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 For all the times that I cried, keeping all the things inside...

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For all the times that I cried, keeping all the things inside... Vide
MessageSujet: For all the times that I cried, keeping all the things inside...   For all the times that I cried, keeping all the things inside... Icon_minitimeMar 11 Fév - 0:44


La regarder partir, un sourire amusé sur ses lèvres. Retourner faire un cycle. Se surprendre à plonger son nez dans l'oreiller, capter encore quelques touches de sa chaleur. Alexiane ne se reconnaissait pas dans ces gestes. Elle avait entendu le moteur de la moto d'Ellie rugir, en riant.

Puis à mesure que la journée avançait, le doute l'étreignait. Ce qui s'était passé pendant cette nuit avait brisé le rituel. Les apparences étaient rompues. Un point de rencontre. Et non deux êtres qui interagissaient en fuyant le regard de l'autre. Allait-elle lui revenir? Qu'allait-il se passer ? Et sa main, sous son t-shirt. Ce souvenir l'effleura alors qu'elle parcourait les couloirs de la fac, son sac en cuir sous le bras. Elle en rougit honteusement, comme une adolescente. Les barrières s'étaient effondrées si rapidement. De manière si évidente. Elle qui intellectualisait tout se retrouvait devant le cas d'une reconnaissance quasi animale. Une acceptation entre deux forces que l'Histoire avec sa grande hache avait séparées. Et pourtant. Les frontières ne sont que conventions.

Sa tête bourdonnait. Les voix des étudiants. Son esprit était occupé. Elle perdit sa phrase et dut demander l'assistance de sa meilleure étudiante, celle qui buvait ses paroles au premier rang. Au diable les apparences, au moins pourrait-elle continuer son cours.

Et si elle revenait, le soir, et qu'elle lui disait que cela avait été déplacé. Qu'elle éprouvait des regrets ? Ou qu'au contraire, cela lui avait plu. Mais comment? Tout n'était passé que par le langage de leur corps. Aucune promesse. Aucune explication. Juste quelques mots, soufflés. Et cette certitude qui faisait naître en elle l'angoisse et l'impatience : quoi qu'il arrive, quoi qu'Ellie décide, il se passerait quelque chose ce soir-là. Et elle ne savait pas trop si elle aurait le courage d'affronter un nouveau bloc.

Elle était dans le brouillard et les heures s'étiraient, fourbes. Chaque minute semblait peser des siècles. Son regard vairon tomba sur l'une des dernières rangées de son amphithéâtre, où deux étudiantes échangeaient des messes basses, ricanant en fixant leur regard sur le premier rang. Alexiane n'était pas du genre à s'irriter. Mais parfois, sa patience se montrait très limitée.

- Alice. Tu m'écoutes?
- Oui, bien sûr.
- Eh bien c'est parfait. Tu vas donc venir à ma place et nous expliquer la relation entre Kierkegaard et la philosophie sartrienne.
- Mais, mad...
- Et j'espère que ce que tu as à nous dire sera pertinent.

Allez. Cette humiliation publique, qui avait jeté un froid dans la salle, un froid frémissant d'interrogation - après tout, Alexiane Kojève n'avait pas pour réputation d'être une enseignante sèche et carrée -, l'occuperait bien jusqu'à la fin de son cours. Comme prévu, la jeune femme n'avait rien écouté, et Alexiane se donna pour devoir de clarifier un peu violemment la situation. Et pourtant, elle qui était une passionnée de l'Engagement Sartrien ne ressentait rien d'autre que l'impatience de quitter les lieux, se jeter dans le trafic et rentrer. Attendre Ellie. Espérer. Craindre.

Son coup de semonce à peine achevé, elle se hâta de rassembler ses affaires et oublia la vingtaine de minutes qu'elle dédiait à ses étudiants. Il y en aurait d'autre. Alors que ce qui se préparait pour cette soirée avait un caractère unique. Contingent. Et l'énergie frémissait autour d'elle.

Elle rentra à l'Institut. Se jeta corps et âmes dans sa routine, espérant qu'elle tuerait le temps. 22h. Peut-être 23h. Tenir. Fuir les fantômes qui commençaient à la harceler. Enfermer les questions. Juste attendre. Se raccrocher à l'idée qu'elle pourrait de nouveau l'approcher. La soulager. Et peut-être lui montrer quelque chose d'assez unique.

A cet instant précis, Alexiane se méprisait. Elle était comme une adolescente face à un mystère. Un mystère séduisant, terriblement obscur, un véritable challenge pour parvenir à créer des liens. Mais elle était persuadée que si elles y parvenaient, leur lien transcenderait tout ce qu'elle avait pu vivre jusqu'à présent.

Ses espoirs s'anéantirent lorsqu'elle se rendit dans la cuisine, pour y chercher un café. Le planning d'Ellie était affiché sur le frigo. Et cette nuit, elle était de garde. Elle ne reviendrait pas, se martela-t-elle. Personne ne serait là pour te ramasser. Pour t'écouter jouer de la guitare, en chantant de ta voix banale si ce n'est médiocre. Personne ne prendrait soin de toi. Et personne ne te permettra de rêver.

Alexiane aurait dû remonter quand même. S'allonger sur son lit. Attendre que les ombres viennent. Se projeter, au risque de faire péter la chose de trop. Et s'assommer. Mais elle s'assit. Une tasse de café brûlant entre ses mains. Elle but quelques gorgées, le regard dans le vague. L'excitation ne l'autoriserait pas à dormir. Il fallait qu'elle redescende. Elle alluma une cigarette. Se perdit dans les méandres de ses pensées. La termina. Un claquement de briquet, une autre cigarette. Une tasse de café. Espoir, Angoisse, Déception. Le nom de ses Parques personnelles. Elle fixa son regard vairon sur le fond de sa tasse, tapotant le comptoir de ses doigts.


Dernière édition par Alexiane Kojeve le Dim 9 Mar - 20:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For all the times that I cried, keeping all the things inside...   For all the times that I cried, keeping all the things inside... Icon_minitimeMar 11 Fév - 12:41


Elle brûle l'asphalte pour conjurer l'absence, le froid qui rampe de nouveau sous sa peau, qui part à l'assaut de ses nerfs. Juste retenir encore une seconde le Soleil. De lumière. Elle supplie. Et ses pensées qui coagulent au fond de son crâne. Un cancer noirâtre. Une nasse innommable qui la fige dans les limbes.

Elle voudrait revoir la mer.
Montauk en hiver. La pureté du jour. La fin du tunnel.

Eprouver les seuils qu'elle franchit. Puisqu'on lui demande de sauter dans le vide et que les remparts ne sont pas fait pour le mouvement. Tenir la ligne, encore une fois. Résister. Elle sent ses murs intérieurs se fissurer. La Ruine, La Déroute et la Catastrophe. Ellie n'est pas fait de l'étoffe de ceux qui cèdent. Tenir bon jusqu'à ce qu'une armée ne vienne la raser.

Maleakh. Les anges ne se reconnaissent pas à leurs ailes lui disait sa mère. Tant de rêves brisés à ses pieds. Une main tendue par-dessus les barbelés de l'Histoire. Un message de paix. Aussi simple qu'un contact. Qu'une paume brûlante sur sa peau. La sensation animale et nécessaire de tenir une autre personne contre soi. Protéger. Etre protégée. Et ne jamais regarder en arrière. Si elle rend les armes, il lui faudra des réponses. Exorciser la douleur et chasser ses Érinyes personnelles : Culpabilité, Désespoir et Douleur. Avec un peu de volonté, leur contrat prendra fin rapidement.

Prendre un autre pas de plus sur un monde illusoire.
Arriver à la caserne sous le regard goguenard de ses collègues. Le regard éclairé pour une fois.
Elle entend le chef lui parler tranquillement mais son attention est fixée ailleurs.
Apprendre à respirer par soi-même. Par petite bouffée. Arracher les voiles. Revoir le ciel.

Les heures passent lentement. Des corps qui s'accrochent à elle, qu'elle touche mais qui ne lui apporte aucune réponse, aucun soulagement, aucune chaleur. Ellie espère arriver à temps. Ne plus la retrouver dans cette gangue parasite de douleur. Le sang. C'est à chaque fois une étape de plus vers la mort. Elle se promet d'être son guide. Lui monter comment faire demi-tour.

Elles trouveront bien une place quelque part.

Lorsqu'elle franchit les grilles de l'Institut, il est déjà quatre heures. Mécaniquement, elle pousse le lourd battant en bois, franchit le hall. La pluie sur le parquet en chêne massif. La cuisine est éclairé et c'est un phare dans la tempête. Ses cheveux dégouttent sur ses épaules , s'accrochent à son menton.

Silencieusement, elle vient s'asseoir. Face à face dans la fumée de cigarette. Le casque. La veste sur une chaise. Ses manches remontées jusqu'aux coudes. Les paumes ouvertes sur la table. Légèrement tremblantes. Son regard s'accroche sur les boucles de blés qui cascadent, souligne les cernes, capte ses prunelles sous l'arc incliné des sourcils.

Les doigts sur la table arrêtent leur course. Ellie tend les siens. Glacés et humides sur la peau fiévreuse. L'équilibre enfin.
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MessageSujet: Re: For all the times that I cried, keeping all the things inside...   For all the times that I cried, keeping all the things inside... Icon_minitimeMar 11 Fév - 21:00


Le café était froid. Elle ne bougeait pas, portant à ses lèvres ses cigarettes, prenant des bouffées machinalement. Combien en avait-elle fumé? Un premier paquet de Marlboro froissé devant elle. Elle avait sorti un autre paquet. Un filtre. Une feuille. Rouler. Tasser le tabac sur le comptoir. Faire claquer son briquet. Ecouter le papier se consumer. Inspirer. Recracher la fumée bleutée. Se laisser hypnotiser. Oublier les heures qui passent, la solitude qui l'étreint, mord son cœur. Se confronter enfin devant des problèmes sans solution.

Une mèche blonde qui glisse sur son visage. La lumière se tamise. Toujours immobile. Sa respiration imperceptible. La morsure de l'acier sur ses poignets. Le sang qui avait fini par coaguler, quand elle avait décidé d'arrêter de se rebeller contre ses liens. Ce bureau qui l'avait vue grandir. Les trous dans son bras. Un liquide jaune pour qu'elle soit plus docile. Un liquide incolore pour qu'elle oublie la douleur. Un frisson.

Les ordres, hurlés en allemand. Les coups quand elle n'en pouvait plus. Réveiller le corps avec la douleur. Repartir. Une nouvelle Idée. La Souffrance, la Faim, la Peur. Elle en oubliait les mots. Pour se concentrer sur les sensations. Se concentrer sur ses mains. Mordues. Une cicatrice sur les poignets. Profonde. Qui s'était effacée au cours des années. La tête baissée. Les mains d'Ellie qui accrochent son regard. Elle lève la tête. Son cœur a raté un battement. Elle était là. C'était tout ce qui lui fallait. Pas besoin de paroles.

Le rideau de fumée entre elles. Alexiane cherche son regard. Ellie. Ses mains, ses avant-bras. La marque. L'eau qui dégouline sur son visage. Sa paume se glisse doucement dans les siennes. Dispense les seuls soins qu'elle peut. Sa chaleur. Sa douceur. Ce à quoi elle s'était raccrochée, après l'horreur. Chercher la paix. Une sensation désagréable étreignit son cœur. Elle s'était trompée. Après l'Horreur, elle s'était promis de chercher la paix ailleurs que dans la turpitude humaine. Et si la vérité résidait dans ces yeux clairs, dans ces blessures, dans la fragilité de sa chaleur ?

Alexiane serra la paume de la jeune femme dans la sienne. Se leva. Elle s'accroupit face à Ellie, sans un mot. Elle essuya doucement son visage, levant les yeux vers elle. Elle prit à nouveau les mains d'Ellie dans les siennes. Les réchauffa un instant. Alexiane retira ses mains et les plaça au-dessus de celles d'Ellie. Elle étendit ses phalanges, les lèvres serrées en une fine ligne. Sonder les courants. Les sentir se lover autour de ses doigts, et de sa paume. Remonter le long de ses avant-bras et mourir sur ses biceps.


Elle convoque l'énergie, la cumule dans ses bras. Elle remonte, chatouille les épaules et la nuque. En avoir assez. Ellie était lasse. Elle lui transmettrait un peu de sa force et de sa chaleur. Effacer la cuisine. Leur ménager un endroit paisible, calme. Réconfortant. Peut-être pour parler. Ou simplement se reposer. L'énergie revient, circule timidement dans les membres d'Ellie. Ses mains se referment sur les siennes. Elle les porta à ses lèvres, lui demanda l'autorisation du regard, et les embrassa doucement.

Doucement, Alexiane se glisse contre elle. Sa joue contre son ventre. Les yeux fermés. Caressant du pouce la peau de sa main. Rassurée. La pression retombait. Elle respirait à nouveau.
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MessageSujet: Re: For all the times that I cried, keeping all the things inside...   For all the times that I cried, keeping all the things inside... Icon_minitimeDim 9 Mar - 19:57


Alexiane pourrait rester ainsi des heures, la joue contre le ventre d’Ellie, ses mains dans les siennes, écoutant son coeur battre. Ses yeux fermés, elle se laisse bercer par sa respiration. L’eau qui dégouline des cheveux humides d’Ellie s’écrase sur sa peau. Elle n’en a cure.

Les paupières closes, la grande rousse laisse la quiétude la gagner. Relâcher la pression dans ses muscles. C’est l’eau qui glisse de ses tempes, qui embrassent ses lèvres avant de finir leur course sur la peau d’Alexiane. Peut-être que le sel s’y mêle parfois. Faire reculer les démons. Noyer les ombres sous les flots et puisque Dieu est pluie les purifier de la souillure. Des flaques tièdes sur le sol impeccable de la cuisine, sur les carreaux à cinq cent balles pièces.

Apprendre à reprendre son souffle.

Ellie se voûte, se courbe vers Alexiane, son menton sur le haut de sa tête. Une main se libère pour l’étreindre. Echanger puisque les mots leur sont interdits, que la langue ment. Ecouter enfin ce que la peau dit à la peau. Les réponses sont aussi simple que le baiser qui est déposé sur le front de la jeune femme. Trouver une place pour elles deux. Les mêmes regrets. Les mêmes parcours. La même Histoire. Ne plus compter les ailleurs puisque c’est ici que tout prend fin et tout débute.

- Je suis là.

Elle murmure encore. La voix tremblante.

Alexiane releva la tête. Son pouce vient essuyer une goutte près de sa joue. Caresse doucement la peau. Chasser la fatigue. La lassitude. La résignation. Comme revenir d’une croisade désespérée. Ne plus y croire. Trouver au beau milieu du désert un sanctuaire. Et tant que je serais à tes côtés, tu n’auras pas à t’inquiéter. Elle lui sourit. Doucement. Et au fond de ses prunelles vairons, la promesse de la sécurité et de l’apaisement. Elle joint à nouveau ses mains aux siennes, et pose son front contre le sien.

- Je vais te montrer quelque chose. Si tu veux venir avec moi.

Ellie hoche la tête de manière imperceptible. Ne plus craindre le mal. La bête dort. Alors, elle attend. Epuisée. Ses yeux clairs plongés dans les siens. Elle sait confusément que la distance à parcourir importe peu. Juste la confiance qui brille dans l’enfer blanc de son existence. Une source de réconfort. Mirage ou non, qu’importe.

- Que dois-je faire ?
- Confiance. Et essayer d’ignorer ma douleur, s’il y en a.


Elle embrasse sa main, une dernière fois, plongeant son regard dans le sien. Rassemblant son énergie. Tirer parti de la puissance frémissante qui la pressait de tous les côtés. Elle posa ses mains sur ses tempes. Les yeux fermés. L’énergie la transperça. Violemment. Elle entrouvrit les lèvres. Se raidit légèrement.

Blanc. Le bruit qui vrillait ses tympans, aïgu, cessa immédiatement. Elle tenait Ellie par l’épaule. Il n’y avait pas plus anxiogène qu’une boîte blanche. Sans repère, sans hauteur, sans profondeur. Où aller, où se cacher, où fuir ? Nul part. C’était pourtant la représentation de l’Esprit. Alors, elle devait être là, gardien tranquille pour la guider. La rassurer. Si elle ne paniquait pas, il serait beaucoup plus facile de tenir les visions.

Elle étendit sa main gauche, paume vers le haut. Une sphère apparut. Elle la fit léviter, le regard attentif.

- Ceci est la projection neutre de nos deux esprits. Ce n’est ni le mien, ni le tien. C’est une zone neutre, vide. On peut y évoluer. Y rester. Partir. La partager l’une et l’autre. Il faut simplement que je ne sois pas loin. Et que tu me convoques. Si je suis trop loin, la structure ne tiendra pas. Et ce n’est pas en sang que tu me retrouveras.

Elle lui sourit.

- Cette projection n’est pas destinée à rester vide. Elle le peut. Mais elle peut aussi se modeler à notre convenance. Il suffit d’évoquer un souvenir. De le désirer. De le rappeler. Il ne sera peut-être pas exactement comme dans la réalité. C’est un souvenir, une idée abîmée. Mais quelle importance.

La sphère devint translucide. La seconde d’après, un cheval noir présentait son poitrail ruisselant d’écume pour une foulée d’un galop puissant. Elle scintilla. Cette fois, les grilles monstrueuses de l’Institut. Un clin d’oeil. Les draps qu’elles avaient quitté le matin même.

- Je suis habituée aux constructions. C’est ce que je fais. Mais ce sera plus difficile pour toi. Alors amène de petites choses, au début. Tu pourras en ramener des plus grosses quand tu te seras familiarisée avec ce système. Enfin… Si tu veux bien qu’on ait ce lieu.

Un son aigu. Puis un espace immaculé qui lui brûle le rétine. L’adrénaline qui se rue dans ses veines. Déroutée. La main d’Alexiane sur son épaule l’empêche de paniquer. Ses pieds nus foule une surface tiede, étrange, sans aspérité. Le t-shirt de la veille. Un pantalon noir. Ses yeux balaient la silhouette de la jeune femme. Un tailleur bien coupé. Noir. Une chemise blanche. Elle l’écoute. Attentivement.

Un lieu à elles. Un sanctuaire. Un lieu où se reposer.
Son égoïsme la rattrape. La culpabilité vient faire un baroud d’honneur. Pour l’exemple.

- Est-ce que cela peut te blesser ?

Alexiane sourit. Elle s’approcha d’Ellie, posant sa main sur sa joue. Son pouce caressant sa peau. Son regard a quelque chose de tendre. Elle murmure :

- Je te l’ai dit. Ne te préoccupe pas de cela.
- Je suis médecin. Je m’en préoccupe forcément.


Ellie s’appuie légèrement contre elle. Recherchant le contact. La sécurité. Tout ira bien. Pourtant une pensée parasite la trouble. Elle ne veut pas la mettre en danger. Etre responsable de plus de douleur...Mais peut-être que...sa présence pourrait-elle prévenir les dégâts. Lui éviter de pousser trop loin ?

-Il y a des choses qu’il vaudrait mieux laisser à la cave.

La jeune femme a soufflé ses paroles pour elle-même. Pour le moment, la bête dort. Repue. Pour combien de temps ? Et si elle sortait ici ? Se matérialisait ? Ce n’est pas du sang qui coulerait.

Alexiane reprit sa main. Ne pas rompre le contact physique. Pas à cause de la boîte. Mais pour conserver son attention. Et lui transmettre sa présence rassurante.

- Je vais t’expliquer quelque chose avec mon pouvoir. Je souffre si ma cible oppose une résistance. Qu’elle soit faible ou forte, cela déterminera mon degré de douleur. Mais là, nous sommes entre esprits consentants. Et quand j’attaque, je pousse la cible à projeter ses propres représentations. Je ne parviens pas à m’imiscer dans son esprit pour prendre ses propres souvenirs avec précision. La plupart du temps, ça fonctionne, mais il n’y a aucune garantie. Mais ici, c’est à toi d’amener tes souvenirs, et de choisir ce que tu veux voir apparaître. Si quelque chose doit rester sous verrou, elle le restera. Tant que tu le souhaites.

Elle pressa sa main, doucement.

- Il s’agit simplement de créer un cadre. Associer au sentiment de sécurité des images apaisantes.

Les paupières closes, Ellie se concentre sur ses extrémités. Reconvoquer le sable à ses pieds. Blancs. Fins. Tiède. Juste pour s’y étendre un instant. La fatigue parasite ses pensées. Bientôt vingt-quatre heures qu’elle est levée. Combien de nuit sans sommeil. Elle aurait pu convoquer le parfum d’Alexiane mais cela aurait pu être mal interprêté. Se focalise sur la structure minuscule. La luminosité d’un ciel d’hiver. L’odeur salée des embruns. Le cri des enfants au loin. Le phare à contre-jour.

Elle ouvre les yeux. La main d’Alexiane dans la sienne. Sous ses pieds, le sable de Montauk. Un souvenir, un spectre de plage.

- J’ai un arrangement avec la douleur. Si elle vient. Ne me mens pas. Je le saurais de suite.

Elle lui sourit. Sereinement.

Alexiane regarde le sable, laisse l’Idée du souffle iodé envahir son esprit. Elle sourit. Respire profondément, les yeux clos. Elle se serre contre Ellie, place son bras autour de ses épaules, ses doigts entrelacés dans les siens.

- Ici, je ne peux pas te mentir, murmure-t-elle, son regard dans le sien.

Elle enfouit son visage dans son cou. Un instant.

- Très beau choix, souffle-t-elle dans son épaule.

Elle ferme les yeux. Le soleil réchauffe sa nuque. Un rire enfantin. Au loin. Ne pas trop laisser s’approcher d’autres entités. Des souvenirs. Pas le cheval. Ou sa propre projection d’elle enfant. Sur cette plage allemande. Etait-ce elle ou un autre de ses congénères? Peu lui importait. C’était un son qu’elle appréciait. Avec une certaine touche de nostalgie. Une nostalgie attendrie. Elle redressa la tête. Posa son regard sur Ellie. Paisible.

La jeune femme frisonne. Resserre un peu son étreinte. Ne pas la laisser partir. Elle rougit un peu de son audace. Profiter du calme. Ne pas convoquer la mer. La silhouette diaphane qui se dépouille de ses oripeaux avant de sombrer dans les flots. Trouver la paix. La fin de toute chose. Dix ans maintenant. Le froid. La brûlure. La douleur. Ellie ne veut pas y penser de peur de convoquer ses fantômes sur la scène de leur monde.

-C’est un des seuils de ma vie. L’un des seuls positifs. Je pourrais t y emmener un jour.

Ses joues pâles rosissent encore un peu. Le pouce d’Alexiane effleure la rougeur délicate. Elle retire sa veste de tailleur, la plie consciencieusement et la pose sur le sable. Elle s’installe sur la plage, s’appuie sur sa veste. Elle invite Ellie à s’approcher. La jeune femme s’assoit à ses côtés. A même le sable. Son épaule effleurant celle de la jeune femme. Ses pieds dessinants des motifs inchoérents dans la surface meuble. Intimidée.

- Merci

C’est juste un souffle qui se disperse dans le vent. Elle voudrait la remercier. Lui faire comprendre l’importance de son geste. L’équilibre qu’elle retrouve enfin. Lui expliquer l’évidence. Elle en est incapable. Le projeter peut-être, maladroitement.

Hors de leur sanctuaire, le corps d’Alexiane se rapproche de celui d’Ellie. L’énergie est vacillante. Alexiane fronce les sourcils, et regarde Ellie. Elle l’attire contre elle, l’inquiétude l’étreignant.

- En ce lieu, nous ne sommes pas dispensées de nos besoins vitaux. Je te sens lointaine.

Elle serre sa main contre la sienne. Plus fort. Son regard sérieux.

- Cela fait combien de temps que tu n’as pas dormi?

La française émet un rire rauque. Comme un jappement. Elle plonge ses prunelles brûlantes dans les siennes qui la scrutent, concernées.

- Avant cette nuit ?

Elle sourit et passe une main épuisée dans sa chevelure.

-Des années.

- Comment peux-tu tenir?

Ses yeux se perdent dans l’horizon.

-Beaucoup de douleur. De la chimie. Mon don m’aide pas mal. C’est le prix à payer pour ne pas voir les verrous se briser. et je t’assure que personne ne souhaite voir ce qui se cache derrière.

Alexiane hocha la tête. Elle ne voulait pas en savoir plus. Le rôle du juge qui tire les vers du nez n’était pas pour elle.

- On doit partir. Tu dois te reposer.

La jeune femme hoche la tête. Dans ce lieu, elle n’a pas voix au chapitre. Sa tête s’appuie contre l’épaule d’Alexiane. Chasser les spectres. Encore. Ne pas y résister pour ne pas la blesser.

- Je te fais confiance. Montre-moi le chemin.

La main d’Alexiane vient caresser quelques mèches de cheveux flammes. Une fois de retour, elle ignorait si elle pourrait se permettre à nouveau cette proximité. Son index retrace les traits de son visage. La pommette. La joue. La commissure des lèvres. Alexiane détourne le regard.

- Je serai là au réveil…

Ellie ferme les yeux, profitant du contact. La chaleur se précipitant sous sa peau, sur son visage. Ses lèvres tremblent lorsque l’index les effleure presque. Gouter la tendresse. En vouloir plus mais craindre de briser le moment. Ses mains se glissent doucement sur son visage. Elle retrace mentalement une pommette, la cicatrice. Dépose un baiser léger sur ce petit accroc dans la perfection de sa peau. Ses lèvres effleurent sa joue. Son nez. Les lèvres enfin. Un souffle de distance. Ne pas franchir le pas L’appréhension. La peur d’être rejetée.
-Je l’espère…

Alexiane commençait à laisser la vision s’estomper. Doucement. Faire revenir les différentes connexions avec le monde réel. Les sensations. Reprendre possession de son corps n’est pas chose aisée quand on a visité le monde des Idées. Ses doigts glissent dans sa nuque, caresse ses cheveux. Ses yeux sur ses lèvres. Si proches. Ne pas avoir peur. Ne pas perdre l’instant. Et se prendre une gifle si elle se trompait. Elle ne pouvait pas se tromper.

Leurs lèvres s’unirent. Délicatement. Doucement. Alexiane prenait le temps. Goûter à ses lèvres. Se joindre un instant à elle, écouter les échos de son coeur. Du sien. A l’unisson. Fermer les yeux. Intensifier le baiser. Venir chercher son bras. Sa peau. Lutter un peu contre les signaux du réel. Encore un instant. Juste une seconde. Sa main sur son cou. Sa nuque. Sa joue. L’énergie qui plante ses crocs dans son dos. Vouloir prononcer des mots. Abandonner. Il n’y avait plus besoin de mots. Et que dire qui ne l’embarrasserait pas ?

Elle ouvrit les yeux. Ses lèvres effleurant la commissure de la bouche d’Ellie. Quelque chose avait été franchi. Et elle avait le vertige. Elle resta ainsi dans son étreinte, à l’écoute du monde qui revenait, reprenait possession de ses ouailles. Alexiane attendit le réveil d’Ellie, le coeur battant.

Le goût du café sur ses lèvres. Un fantôme de tabac. Ellie tente de rattraper la sensation. De la conserver. C’est par l’absence qu’elle retrouve le monde réel. Et c’est une adolescente rougissante sous ses tâches de rousseurs qui réintègre son corps. La pesanteur fatiguée de ses muscles, ses nerfs éreintés. Ses paupières papillonèrent lentement. Un sourire. Le contact. Les lèvres qui effleurent les siennes. Presque. Elle se complait dans se contact et scelle le franchissement de ce nouveau seuil par un baiser timide et rapide. N’ osant pas l’affronter. pas encore. Tranquillement, elle chasse les fantômes de douleur qui s’accroche au dos de sa compagne. Que dire ? Son coeur bat la chamade. Ses jambes tremblent un peu. Sa voix reste coincée dans sa gorge. Par le regard, elle transmet la chaleur et la tendresse, le respect et la confiance.

-Alex.

sa voix est un murmure.

-Allons nous coucher.


Sa main attrape la sienne. La serre avant de la porter à ses lèvres.

Alex. Son diminutif. Personne ne l’avait jamais utilisé. Pas même ses parents. Peut-être sa mère, dans sa tendre enfance. Elle sourit. Se releva. Volant un dernier baiser chaste aux lèvres d’Ellie. Elle saisit sa main. Il était 4h30. Même si les visions semblent s’éterniser, une heure ne prenait que quelques minutes réelles. Alexiane était rompue de fatigue. A cette heure, aucun élève ne traînait dans les couloirs. Et c’est la main dans la sienne qu’elle gravit les escaliers. Qu’elle parcourt le couloir du deuxième étage. Qu’elle l’amène dans sa chambre. Pas de questions, ni d’approbation. C’était une dernière évidence. Elle déposa la lourde veste sur son siège de bureau. Se changea sous le regard d’Ellie - après tout, ce n’était pas comme si cela faisait trois semaines qu’elle la déshabillait sans qu’elle n’en soit tout à fait consciente. L’aida à se changer. Elle la sentait se dérober sous son étreinte. Doucement elle la guida dans son lit. La coucha, une tendresse inconnue gonflant son coeur. Elle la rejoignit sous les couvertures. Se blottissant contre elle. Son nez dans l’épaule. Respirer son odeur. S’en enivrer. Et se laisser aller au sommeil, dans ses bras. Pas de migraines. Pas de douleur sourde. Pas de sang qui s’écoulait de son nez. L’Idée du bonheur l’effleura. Elle s’en surprit. Comment parvenir à une telle évidence si peu de temps après avoir brisé la glace?

Combien de temps depuis la chute. Retrouver le chemin de l humanité. Se permettre d abandonner la solitude. Un instant. La déposer sans se retourner. Et se taire. Ne pas troubler l instant.

Laisser son corps blessé aux vagues, enfoui sous les draps. Son odeur. Rassurante. Son corps contre le sien. Vivant. Toucher la peau encore une seconde. Encore une fois. Éprouver la réalité, les yeux clos. Oublier les cris. Faire taire les injures. Retrouver cet espace mental. Calme et neutre. S apaiser.

Sa main remonte timidement de son bras vers son épaule. Se laisser glisser dans le sommeil. Demain, le soleil brillera. Enfin se reposer.

La vie sera simple.

Alexiane sourit. Avec précaution, comme elle l’aurait fait avec un oiseau blessé, elle l’installe contre elle. Pas une affaire aisée, la grande rousse la dominant de près d’une quinzaine de centimètres. Ses bras l’entourent, offrent leur protection. Ce n’était pas son physique modeste qui importait. Mais la puissance de sa présence, son aura zébré d’une énergie pure, qui diffusait son calme et sa confiance. Elle pressait sa joue contre sa peau, respirait son odeur. Sentant le sommeil commencer à l’engourdir, elle soupira dans son cou, tendrement.

- Tu dois aussi partir en courant demain matin, ou on aura un peu de temps?

Un peu de temps pour la découvrir. Elle. Sa présence. Son corps. Placer les fondations. Les sécuriser. Un peu de temps passé près d’elle. A se comprendre aussi. S’apprivoiser. Saisir les raisons. Ou ne pas intellectualiser. De l’instinct. Un déroulement naturel. Intrigant plus qu’effrayant. Soupirant à nouveau de bien être, elle promena ses lèvres sur son cou, tendrement.


Ellie ouvre un œil paresseux. Demain. D ordinaire, elle déteste ces journées de repos forcé. Se tenir occupée. Se fatiguer un peu plus. Faire affluer les endorphines dans ses veines. Ne pas penser. S'abrutir de travail. Et surtout ne pas penser à l’avenir. Cette succession de jours ternes et médiocres. Réglés. Sans danger.

Elle frotte son nez contre la carotide d’Alexiane dans un geste quasiment animal. Rechercher son odeur rassurante, le poul fort et régulier. Elle marmone, la voix rauque de sommeil.

-je suis de repos. Pas de course. Promis.

Et pour une fois depuis 32 ans, Elle entrevoit une journée paisible. Protégée par les murs de la chambre, la chaleur de ses bras. La paix enfin.

Alexiane. Ses lèvres qui explorent son cou. La jeune femme peine à reprendre le pas. Des sensations inconnues. Agréables mais terriblement étrangères. C’est un astre qui s’épanouit sous sa peau, rayonnant dans ses veines. Son coeur rate un battement. Refouler la peur et le sang qui afflue à ses joues, empourprant l’opale. Ne plus être habituée à la proximité. Ne pas avoir vécu autre chose que la solitude. Apprendre lentement la chaînes changeantes des actions et des réactions, les gammes et les nuances.

Du temps. Pour créer des liens.

D’une main hésitante, elle caresse une mèche blonde avant de souligner la ligne de la nuque du bout des doigts. Redessiner l’oreille. Les traits du visage. Apprendre. Silencieuse. Ses lèvres les remplacent. Une légerté de plume. L’arc d’un sourcil, une pommette. Se faire aventureuse et se perdre sur l’angle de la mâchoire, le creux du cou. Attentive aux souffles. Expérimenter prudemment.

Alexiane ne bougeait pas. Les yeux fermés. Respirant profondément. Retenir ses mains. La laisser prendre possession de son corps. Le reconnaître. Au bout d’un moment, elle saisit doucement sa main. Embrasse la paume. Souffle sur la peau, tendrement. Les murs ne résonnaient plus. Ne subsistait que la quiétude. L’apaisement. Sa main glisse de son épaule à sa hanche. Son corps si proche du sien. Si douloureusement proche du sien. Elle l’embrasse, priant pour que sa passion ne soit prise pour de l’impatience.

Ses muscles se tendent. Dans l’expectative de quoi ? Elle ne le sait pas. Ses lèvres encore. Légèrement gercées mais incroyablement douces. Sa peau rayonne encore une fois. La main d’Alexiane sur sa hanche laisse une empreinte brûlante. La barrière du t-shirt. Ses doigts viennent se perdre dans les boucles dorées. Approfondissant peut-être un peu maladroitement le baiser. Le corps légèrement tremblant tandis que son autre main explore délicatement le dos puis le creux des reins.

Alexiane retient un frisson. Ferme les yeux. Se cambrant légèrement contre la jeune femme. Son hésitation était éloquente. Doucement, elle repousse Ellie sur le dos, ses mains glissant sous son t-shirt. Elle le rejette un peu, découvrant la peau pâle. Elle se penche, respirant son odeur et sa chaleur. Ses lèvres se promènent sur sa peau, alors qu’elle serre ses mains dans les siennes. Elle sent son coeur battre douloureusement dans sa poitrine. Elle se bride. Refoule les démons de la consommation immédiate sans âme. Se fait attentive. Veillant à ce qu’Ellie ne se sente pas mal à l’aise. Progressant doucement. Eveillant chaque parcelle de sa peau avec un respect et une tendresse infinie. Réduisant au silence son désir impétueux.

Les yeux d’Ellie se ferment. Ne se concentre que sur les sensations. Sur ses lèvres qui glissent contre son ventre. Son souffle se fait plus lourd. Les rares pensées qui demeurent la mettent en alerte. La perte de contrôle. Se laisser aller. Un soupir lui échappe. Se tend légèrement quand Alexiane rencontre un point particulièrement sensible. Ses joues rosissent légèrement. Son corps réclame celui de sa compagne. La peau contre la peau. Serre sa main dans la sienne. Se rassurer. Prendre une étape à la fois alors que son regard où demeurent des traces d’anxiété cherche celui d’Alexiane.

La jeune femme embrassa une dernière fois son ventre et releva le visage, croisant son regard. Elle resta fascinée par ses prunelles claires, et cette fragilité. Doucement, elle l’attira contre elle, embrassant doucement son front. Protectrice.

- Tu me fais confiance?

Ellie incline la tête, la bouche soudain sèche. S’appuyant contre sa compagne, elle souffle, la gorge serrée face à cet aveu de la plus haute importance :

- Oui

Alexiane caressa doucement une mèche de ses cheveux, tranquille. Elle lui sourit, simplement. Ni moquerie, ni même amusement. Elle embrasse ses mains, les laisse explorer son visage.

- Ne t’inquiète pas. On prendra notre temps.

Ellie a envie de lui dire qu’elle ne s’inquiète pas pour ça. Ne pas être à la hauteur. Décevoir. Se sentir blessée. Il lui faut de la volonté pour faire reculer toutes ces pensées nuisibles. Profiter du moment. Réinitier les choses. Elle capture les lèvres de la jeune femme entre les siennes. Les épanouissant lentement du bout de la langue. Goûtant. Explorant. Plus audacieuse peut-être. Ses deux mains prenant en coupe son visage, caressant ses joues du bout des doigts.

Alexiane se redressa légèrement, l’attirant contre elle, l’embrassant longuement. Guidant ses mains sur son corps. Lui faire sentir qu’elle était là. Entière. Qu’elle était à elle. Corps et âme. Elle retira son t-shirt. Se dévoilant à elle. Comme si c’était la première fois.
Sa respiration se coupe une seconde tandis que ses prunelles claires explorent les étendues d’opale nue. Elle l’a déjà vue. Inconsciente. Sans défense. Un corps fragile. Les rapports ne sont plus les mêmes. Ses mains tremblantes se posent sur ses épaules, caressent la cicatrice sur la clavicule, tendrement.

L’embrasse encore une fois.

Elles trouvent la courbe de la poitrine. Les paumes brûlantes l’explorant lentement avant de descendre sur son ventre, ses hanches. Avec douceur, elle sème une myriades de baisers le long de sa machoire puis de son cou. Délicatement, elle goûte la peau exposée du bout des dents.

Alexiane laisse un soupir de bien-être s’échapper. Son corps trahit son désir. Elle se laisse frissonner, son corps s’éveillant sous ses caresses. Ses mains glissent sur ses cuisses et rapprochent leurs bassins, pendant qu’elle enfouit son visage dans son cou, mordillant doucement la peau. Lascivement, elle vient chercher son contact, tâche de lui apprendre. Elle avait envie d’elle. Et peu lui importait les maladresses. Ses mains tremblaient. Mais de tout ce qu’elle avait pu vivre auparavant, jamais la proximité avec un corps ne l’avait ainsi troublée. Cela allait au-delà du corps. Du terrestre qu’elle avait abhorré pendant des années. Une évidence, un désir. Caresser du bout des doigts un monde qui lui était inconnu. L’embrasser en embrassant son corps. Elle laisse Ellie gouverner. Prendre les initiatives qu’elle désirait. La guidait tendrement quand il le fallait.

Etait-ce donc cela. Ce sentiment ?

C’est un serpent de chaleur qui irradie et prend vie au creux de son ventre. Une part de son esprit décrit la série de synthèse chimique qui aboutissent à cette sensation. L’autre part la fait taire rapidement. Elle tend sa nuque afin de donner plus d’accès à sa compagne, retenant à grande peine un léger gémissement lorsque son bassin rencontre celui de amante. Prend le rythme. Le sentiment de plénitude et de vide. De total assouvissement et de besoin brûlant. Elle goute le sel de sa peau, les larmes des anges. Toucher le ciel.

Ses mains explorent son dos, le creux des reins. S’aventurent tranquillement plus bas, passant sous les vêtements. Les joues empourprées, les yeux brillants d’un désir qu’elle ne saisissait elle-même pas, Ellie se redresse un peu, et enlève son t-shirt. Voulant plus sans savoir comment le demander. Eteindre l’incendie qui ravageait sa peau. Ou le faire flamber.

Alexiane suspend un instant ses gestes. Admirant le corps qui se découvrait sous son regard vairon. Sa main parcourt sa peau, trâce des lignes enflammées sur ses épaules. Ses bras. Un sillon entre ses seins, qu’elle retrace de ses baisers. Ses mains sur ses hanches, elle titille du bout des lèvres sa poitrine, ses pointes. Le frisson qui traverse son échine. La chaleur qui innonde son ventre. Elle mord l’intérieur de sa joue. Croise le regard de sa compagne. Au fond de ses prunelles impaires, une lueur de désir, où se mêlent la passion et des sentiments naissants quoique sincères. Animale, elle creuse, de sa langue, un sillon entre son plexus et son nombril, goûtant la peau, frissonnant sous le sel. La dernière barrière de tissu la frustre. Alors, Alexiane se met à nu. S’offre totalement à elle. Fragile. Confiante. Sincère.

Et maintenant ? Ses mains sur ses hanches, elle hésite. N ose pas. Ses doigts tremblants souligne délicatement l os de la hanche. Font un pas de plus vers l aine tandis que ses lèvres avides capturent tendrement les bourgeons délicats. S émerveiller sous la métamorphose de la peau fragile. Retrouver ses lèvres encore une fois. Pressant son corps contre le sien alors que des ondes de chaleurs s épanouissent dans son ventre. Ses yeux clairs obscurcis par le desir. Découvrir la courbe d une cuisse, le golfe d un genou. Analyser le grain de la peau. S arreter. Demander d un regard un guide. Légèrement anxieuse.

Alexiane saisit délicatement sa main. Embrasse doucement ses doigts. Son pouce. Son index. Son majeur. Elle la guide tendrement sur elle, étouffant ses gemissements dans son épaule. En elle. Les yeux fermés.

Elle balaie le corps de son amante de ses prunelles ardentes. Se souvenir de son expression, de son abandon. Ses doigts explorent avec lenteur la soie de ses murs intérieurs, apprenant les points sensibles, les cajolant attentive aux signes, aux contractions, aux soupirs. Elle voudrait qu’Alexiane ouvre les yeux. Juste un instant. Pour qu’elle lise dans ses yeux la dévotion et la tendresse qui l’étreint. Depose un baiser sur une paupière, puis l’autre. Descend dans le cou pour s'impregner de son odeur, de sa douceur. Progressivement changer l’angle, se retenir d’aller trop vite afin d’éviter la maladresse.

-Ouvre les yeux

Sa voix est un filet rauque. Elle veut pouvoir plonger son regard dans le sien. Lui faire part des sentiments profonds qui l’étreignent et qu’elle ne comprend pas. En voir un reflet par l’àutre. La fusion enfin.

Alexiane ouvre les yeux, son regard unique brûlant d'une lueur claire. Son champ de vision s'était élargi. Fait inhabituel pour une femme habituée à composer avec un seul oeil. Elle reste foudroyée par ce qu'elle saisit dans les yeux de son amante. Un écho à cette passion insensée qui brûle dans ses veines. Qui lui confirme qu'il y a autre chose. Une entente à un autre niveau. Rendre les armes. S'affranchir de la contingence et accepter l'évidence.

La jeune femme la laisse explorer son corps, aveuglément. Peu lui importait les quelques maladresses. Elle l'accompagnait doucement de son bassin, sans la quitter des yeux. Désir. Plaisir. Reconnaissance. Tendresse. Elle la guidait quand son hésitation l'exigeait. L'encourageait. De ses mots. Ses soupirs. Ses gémissement. Elle mord doucement l'épaule, y laisse une trace légère. Le Plaisir est là. Tout proche. Elle se fait un peu plus impétueuse, un peu plus exigeante.

Sentir confusément l onde qui parcourt le corps de son amante. La subtile tension qui croit dans son ventre. Le regard clair. La légère morsure qui se répercute dans tout son corps. Son pouce effleure le bourgeon délicat. L epanouir dans un rythme volontairement lent. Ses lèvres s accrochent à son cou alors qu elle accélère le rythme. Errafle la clavicule. Goûter sa peau encore une fois. Et replonger son regard de braise dans celui d Alexiane. Accompagner les mouvement du bassin de la jeune femme, lascive, en laissant échapper un soupir contre sa peau brûlante.

Les sensations qui l’assaillent. Brutes. Pures. Entières. Perdre le contrôle. Même ses maladresses embrasent ses reins. Elle se cabre, se tend. En attente de la dernière déferlante qui l’achèverait. Une frustration. Terrible. Un rythme qui se brise. Ou un peu trop rapide. Elle gémit. Mord. Un peu plus fort. L’encourage encore de ses mots brûlants. Elle se contracte. Serre les dents. Et la liberté enfin, qui traverse son corps, l’aveugle un instant. Ses lèvres ouvertes sur un cri muet. Elle rejette son visage en arrière, laisse le plaisir affluer, encore un instant. Sa main sur son poignet. La garder en elle. Encore un instant.

Le bras qui soutient Elie tremble. Elle reste immobile, le souffle court à observer Alexiane, son abandon, son apaisement. Peut être un aperçu du ciel. Elle se tait puisqu'il n y a rien qui n aie déjà été dit par les gestes. Un sourire ému et chaleureux. La jeune femme depose un baiser léger et brûlant sur sa joue. Un instant encore. Ne plus déterminer les limites de l autre. Et la chaleur qui bouillone encore dans ses veines, qui irradie et éclaire ses prunelles. La morsure qui la fait délicieusement souffrir. Une marque. Le sentiment d appartenance. Elle se penche et depose un baiser sur ses lèvres.
Une autre sorte de boîte.
A elles deux.

Alexiane s’était donnée corps et âme. La sueur mouille sa nuque. Son front. Animale. Souffle, soupir, gémissements. Elle laissait parler son corps. Sans le brider. Elle était devenue sienne. Sans concession. Mais ce n’était pas unilatéral. Aucune relation ne l’était. Alors elle glissa ses mains sur ses hanches. Se pencha. Mordilla la peau. Y laissa une marque. Près de la cuisse. Elle lèche la peau, remonte légèrement, ses mains glissant sur ses cuisses. Chatouillent l’aine. Progressant. Cherchant du regard une permission. Attentive à son corps qui s’éveille sous ses caresses et son insistance.

Son sang bouillonne alors qu une fine pellicule de sueur recouvre sa peau. Chaque contact embrase un peu plus ses reins. Trop et trop peu. Elle la désire. Son regard troublé se plonge dans ce lui de son amante, sa poitrine se serrant dans une douce appréhension. L aine, elle gémit doucement. Son bassin venant à la rencontre de ses doigts. Impatient. La perte de contrôle l effraie un peu.

La rassurer. Au-delà du désir, de cette envie galopante qui l’étreignait, simplement la rassurer. Laisser glisser dans ses doigts sa propre chaleur. Dans son regard, sa douceur. Son amour, peut-être. Un amour inconditionnel. Donné sans attendre. Avec la simplicité d’un coeur rempli d’une dévotion sincère. Se pencher sur le corps fragile. L’embrasser tendrement. Rapprocher leurs corps. Mêler la chaleur. Lui faire l’amour. Doucement. Ses doigts qui s’aventurent avec tendresse. Anticipant. Veillant à tous les signes. Offrant son épaule, son dos tendu dans le seul effort de briser les dernières barrières. Offrir comme elle s’est donnée. Ne pas quitter son regard. Abandonner les mots pour la fragilité de leurs deux corps unis. L’unique vérité. Sa peau contre la sienne. Un rythme lent, lascif. Son corps brûlant contre sa paume. L’énergie qui frémit autour d’elle quand elle se fait insistante. Se délecter de ces courants inédits. Saisir entre ses lèvres la pointe de ses seins. L’épanouir du bout de la langue. Murmurer son prénom dans son regard. L’aimer. Toute entière.

Alex. Elle ne sait plus si elle murmure ou si ce n est que l'un des stigmates d'une pensée qui s'étiole. Ellie laisse son corps répondre de lui-même. Maîtriser une autre strate de communication. Elle se cambre, les doigts enfoncés dans ses cheveux de ble. Et il n'existe rien de plus beau que ses yeux plongés dans les siens, son visage auréolé de mèche blonde qui s accrochent sur ses joues. Rien de plus vrai que ses caresses, que le feu qui embrase son bassin qui ondule contre sa peau, qui vient à la rencontre de sa main. Les vagues de plaisir l'assaillent et font tomber ses dernières barrières. Ne plus se brider. S'offrir. Étouffant ses gemissements dans le cou de son amante, mordant légèrement la chair exposée alors que son corps se cabre et se contracte. Elle murmure encore une fois son nom alors qu une onde d energie brûlante la traverse enfin, parcourant ses veines, liberatrice. C est un astre qui s épanouit au creux de ses reins, qui rayonne dans ses veines, sous sa peau d un feu pur. Un cri unique. Son corps palpitant se relâche un peu. Ses doigts balayant la marque, tendrement alors qu une larme glisse sur sa joue. Un autre pas vers la vie. Ne plus etre seule.
Jamais plus.

Alexiane se surprit à ressentir un nouvel éclair de plaisir au moment de l’explosion. Etouffant un cri dans le cou de sa compagne. Le souffle coupé. Elle la regarde. Et dans le soleil naissant, la lumière caressant ses traits fins, elle était magnifique. Ses doigts courent sur sa peau, s’amusent avec les tâches de lumière. Elle se penche, embrasse la peau palpitante de son ventre et de son intimité. La goûte. Se serre contre elle, un sourire heureux sur le visage. Elle se glisse sous elle, l’installe sur sa poitrine, son pouce caressant son dos, soulignant la ligne de son omoplate. Elle tend la main, attrape son paquet de cigarettes. La Marlboro entre ses lèvres. Le Zippo. Le rire dans sa voix.

- Tu verras. C’est la meilleure clope de ta vie.

Elle prend une inspiration. Ferme les yeux. Retient un instant la fumée. Se laisser enivrer par la chaleur de sa compagne, et la nicotine qui court dans ses veines, concluant paisiblement quoiqu’un peu trivialement leur parenthèse sensuelle. Qu’espérer ensuite ? La sensation soyeuse de la peau d’Ellie contre la sienne lui offre un début de réponse. Elle souriait, pour elle. Le corps ne mentait pas. Et un nouveau monde qui s’ouvrait devant elle. A ses côtés.

Ellie soupire de bien-être. Et pour une fois dans sa vie, elle se laisse aller, s'impregnant de l'instant, sa joue pressée contre la peau parfaite d'Alexiane. Du bout des doigts elle retrace avec douceur les côtes, puis la clavicule, émerveillée par les rayons timides du soleil qui enflamme sa chevelure de miel. La jeune femme souffle contre son cou. Heureuse. Un moment parfait. Lumineux. Rester ici, blottie dans la chaleur de sa compagne, son odeur, sa force.

Elle vient finalement lui voler un baiser puis sa cigarette. En tire une bouffée. Un shoot de nicotine. Un spectre de fumée se deployant autour d elle. Savoir qu on ne ferait plus un pas seul. Se sentir aimée et aimer en retour. Appartenir à quelqu'un et lui offrir la chose la plus sacrée que l'on possède. Trembler un peu dans l'étreinte en pensant à ce qui se passera à l'extérieur. L'hostilité. La peur. Chasser ces pensées encore une fois. Profiter de l'instant. La verité de sa peau contre la sienne. La sérénité.

-Je ne veux pas que cela s' arrête.

Elle murmure contre son épaule. Tranquille.

Alexiane sourit doucement, dégageant le visage de sa compagne d’une mèche rousse. Son regard est tendre. Infiniment tendre.

- Pourquoi voudrais-tu que cela s’arrête?

Son corps blotti contre le sien. Son nez dans son épaule, l’aile chatouillant la peau. Se perdre dans son odeur. Ecouter leurs coeurs battre à l’unisson. Se laisser bercer. Fermer les yeux. Se sentir bien. Laisser les secondes courir. Le temps s’épuiser. Peu importe. Se sentir protégée. Ses doigts caressent son ventre nu. Lâcher prise. Comme jamais elle ne se l’était autorisé.

Alexiane couvre délicatement le corps de sa compagne avec le drap, la serrant contre elle. L’épuisement guette ses membres et mord son dos. Elle ferme les yeux à nouveau. Saisit une nouvelle bouffée de la cigarette. Faire des ronds, les regarder s’épanouir puis mourir au plafond. Elle sourit. Se concentre. Laisse ses doigts effleurer la tempe d’Ellie. Le bruit des embruns, au loin.

Ses paupières se ferment doucement, bercée par le ressac de vagues fantômes. Se laissant dériver dans le sommeil, elle dépose un dernier baiser sur son épaule en marmonnant une réponse incohérente.

Elle est de nouveau sur la plage. L'air iodé. Le soleil éblouissant se reflétant sur la mer. Les vagues qui se brisent sur les digues. Le sable sous ses pieds. Sentir une présence réconfortante et invisible. Le calme.

Dans son propre coin de plage, Alexiane guette. Une main flattant l'encolure du cheval noir. La puissance sous sa paume. Au loin, on voit Jersey.

La chaleur d'un rayon de soleil qui caresse sa joue. Alexiane relève la tête, le menton posé sur la poitrine nue de son amante. Son souffle léger sur sa peau. Un instant parfait. Elle remue doucement, paresseuse. Embrasse sa peau. Laisse l'énergie circuler paisiblement. Elle regarde sa montre. 16h15. Elle referme les yeux.

- Putain de merde. Fait chier, grogna-t-elle, délicate.

- Bonjour à vous aussi mademoiselle Kojève.


Ellie émet un rire léger alors que le bout de ses doigts caressent tranquillement le dos de son amante. Un baiser son front. Tendre. Ne pas réussir à se départir du sourire idiot qui squattait ehonteusement ses lèvres.

- Bonjour.

Sa peau qui chante. La légère tension dans ses muscles. La proximité de leurs deux corps. Naturelle. Alexiane sourit. Taquine tendrement les flancs de sa compagne. Referme les yeux. Se laisser bercer. Non. Vaincre les vagues de sommeil. Se faire violence.

- Tu m'en veux si je te dis que je dois partir ? J'ai une foutue intervention à la fac à 17h00...

Ellie arque un sourcil perplexe. Douche. Rallier l'université. Traverser les bouchons en pleine heure de pointe. En 45 min. Ses lèvres se permettent une moue sceptique.

-Je pense que vous allez avoir besoin de mes talents dear.

Alexiane lui adressa un sourire un peu gêné.

- Je n'osais pas te demander. Je te suis redevable.

Elle l'embrassa une dernière fois, délicatement, sa main glissant sur sa joue. Respirer son odeur. L'inscrire dans sa mémoire avant de repartir affronter le monde et ses préjugés. Elle se leva ensuite d'un bond, et se jeta dans la douche. Elle haussa la voix pour se faire entendre au-delà du jet d'eau brûlante.

- Tu peux regarder sur mon bureau, je dois avoir une chemise avec mes notes sur Kant ?

Ellie s'était étirée paresseusement avant de partir à la recherche de ses vêtements, dont certains articles avait étrangement disparu. Trouver sa deuxième chaussette. Lacer ses bottes. La douche plus tard. Nouer ses cheveux. Attrapper la dite chemise en ayant préalablement vérifié son contenu. Elle se permit une incursion rapide dans la cuisine afin d y prelever de quoi se sustenter avant de rappliquer dans la salle de bain. Adossée à la chambranle, la jeune femme souriait, amusée.

-Mange ça, je ne voudrais pas que tu tombes de Dolores.

Elle lui tendit une morceau de pain agrémenté de confiture.

Passer son uniforme de prof. Sécher ses cheveux en bougonnant contre l'appareil et son manque d'efficacité. Les nouer rapidement, vérifier son apparence. Correcte. En même temps, elle allait parler de la Critique de la Raison Pure, pas participer à la New York Fashion Week. Sa veste de costume. Remercier Ellie pour la chemise. Et la tartine. La garder entre les dents, regarder sa montre. 16h30.

Avant de passer le seuil, un dernier baiser. Pour le courage. Il lui faut revêtir son masque sévère d'arrogance et d'austérité. Faire un pas dans le monde hostile.

-Ellieeeee !

Pas elle. Ses lèvres forment une ligne mince. Se tendent. Une lèche botte pareille c est plus qu improbable. A croire que certains ne se ramassait pas assez de coup de pied au cul dans leur vie.

-Pas le temps Lisa. Vous voyez bien que Mademoiselle Kojeve est en retard.

Sans un mot, elle la dépasse, s'engouffre dans le hall et attrape un second casque. Passe la porte. La ducati les attend. Paisible fauve au milieu de la pelouse. Ellie se retourne enfin, le regard impénétrable. Se permet un dernier geste d'affection, son pouce venant chasser quelques miettes au coin de sa bouche. Lui ajuste le casque et la fait monter.


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For all the times that I cried, keeping all the things inside... Vide
MessageSujet: Re: For all the times that I cried, keeping all the things inside...   For all the times that I cried, keeping all the things inside... Icon_minitimeDim 9 Mar - 20:15



Mentalement, l'allemande repasse ses bullet points. Le deploiement de sa pensée. Les Idées frémissent. Au bout de ses doigts. Elle sourit à Ellie. Serre briévement sa main dans la sienne. Un regard aimant. Elle se hisse sur la monture d'acier. Pouvoir profiter une dernière fois de la proximité du corps de son amante. Avant de repartir au front. Elle voudrait lui glisser quelques mots à l’oreille. Mais se retient. Elle se contente de se serrer contre elle.

La moto exécute un demi-tour rugissant avant de bondir vers la sortie. Mordre l'asphalte, éviter les voitures figées dans les embouteillages de la fin de journée. Concentrée, elle s'engage sur la bretelle d acces. Ne pas se laisser déstabiliser par le corps chaud pressé contre le sien. Arriver à destination. Les allées vertes du campus. Le bâtiment austère. S arrêter enfin.

Alexiane retire le casque. Elle relève la visière d’Ellie. Se mord la lèvre. Avec cette envie impérieuse de l’embrasser. Elle se contente de déposer un baiser sur sa joue.

- Tu peux venir si tu veux. J’aurais fini dans une heure. C’est un peu chiant et technique, je ne vais pas le cacher.Sinon, la cafète de la fac est plutôt sympa. Et la faune intéressante.

Elle lui sourit, et la tendresse illumine son visage. Pour la première fois de sa carrière, elle n’a pas envie de se rendre à ce colloque. Rester dans ses bras et arrêter le temps. Un désir inconscient. Elle récupère l’épaisse chemise et s’éloigne vers le hall d’entrée de la fac. Se forçant à revêtir son masque sérieux. Elle salue quelques étudiants qui patientent devant l’amphithéâtre. Elle gravit les quelques marches de l’estrade, pose sa chemise sur le bureau. Elle hoche la tête en guise de salutations à l’adresse de ses collègues. Echange quelques banalités, un sourire aux lèvres. Elle balaie de son regard clair le parterre d’étudiants. Claire Monaghan, une de ses plus brillantes étudiantes de quatrième année, lui adresse un signe encourageant. Méthodiquement, Alexiane ajuste le micro. Impose le silence. Par sa simple posture d’expectative. Puis elle pose sa voix, un peu rauque, et commence. Tandis qu’elle évoque l’influence évidente de Kant sur Être et Temps, de son ancien maître, elle cherche du regard un éclat roux dans l’amphithéâtre.

Oui, c’est sans aucun doute très chiant. Pourtant, la passion qui anime la jeune femme, échauffe sa voix, meut son corps et en particulier ses mains, rend son intervention moins pénible et guindée. Ses mots glissent et s’épanouissent dans l’amphithéâtre. Elle capte leur attention. Elle rassemble son énergie. Une autre boîte. Les emmener aux frontières de l’entendement sans qu’ils ne se rendent compte. Faire jaillir les Idées. Le concept du Temps qui les traverse en plein coeur. Tout faire pour ne pas les faire douter. Tenter de créer une atmosphère identique à l’Amphithéâtre. Car ce qu’elle projetait dans leur esprit n’avait rien de concept a priori.

Son dernier silence s’épaissit dans l’amphithéâtre. Elle laisse ses visions s’évanouir, doucement. Elle promène son regard sur l’assemblée, sourit, et rassemble ses feuilles.

- Je vous remercie de votre attention. Je cède la parole à William Thomson, spécialiste hégélien pour la question des fondements de la métaphysique des moeurs, qui nous vient de Berkeley.

Elle récupère sa chemise et évacue de la salle, sous les applaudissements de ses étudiants.

Une main attrappe son bras. Nonchalamment adossée à la porte de l',amphithéâtre, la rousse la toise avec un regard lumineux.

-Des années d'expérience pour se tirer en douce...les cours d'épistémologie était tellement barbant.

Elle sourit. Aimerait lui prendre la main mais s'abstient.

- Mais pour la première fois de ma vie, je crois avoir compris la philosophie. Alors merci pour ça.

Alexiane baisse la tête et sourit. Combattant le rouge qui monte à ses joues. Comme une adolescente.

- Ne me remerciez pas pour si peu. Je suis contente que ça vous ait plu. Kant écrivait comme un enculé. Si j’ai pu vous permettre de comprendre un peu ce qu’il raconte dans ses pavés indigérables, alors j’en suis heureuse. Et si ça vous intéresse, je peux vous donner les dates de mes prochaines interventions.

Les étudiants qui la croisent lui sourient. Elle leur répond poliment. Ne surtout pas faire sentir la tension qui existait entre elles. Ne pas les amener à réfléchir sur la nature de leur relation. Un regard complice, une main pressée, une gêne délicieuse. Prendre des distances détestables. Elles n’avaient pas le choix. Et la colère commença à sourdre dans son coeur.

- Je vous ramène à l'Institut ou devez-vous oeuvrez ailleurs ?

Son masque guindé et froid est de retour. Et plus les rencontres se rapprochent, plus il est présent. Une cigarette. Encore. Juste caresser son esprit du sien. Un acte de presence.

- Non, c’était ma seule obligation pour ce jour. Je vous remercie de votre sollicitude.

Ces mots. Elle les hait. Tant qu’elle grimace légèrement. Se tend.

-Bien rentrons dans ce cas.

Alexiane hoche la tête. Parcourt de ses courtes foulées le méandre des couloirs de l’université. Sans voir les étudiants. Machinale. Il n’y avait que cette présence, ce rouge éclatant. Le reste n’était que grisailles. Elle ressentit un soulagement inédit lorsqu’elles arrivèrent près de la moto d’Ellie. Elle pouvait respirer à nouveau.

-Monte. Je t'emmène quelque part.

Elle saisit donc le casque, boucla la jugulaire, et se hissa sur son monstre mécanique. Intriguée. Le coeur beaucoup plus léger.

Beaucoup plus calmement qu' à l'aller, la jeune femme s'insera dans le trafic. Une heure. La nuit presque. L'odeur du sel. Le ressac. La plage solitaire. Prendre sa main. La réchauffer tendrement.

-Bienvenue à Montauk

Alexiane retire le casque et ferme les yeux, se laissant pénétrer par l’ambiance de la plage. Elle respire à pleins poumons l’air iodé. Laisse un frisson s’échapper et se blottit contre sa compagne. Cela allait vite. Très sans pour autant être trop. Elle promène son regard clair autour d’elle, curieuse de tout, se nourrissant de sa vision unique de son oeil valide. Fabricant des souvenirs.

- C’est très beau.

Elle descend de la moto. N’hésite pas. Prend sa main dans la sienne. Une évidence amoureuse. Personne au loin. Juste elles. Une boîte réelle. Il ne manquait que le galop puissant de son compagnon noir. Se sentir chez elle. A l’abri.

Silencieuse, elle passe son bras autour de ses épaules. La protégeant du froid.

- On peut vivre quelques minutes librement. Un espoir pour le futur.

Ses lèvres effleurent sa joue. Apaisée.

-Quand tu seras en colère, pense à ce lieu. C est le nôtre.

- Ces minutes me sont précieuses. J'aimerais les changer en heures.

Elle sourit. Ajouta en français :

- Je suis un peu cliché.

Elle se resserra contre elle.

- Que penses-tu de nous ? De cette idée de se vouvoyer en public ?

Ellie soupire.

-C'est nécessaire pour le moment. Les hommes sont des monstres. Ils ne comprendraient pas.
- Devons-nous avoir peur?
murmura-t-elle en s’arrêtant, saisissant ses mains dans les siennes, son regard dans le sien.

-Ils devraient avoir peur.

Ellie embrasse son front.

- Ils ne savent pas quels danger nous représentons. Je n ai pas peur. Ils ne sont pas prêts.
- Juste toi et moi, right?


Alexiane s’approche d’elle. Ressentir la chaleur. Être tout près. Sentir son souffle. Son regard. Caresser sa joue du bout des doigts, l’air marin fouettant son visage.Retracer doucement de l’index ses lèvres.
Ellie embrasse tendrement ses doigts. Amoureusement. Sa paume. La serrer contre elle. Se réfugier dans sa chaleur. La tête enfouie dans son cou.

-Oui. Comment va -ton faire à l'Institut ?

Alexiane sourit tendrement. Prend un instant pour répondre. A l'écoute de l'environnement.

- Ce n'est pas l'institut qui m'inquiète le plus. Nous ne sommes visiblement pas les seules. Mais plutôt pour nos métiers respectifs...

Elle la regarde. Amoureuse. Abandonnée. Et au fond de son regard, cette conviction. Elle pourrait fuir. Sans concession. Tout abandonner. Pout être avec elle.

- On aura toujours besoin de médecin. On aura toujours besoin de grands penseurs. Nous trouverons une solution. Si l'on peut se retrouver parfois, c'est déjà un debut.
- Parfois, seulement?

Alexiane feint un accent plaintif et se réfugie dans ses bras, les yeux fermés.

-Je dois en conclure que j emménage dans ta chambre ?

Elle rit doucement en l'etreignant fortement.

- Cette chambre finira par être trop étroite pour nous.

Elle rit aussi et l'embrasse tendrement, goûtant avec délice ses lèvres, les yeux fermés.

-Tu envisages une expansion rapide de nos activités ?

Ses lèvres effleurent son cou. Taquine. Alexiane tend légèrement le cou, laissant un frisson parcourir son échine.

- Tu n'as même pas idee dans quoi tu t'engages, murmure-t-elle à son oreille.

-Des indices professeur ?

Elle vient mordre doucement la peau exposée.

- Je veux un mariage en grande pompe et une maison en banlieue. Et des enfants. Deal?

-Le rêve américain ? Sérieusement ? mais où est le labrador ?


Elle rit, soupirant à la morsure.


- Vous voilà bien entreprenante, mademoiselle Dreyfus.

Le nez se glisse le long de sa gorge. Inspirant, s' impegnant de son odeur. Dépose un baiser léger sur la carotide.

- Depuis que nous nous sommes levées, je ne pense qu'à ça.

Elle murmure la voix rauque.

- Je n'ai pas attendu d'être aux US pour nourrir un tel rêve sinon j'aurais parlé de l'aspect self made woman.

Alexiane pose une main sur son ventre, taquinant du bout des lèvres le lobe de son oreille.

- "Ça" ?

Un soupir. Ses lèvres se joignent à celle de son amante. Ses mains s'aventurant sur ses hanches. Elle hoche juste la tête. Chuchotant

-C'est tellement frustrant de ne pas pouvoir être proche. Et je ne comprends pas. Je n en ai jamais eu besoin avant toi. Et si cela peut te rendre heureuse, je te construirais ta maison de banlieue même si je ne te connais que depuis trois semaines.

Alexiane se mord la lèvre inférieure. Ce corps, si proche. Cette énergie qui palpite, mord ses membres et transperce sa poitrine. Et ces mots. Elle reconnaît cette chaleur qui naît dans son ventre.

- Tu me ferais l'amour sur cette plage ? Comme cela ?

Un nouveau frisson. Elle guide les mains de son amante sur ses hanches, directement sur sa peau avide. Son être la réclame. Ses doigts sont gelés. Février. L'air sent la neige.

-Je te dirais oui s'il ne faisait pas aussi froid.

Elle soupire. Se délecte des sensations qui la parcourrent. Cette chaleur. Les ondes de désir qui font frémir ses nerfs. Ceux d'Alexiane. La serrer contre elle. Axer sa volonté sur les mecanorecepteurs du dos. Un spectre de toucher qui souligne la colonne vertébrale d'un trait chaud.

-Mais on peut tenter autre chose.

Alexiane piaffait. Impatiente. L'idée même de devoir patienter une heure pour le retour était simplement insoutenable.

- Je suis assez curieuse d'entendre ça, murmura-t-elle en tachant de conserver son calme.

-On peut rentrer. Se mettre au chaud.

Elle se concentre un instant sur ses mains. Diffuse des ondes de chaleur. Sa volonté courant le long des nerfs d'Alexiane.

-A côté de cela, j'ai d'autres talent.

La jeune femme souffle contre son cou.

Alexiane sourit, un instant émerveillée par le pouvoir de sa compagne. Elle se repaît une dernière fois de la vision de la plage, puis se réfugie dans sa chaleur, jusqu’à revenir près de la moto. Elle s’installe derrière elle, ses mains glissées où elle peut pour capter la chaleur vacillante face à la tombée de la nuit. Elle s’appuie toujours un peu plus contre elle, la serrant contre sa poitrine.

Retour à l'Institut. L'impatience brûle dans ses veines. Effrayante. Exigeante. Passer les grilles. Garder le contrôle. Saluer de la tête les quelques élèves qui traînent encore dehors. Rentrer calmement dans le garage. Saisir le bras d'Alexiane. Son regard est confus et tendre .

- Je ne sais pas ce qui m'arrive. C'est...Je n'ai jamais été dépendante de quoique ce soit. Je ne comprends pas. C'est grisant et effrayant. Ça n'empêche pas mon envie dévorante de monter dans cette chambre pour te faire l'amour.

Ses joues s empourprent violemment.Alexiane prend ses mains et tâche de l’apaiser. Sans utiliser ses pouvoirs. Juste entre elles.

- Easy, sweetheart. Il n’y a rien à comprendre, c’est du désir. Même si tu pouvais me l’expliquer de manière tout à fait rationnelle, ce ne serait qu’une explication partielle. C’est normal. Et nouveau. Pour moi aussi.

Elle caresse tendrement sa joue, embrasse ses lèvres en un baiser léger. Elle baisse la voix.

- Maintenant, tu vas monter dans cette chambre et me faire l’amour comme on me l’a jamais fait. Parce que j’avais déjà très envie de toi sur cette plage magnifique, et que le trajet retour n’a rien arrangé.

- vos désirs sont des ordres, Madame.

Elle prit son visage entre ses mains avant de capturer ses lèvres dans un baiser asséchant.
Le rompre. S'empêcher de la prendre dans ses bras. Remettre son masque d'impassibilité.
Se glisser au second. Fermer la porte derrières elles. Etreindre ses hanches. Inspirer son odeur. Avant de laisser une traînée de baisers brûlants dans son cou. Le corps d’Alexiane est déjà tendu, frémissant au contact d’Ellie. La jeune femme saisit les mains de son amante, les guide sur ses hanches, son ventre, sa poitrine, laissant un soupir s’échapper. Son coeur cognait dans sa poitrine. L’énergie brûle la paume de ses mains. Anticipant leur étreinte, elle prie silencieusement pour qu’aucun cri ne s’échappe. Sa veste de tailleur glisse de ses épaules. Elle attire Ellie contre elle, l’embrasse avec une passion un peu sauvage, ses mains sur son visage. Dans son regard vairon se disputent l’envie et les promesses. Ses doigts se referment sur sa veste.

Le baiser est ardent. Elle gémit doucement contre ses lèvres. Ses paumes retracent la courbe de sa poitrine. S'attardent sur la pointe de ses seins. Tracer un sillon brûlant de baisers jusqu'au premier bouton de sa chemise.
Le défaire. Explorer l'étendue de peau vierge. S'enivrer. Laisser ses mains se debarasser du tissu genant. Explorer tendrement. Effleurer les cotes, suivre la vallée de son sternum. Se perdre. Mordiller du bout des dents la clavicule. Apaiser la chair de sa langue. La jeune femme s'interrompt un instant, le temps d'un regard. Desir brut et adoration. Sa respiration est superficielle, son corps tremble dans l'attente. Elle s'appuie contre son amante, le plaquant contre la porte de la chambre. Son ventre s'embrase d'une chaleur maintenant familière.

En dépit de tous ses efforts, Alexiane ne parvient pas à masquer son excitation. Les gemissements s'échappent, se glissant sensuellement au creux de l'oreille de son amante. En guise d'encouragement. Elle se débarrasse du haut gênant de sa compagne, luttant contre les tremblements de ses mains fébriles. Ses doigts glissent dans son dos, griffant légèrement la peau, pendant qu'une nouvelle vague de désir la bouleverse, ravageant ses entrailles de flammes impétueuses. Son envie impérieuse est plus sauvage que celle de la nuit passée. Sans doute la frustration. Elle l'embrasse fougueusement, mordillant ses lèvres, le regard suppliant. Ellie rompt doucement le baiser, les levres legerement gonflées.

-Dis moi...

Elle chuchote à son oreille. Ses levres effleurant le lobe lentement. Ses mains descendent jusqu'au creux de ses reins. Caressent doucement la peau exposée. Glissent jusqu'à ses cuisses. Du pouce retrace la courbe avant de la remonter au niveau de sa hanche. Pressant son bassin contre le sien. Le Desir se ruant dans ses veines, un foyer ardent siégeant dans son bas-ventre.

Alexiane se mord la lèvre. Enfouit son visage dans son cou, lèchant la carotide. Elle mord la peau, légèrement, sous une nouvelle vague de désir qui l'enflamme toute entière, animale. Son bassin épouse le sien, en une danse lascive. Le besoin devenait urgent. Elle se retient encore. Un instant. Jouer avec l’expectative. Préparer le terrain. Commencer à offrir son corps. Le faire battre en retraite au dernier moment. Lui faire concrètement saisir son desir. Impérieux. Puissant. Avide. Quand elle sent la dernière limite de son impatience atteinte, elle murmure à son oreille, le souffle entrecoupé, saisissant la main de son amante dans la vu.

- Je veux etre à toi. Toute entière.

Delicieux supplice dont les accents troublent sa voix. Son pantalon comme ultime muraille. Elle sucote le lobe de son oreille et souffle un dernier encouragement un peu audacieux.

Ellie mord doucement la lèvre inférieure de son amante avant de la sucoter tendrement. Ses doigts s'egarent sur le
bouton de son pantalon, defont la fermeture eclair. Le glisser le long de ses jambes. Ses paumes caressent les muscles toniques. Oter les chaussures, les chaussettes. Embrasser ses chevilles. Le genou, l'intérieur de la cuisse. Sa langue retrace les courbes, vient taquiner l'aine. Émerveillée par le goût du sel, de son essence meme. Un regard encore. Une permission.

- Viens...

A bout de souffle. Un dernier murmure. Son dos appuyé contre la surface froide de la porte se couvre d'une légère pellicule de sueur. Elle n'attendait plus qu'un geste de son amante pour s' abandonner, se laisser aller à ces courants tourbillonants qui la harcelaient. Il n'y avait plus qu'elles. Et le battement désordonné de son coeur éperdu. Elle ne la guiderait pas cette fois-ci. Elle s'en remettait entièrement à sa compagne et leur désir incandescent.

Se presser contre son corps. Embrasser ses lèvres fougueusement. Sa main trace un sillon entre ses seins jusqu à son nombril. Retracer l'os de la hanche. Fusionner. Le regard dans le sien. Trouver la gorge. Étouffer un gemissement. Prendre entre ses lèvres la pointes de ses seins, les cajoler. Toucher les points sensibles. S émouvoir des tensions palpables. L'aimer. Lui faire comprendre par les gestes. Toucher le ciel. Goûter sa peau pour le goûter.
Alexiane rejette légèrement le visage en arrière, les yeux clos. Elle avait griffé un peu plus sauvagement le dos d'Ellie au moment où cette dernière avait commencé à prendre possession d'elle. Un leger cri salvateur. Qu'elle n'avait su retenir. Sa voix rauque murmure son prénom. Alexiane reprit la main sur le rythme, ses gemissements de plus en plus sonores, les vagues de plaisir écrasant sa poitrine. Elle la veut plus profondément en elle. Effacer les dernières limites entre elles. Mais plus encore. Elle guida son amante sur le lit. La chevaucha. Son bassin contre le sien. Un rythme lascif ponctué de ses soupirs et de leur souffle. Ses mains sur la poitrine d'Ellie. Son corps dévoilé, offert, tendu dans l'effort de la jouissance réciproque. Sans réfléchir, aux prises avec cette révolution sentimentale, elle l'interpelle une dernière fois dans un râle.

- Ellie...

Un brasier enflamme ses reins et chaque mouvement de son amante l'attise un peu plus. Douloureusement lent. Les dents serrées, elle retient les a coup violent de ses hanches. Avides. Sa main tient fermement sa taille. Ses baisers lui manquent.

-S'il te plait...

Elle plaide pour leur libération. Le feu dans ses entrailles. Se connecter à Alex. Parcourir les réseaux de nerfs, saisir d'assaut le siège de son Desir, de son plaisir. Le faire durer. Être sous sa peau . Ses doigts qui griffent son dos alors que le rythme s'accélérere. Que la passion la consume .

Jamais. Jamais une femme ne lui avait ainsi fait l'amour. Ce qui se jouait en elle n'avait pas son pareil ailleurs. Un rugissement animal montait dans sa poitrine, pendant qu’elle ne retenait pas ses coups de hanches de plus en plus vigoureux. Elle saisit son visage entre ses doigts, l'attira contre elle. Elle étrangle son cri dans le cou de son amante, griffant son dos quand un orgasme retentissant la terrassa, la reserrant fortement autour de ses doigts. L'éclair. Aveuglant.

Elle reste un instant les yeux écarquillés, essayant de reprendre son souffle, ses muscles se detendant progressivement. Elle l'embrasse tendrement, les mains tremblantes. Sa vision n'avait jamais été aussi claire. Pure. Des raisons de croire en son rêve, enfin.

Se penchant a son oreille, elle murmure encore son prénom, tendre. Et si ce qu'elle ressentait au creux d'elle était puissant mais confus, elle savait très bien pourquoi toutes les barrières étaient tombées. Pour cette femme qui était encore en elle, pour ces beaux yeux clairs et pour chacune de ses blessures et des injures qu'elle avait subi, Alexiane était prête à donner sa vie. Elle ajouta donc, dans un souffle, espérant ne pas l'effrayer :

- Je t'aime, Ellie..

De son pouce, elle retrace tendrement la ligne de la colonne vertébrale . Apprendre. Les lèvres d'Alexiane qui effleurent son oreille. Rétablir un rythmecardiaque cohérent, encore lovée en elle. Se plonger dans ses prunelles uniques et laisser la débâcle opérer. Fondre les barrière forgées au fer des rancoeurs, à l'acier des haines. Les larmes coulent le long de ses joues. L'amour. Cettte force unique. Dévastatrice. Irrationnelle. Elle pensait ne jamais la connaître. Trop abîmée. Leur lèvres se joignent et c'est un pacte. Et s'il y a des milliers de kilomètres à parcourir au milieu du désert, elle le fera. Finalement la serrer contre son corps pour lui transmettre un peu de son assurance.

-Je t'aime aussi.

Le rituel de reconnaissance est achevé. Un rire doux monte dans sa gorge. Liberateur. Puis Ellie dépose un simple baiser sur son front. Calme. Sereine, elle l'attire contre elle, l'entourant de sa chaleur.
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