s'il tenait à revenir vers elle, il serait probablement déçu de la voir volatilisé de là. Elle pris donc la route la première, ne serait-ce que pour donner le pas, ne cherchant pas non plus à tarder davantage sur les lieux. Son épaule lui élançant toujours de la petite bagarre précédente, elle ne pensait vraiment qu'à s'allonger dans le noir. Lorsqu'elle s'arrêta finalement devant la porte du logement miteux, après une quinzaine de minutes de marche, peut-être, elle se retourna vers lui.

«Je encore navrée pour tout ce que j'ai occasionné, mais merci, c'est tout ce que je peux faire ou dire.»

Elle avait sourit doucement, encore, malgré la fatigue soudainement retombant, comme si elle venait de mettre derrière elle tout ce qu'il venait de se passer. Mais elle se devait de quitter là la route de l'homme et lui d'en faire de même, sans doute.

James l’avait écouté en hochant la tête, suivant tranquillement la blonde qui ouvrait le chemin menant à son lieu d’habitation, il avait suivit la blonde tranquillement, en silence, notant mentalement la route si jamais il voulait la retrouver un jour, ne se doutant pas qu’elle changerait de logement entre ce jour ci et les prochains. Et il l’avait suivit et faisant attention aux passants, en prenant garde que personne ne les suivaient, ce n’était pas de la paranoïa, simplement une prudence qu’il ne devait pas négliger, pour sa propre sécurité et pour celle de la blonde, probablement. Et ils arrivèrent devant le logement de cette dernière après une marche qui dura une bonne quinzaine de minutes, elle se tourna vers lui, tout simplement, s’excusant une nouvelle fois pour ce qu’elle avait fait, et le new-yorkais avait soupirer, ce n’était rien, elle n’avait pas à s’excuser, si vraiment il n’aurait rien voulu savoir, il l’aurait simplement aidé avant de partir comme il était arrivé, mais c’est vrai que sa panique lorsqu’elle l’avait vu l’avait fortement intrigué.

- Vous n’avez pas à vous excuser pour ça, si je l’ai fais c’est bien parce que je le voulais vous savez, personne ne m’y a forcer et puis après tout c’est un peu mon métier de protéger les gens …

Il eut un petit sourire avant de fouiller dans ses poches, il devait bien y avoir une carte avec son numéro qui traînait quelque part, ce genre de carte qu’ils donnaient aux témoins pour qu’il l’appelle s’ils se rappelaient de quelque chose lors d’une enquête. Mais là, c’était différent, il allait lui donner pour qu’elle l’appelle si jamais ses jours étaient en danger, si jamais elle avait besoin de parler, finalement si jamais elle avait besoin de lui dans l’avenir. Il tendit donc la carte à la jeune mutante, affichant un sourire en coin .

- Tenez, il y’a mon numéro dessus, si jamais vous avez besoin de quoique ce soit vous n’hésitez pas d’accord ? Vous m’appelez, qu’importe l’heure, je répondrais. Si vous sentez que votre vie est en danger, ou si vous avez simplement besoin de vous confiez… N’hésitez pas.


James ne voulait pas paraître lourd d’insister mais il voulait vraiment lui faire comprendre qu’elle avait un nouvel allié de son côté, parce que James n’allait certainement pas la laisser tomber comme ça, pas après tout ce qu’il venait d’apprendre, pas après avoir sût ce qu’elle endurait, pas après toute ces révélations.

- Faites attention à vous P’tit Ange.

P’tit Ange. S’il était sérieux avec le surnom ? Oui, dans tous les cas c’était venu tout seul et il trouvait ça assez adorable comme surnom, il espérait juste qu’elle ne le prenne pas trop mal qu’un homme presque inconnu la surnomme comme ça. Enfin quoiqu’il en soit, il avait attendu que la blonde ait disparut chez elle pour prendre la route en sens inverse, se disant qu’il était finalement temps de rentrer chez lui avant que le ciel encore menaçant ne laisse la pluie se déverser sur la grand ville new-yorkaises.