L’obscurité avait déjà commencé à envahir les rues de la belle métropole new-yorkaise. Comme d’habitude dans la ville qui ne dormait jamais, cette obscurité n’était pas la fin des activités, mais simplement le début de nouvelles. Les fêtards sortaient, les âmes se croisaient en ces moments de détentes, de joies et d’oublis. Les cafés et restaurants prenaient leur rythme de croisière, alors que les bars eux se remplissaient. Au comptoir de l’un d’eu, deux êtres avaient profité de l’occasion offerte par la nuit pour continuer ce jeu de retrouvailles qu’ils affectionnaient. Un verre, un sourire, une remarque, il n’en fallait pas plus pour que la partie démarre, pour que chacun tourne autour de l’autre, jouant, piquant, s’amusant, poursuivant dans la provocation de l’autre ou non, sans forcément dépasser les limites instaurés. Inclinant légèrement la tête, un sourire taquin sur les lèvres, Ashlyn plongea son regard dans les orbes azurs du magicien. Les attentions de Sam à son égard n’avaient rien de déplaisantes  bien au contraire et elle aimait parfois à les provoquer. Par sa tenue, par ses expressions, par sa démarche. Elle n’avait joué les assistantes de l’homme que le temps d’un unique numéro, dans un passé qu’elle qualifiait désormais de lointain et en avait savouré chaque minute. D’où le fait qu’ils s’étaient revu, bien loin du monde de la scène, en dehors de toute idée de spectacle. Et c’est là que le jeu avait véritablement commencé.

Et il y avait trop de mots désormais pour définir tout ce qu’ils étaient et sans doute eux-mêmes ne le savaient pas exactement. Flirt, amis, chat, souris, réconfort, soutiens, proie, gibier ? Ils étaient tout ça et plus en même temps, sans pour autant s’en inquiéter, sans même s’en formaliser, sans forcément aller plus en avant. Et ça lui convenait parfaitement comme ça, du moins se le répétait-elle en repensant aux enchainements de sa vie. Parce qu’à trop pensé, elle compliquait tout. Parce qu’elle était la spécialiste de la fuite et du dénie dans le fond. Parce que jouer aux équilibristes sur la corde qu’était leur relation avait un côté charmant. Et même avec le temps aucun des deux ne semblait vouloir véritablement céder.

Avalant la dernière gorgée de son verre, elle eu une moue songeuse, détaillant plus le magicien du regard. Détaillant les boucles blondes, s’absorbant à enregistrer chaque détail qu’elle pouvait de ce visage. Oui ce soir elle était d’humeur joueuse et taquine, avec peut-être même l’envie de franchir la ligne, de repousser une nouvelle limite de cette relation si ambigüe. Peut-être était-ce l’ambiance du bar qui ne la satisfaisait pas complètement, ou une simple folie, un simple coup de tête. Parce que leur truc  à eux c’était le jeu après tout. Alors de cet air mutin dont elle savait si bien jouer, elle se pencha vers lui pour lui souffler son idée.

« Je ne sais pas pour toi Sam, mais je trouve qu’on manque de distraction. On pourrait tout aussi bien allez finir cette soirée chez moi tu sais. »

Son appartement, c’était un peu son sanctuaire et elle n’y faisait pas entrer le premier venu. Mais le magicien n’était plus n’importe qui depuis longtemps maintenant. Il était célèbre, elle était désormais une femme d’affaire, ça et le fait qu’ils soient désormais tous les deux à New York n’allait certainement pas ralentir le rythme de leur relation. Et dans le fond, fricoter et jouer c’était une façon comme une autre de se divertir, un moyen des plus agréables et qui permettait un temps de se libérer des ces pensées, de tous ces poids qui venaient forcément vous frapper à un moment. Il n’y avait aucun mal à chercher du réconfort et tous deux semblaient même admirablement remplir ce rôle.

Le magicien à sa suite, Ashlyn tourna la clé de l’appartement luxueux qu’elle se payait chaque mois, allumant et laissant le passage libre à Sam avant de le rejoindre dans le séjour après avoir refermé la porte. Rien n’avait bougé chez elle, que ce soit le large canapé d’angle, les hauts tabourets de cuisine, les placards ou alors elle n’avait simplement pas remarqué ce qui avait été déplacé. Les lumières extérieures s’offraient en panorama derrière la baie-vitrée, ses talons claquants sur le parquet sombre, elle s’approcha en douceur du blond.

« Je te sert quelque chose ? Histoire qu’on reprenne là où l’on s’est arrêté. »

Le choix ne manquait, de la simple bouteille de vin, à la bouteille de whisky, une petite dégustation à s’offrir toute simple avant de s’installer confortablement sur le canapé pour jouer et flirter comme il l’entendait ou du moins le croyait-elle.

Ce soir il avait décidé de sortir, ils avaient décidés de sortir, se rendre ensemble dans un bar, continuer leur relation ambigüe, leur jeu du chat et de la souris, ce jeu de flirt bien à eux, un jeu qui ne dépassait pas les limites malgré le temps passés ensembles. Le blond ajusta sa chemise une dernière fois avant d'enfiler sa veste et de sortir de son appartement pour rejoindre Ashlyn dans le bar où ils avaient rendez vous. Ils passèrent un début de soirée tranquille, toujours sous cette même optique de jeu, ces même sourires charmeurs, ces mêmes paroles ou attentions adorables. La meme chose que lors de leur première rencontre, lorsqu'il l'a fait monter sur scène pour qu'elle devienne l'espace d'un spectacle sa sexy assistante, sexy assistante à qui il glissa sa carte personnelle, l'invitant à reprendre contact de manière subtile. Leur jeu bien à eux a débuté ce soir là.  Et depuis leurs retrouvailles à New-York, ils avaient continués à se voir, ajoutant un peu plus d'ambigüité et de confidence à leur relation. Ce qui n'était pas sans déplaire au magicien qui adorait cette relation d'équilibriste entre les limites imposées.

Il sourit en entendant la jeune femme parler, oui c'est vrai qu'un peu plus de distraction ne serait pas de refus, et puis ils seraient toujours mieux au calme et en tête à tête dans son appartement qu'ici dans ce bar bruyant. Alors il termina son verre et laissa les billets pour payer leur consommations, c'était la moindre des choses que de payer leur consommation, en parfait petit gentleman qu'il était. Il suivit ensuite la brune jusqu'à son appartement qui était vraisemblablement luxueux. Sam pénétra dans le séjour et observa ce qu'il pouvait voir, observa le canapé d'angle qui avait l'air bien confortable, les grandes chaises de bars que lui même possédait chez lui.

- Et bien, je vois que les affaires te réussissent, c'est vraiment sublime chez toi, et ça va avec la propriétaire des lieux.

Sourire charmeur, paroles charmeuses, encore une fois dans le même chemin de flirt. Dans ce même jeu auquel ils ne voulaient plus se passer, vraisemblablement. Le magicien se retourna en entendant les talons de jeune femme s'approcher de lui, il hocha la tête en plongeant son regard dans le sien, ne de lassant pas d'observer ce visage adorable.

- Je ne dirais pas non a une bonne bouteille de vin.

Il se déplaça vers la baie vitrée qui offrait une magnifique vue sur la ville. New-York la nuit était aussi quelque chose de charmant.

- La vue est magnifique.

Il se déplaça un peu plus dans l'appartement, histoire de découvrir les pièces qui avaient. Et il pénétra dans la salle de bain, elle était à l'image de l'appartement : belle et spacieuse, avec en prime une baignoire magnifique, parfaite pour se relaxer... Il sourit soudainement tout seul dans la pièce avant de se décider à sortir et de revenir dans le salon, les autres pièces étaient de toute manière les toilettes et sa chambre et il refusait de pénétrer dans l'intimité de la jeune femme.

- J'adore ta salle de bain ma belle.

Il avait une nouvelle fois sourit et c'était appuyé contre un placard, observant le mouvement d'Ashlyn avant de finalement se décider à s'assoir sur le canapé avec elle, prenant le verre dans ses mains, il le porta à ses lèvres et apprécia son goût parfumé, c'était un délice.

- Ton vin est excellent, tu me donnera l'adresse de ton vendeur

Il se passa une mains dans ses boucles blondes avant d3 continuer, son sourire ne lâchant pas ses lèvres :

- Alors dis-moi que devient ma sexy assistante?

Déposant ses clés à leur place dans l’entrée, elle rejoignit Sam au milieu du salon, déposant sa veste sur le dossier d’une des chaises. La penderie de la pièce n’était certes pas loin, mais Ashlyn était pressé de reprendre sa petite soirée avec le magicien. Le rangement attendrait. Un large sourire vint étirer ses lèvres, un sourire charmé par le compliment et à la fois mystérieux en pensant à tout le chemin de sa réussite. Oui New-York lui réussissait assez, à elle comme à ses projets et lui permettait donc de se payer plus ou moins ce qu’elle souhaitait. Plus ou moins parce que si aujourd’hui son entreprise lui permettait de justifier d’un tel habitat, ce n’était pas le cas au début. Oui sa survie à son arrivée dans la métropole elle le devait surtout à tout l’argent qu’elle avait amassé en volant les machines à sous des casinos et en dévalisant certaines banques.

« Merci, mais je te rassure tu es tout aussi assorti au décor. »

Il était toujours flatteur et elle adorait ça. Elle adorait cette relation si particulière, qui à ses yeux avait bien plus de piment que d’autres qu’elle avait eu et ce alors qu’il n’avait même encore jamais franchi le point de tension. Acquiesçant à sa demande, elle se dirigea vers la cuisine, posant deux verres à vin sur le bar pendant que Sam appréciait le panorama offert par sa baie-vitrée. La vue de nuit et de jour était totalement différente, mais restait toujours un spectacle particulier. Elle laissa Sam continuer sa visite des lieux, pas vraiment inquiète n’ayant rien de particulier à cacher, sortant pendant ce temps une délicieuse bouteille de rouge.

Ils flirtaient du même jeu, à chaque fois qu’ils se voyaient et pourtant leur relation ne cessait d’évoluer. Ils avaient fini par en arriver aux confidences d’ailleurs, et elle aurait sans doute pu lui raconter les exacts tenant de sa réussite si cela n’avait pas obligé à parler de sa mutation. Elle avait confiance en Sam qui avait l’air aussi à cheval sur les principes qu’elle, mais parler de sa technopathie c’était toujours plus difficile. Avec le temps peut-être, mais ce n’était pas au programme du jour. Non ce soir les festivités étaient tout autre. Son partenaire de fête de retour elle le regarda de cet air taquin en l’entendant parler de sa salle de bain.

« C’était un élément primordial dans mon choix d’appartement tu sais. Je suis sûre que tu comprends pourquoi. »

Versant le vin, elle lui adressa un léger clin d’œil, avant de quitter la partie cuisine et de s’approcher de Sam un verre dans chaque main. Quand tout était jeu entre eux, il n’y avait pas besoin d’en dire plus pour comprendre l’intérêt et le charme qu’elle pouvait porter à la pièce. Tendant son verre au magicien, elle prit place sur le canapé, s’installant confortablement, croissant les jambes avant de porter le verre à ses lèvres. Observant une nouvelle fois et à loisir le visage du blond, souriant de ses réactions, elle s’attarda un instant sur ses boucles, avec lesquelles elle pourrait certainement jouer des heures s’il la laissait approcher. Après tout ce n’était pas pour rien qu’elle avait suggéré de changer d’endroit et de finir seuls dans son appartement.

« Ta sexy assistante et aujourd’hui une sexy femme d’affaire, qui a monté sa propre entreprise. Et toi les tours de magies ? Tu as de nouvelles choses à me montrer ? »

Le bar n’avait servi que d’échauffement, les faisant désormais aller plus loin dans ce numéro de funambule et ce pour leur plus grand plaisir. Elle savait que Sam était toujours dans le monde de la magie, son nom étant plus que célèbre et ce soir elle pouvait en profiter à elle seule. Avalant une nouvelle gorgée, elle inclina la tête vers le magicien, une lueur amusée dans les yeux, dissimulant à moitié son sourire derrière sa main.

« Qui sait je peux rejouer les assistantes pour ce soir. »

Elle poussait le jeu plus loin que prévu peut-être, petite souris pas si innocente, mais ils étaient tous les deux adultes.

Sam avait sourit à la phrase de la brune, répliquant dans la même optique, reprenant leur relation particulière, leur relation bien à eux. Une relation dans laquelle il s’abandonnait avec plaisir, et peut-être espérait-il changer un peu ce jeu, peut-être espérait-il au fond de lui franchir cette limite qu’ils n’avaient jusque là pas franchit. Et il est vrai que leur relation avait évolué, quelques confidences étaient venu s’ajouter à leur soirée, mais Sam n’avait pas encore évoqué ses secrets les plus importants, sa fille et sa mutation. Il avait tut la mutation parce que c’était une habitude, parce qu’il était prudent et que ça ne lui semblait pas tellement nécessaire de le dire, peut-être avait-il peur de la réaction de la jeune femme qu’il ne voulait pas perdre. Quand au secret concernant sa fille… Il n’avait rien dit parce qu’il ne se sentait pas prêt de le faire, pas totalement du moins. Il n’avait jamais évoqué tous les détail de ce passé douloureux et peut-être voulait-il le faire avec Ash ? Peut-être que c’était la seule personne avec qui il concevait de s’ouvrir totalement. Et puis il avait finit son inspection rapide et avait une nouvelle fois sourit en observant son visage taquin et en écoutant sa voix s’élever. Oui il comprenait pourquoi. Il avait remarqué la magnifique baignoire qui se tenait dans la pièce. Grande et magnifique. Et il se contenta de ce petit rire entendu, de ce petit rire qui confirmait qu’il avait comprit ce qu’elle avait voulut dire, après tout il n’était pas idiot. Et il s’était assied à ses cotés, avait apprécié le goût du vin et avait reprit leur jeu de séduction.

Alors elle n’était plus sa sexy assistante mais sa sexy femme d’affaire. Il eut un sifflement admiratif, elle devait avoir parcourut un bout de chemin pour parvenir à monter sa propre entreprise, pour se faire une place parmi de grands hommes et le californien admirait sa compagne pour ce travail remarquable qui n'avait pas dût être très facile, du moins, le pensait-il. Quand a lui la magie ça marchait toujours. Il s'était fait une place parmi les grands magiciens mais elle devait être déjà au courant ça. Quand aux nouveaux tours, il en avait quelques uns il est vrai, et il se ferrait un plaisir de faire un petit spectacle en privée juste eux deux. Profitant de ce tête à tête, loin du monde, loin des spectateurs, loin des projecteurs. Et mêmes si quelques femmes avaient partagées sa compagnie le temps d'une soirée ou plus, Ashlyn restait la seule à pouvoir se vanter à avoir eut un tour privé, elle était privilégiée et même si elle ne le savait pas forcément, il s'en foutait. Il acceptait de bon cœur ce jeu qu'elle poussait un peu plus loin en redevenant son assistante pour cette soirée.

- Mais ça sera avec un grand plaisir ma chère. Ne bouge pas.

Il se leva glissa une main dans la poche de sa veste pour sortir un petit bouquet de fausses fleurs, à croire qu'il avait tout prévu. Il allait donc transformer ce bouquet de fausses fleurs en de vraies : le lys. La fleur préférée de la brune. Comment ? Hé bien, un bon magicien ne dévoile jamais ses secrets alors son tour restera un secret tout simplement. Il ôta les quelques fleurs qu'il offrit à Ashlyn avec un petit sourire. Il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, le plus beau arrivait. Sam plongea ses yeux dans ceux de la brune et commença alors à parler :

- Il le semble que le lys est ta fleur préférée, je comprend, c'est une fleur toute à fait magnifique, gracieuse, parfaite ...

Il vit une rapide manipulation avec le bouquet, imperceptible, rien ne se voyait, comme d'habitude.

- ... Comme toi

Il sourit et cacha à moitié son visage derrière le bouquet de vraies fleurs cette fois-ci. Revenant vers le canapé, il tendit le bouquet à la femme d'affaire avant de se décider a ôter sa veste, la chaleur commençant à le gagner. Il se rapprocha un peu plus de la brune et passa une main dans ses cheveux avec un petit sourire avant lui murmurer à l'oreille :

- J'aurais bien besoin de ma sexy assistante pour un tour avec des menottes.

Il descendit légèrement ses lèvres, effleurant son cou, peut être que la limite qu'ils ne franchissaient pas allait finalement l'être. Enfin c'était sans compter sur le bruit, ou plutôt le fracas soudain qui brisa le silence de la pièce. Et Sam sursauta en se reculant vivement, c'était quoi le problème encore ? Il braqua ses yeux dans la pièce et vit presque aussi tôt une tête brune au niveau de la penderie...

- Vous êtes qui vous ? Tu le connais ? Demanda-t-il soudainement en fixant tour à tour l'inconnu et Ashlyn.

Un nouveau sourire lui vint quand Sam accepta de lui faire un tour privé et Ashlyn toujours installée sur le canapé commença à observer avec intérêt les faits et gestes du blond, impatiente de voir quelle surprise il pourrait bien provoquer. Elle n’était plus une petite fille et pourtant en présence du magicien elle était parfaitement capable de retrouver des croyances enfantines et de s’émerveiller de ses tours. Parce qu’il était doué et charmant et devait faire croire sans peine à beaucoup que la magie existait et que tout pouvait se réaliser, même si ce n’était que le temps d’un spectacle. C’était même sans doute une des choses qui faisait qu’elle tenait tant à maintenir sa relation avec lui, qu’elle faisait tout pour ne pas le perdre et l’avoir en cet instant rien que pour elle était une chance qu’elle ne voulait pas laisser passer.

Les yeux pétillants d’attention, elle prit le faux bouquet qu’il lui tendait, attendant la suite avec impatience, son sourire s’élargissant face à ses paroles. Ainsi il connaissait même sa fleur favorite. Sam était décidément très observateur, un atout indéniable pour son métier et pour le plaisir de la technopathe en cette soirée. Captivée par le regard azur du magicien, elle n’avait pas prêté attention à ses gestes, si bien qu’elle ne remarqua pas que le faux bouquet avait été remplacé par un véritable bouquet de lys avant que le blond ne le brandisse sous son nez. Quittant à son tour le canapé, elle se saisit des fleurs qu’il lui offrait, humant dans un premier temps le parfum qu’elle aimait tant avant de se pencher quelque peu vers Sam et de lui déposer un léger baiser plus proche du coin des lèvres que de la joue.

« Merci, à croire que tu me connais presque par cœur. »

Le laissant se remettre de son petit geste, elle s’éloigna le tant de déposer les fleurs sur le comptoir. A nouveau face à lui, Ashlyn commença à jouer avec le tissu de sa chemise tandis qu’elle sentait la douce caresse du magicien dans ses cheveux. Les limites qu’ils avaient fixé bien auparavant disparaissaient une à une, chacun poussant plus loin les gestes et attentions dont ils avaient l’habitude. Ils avaient marché sur la ligne invisible trop longtemps pour revenir en arrière maintenant et de toute façon ils n’en avaient pas l’envie. A dire vrai la brune y avait songé à l’instant même où elle avait proposé de venir ici. Une main jouant dans boucles blondes elle s’apprêtait à répondre qu’elle n’avait aucun problème à jouer avec des menottes, un sourire coquin sur les lèvres, mais fut coupé bien avant par le fracas venue de la penderie, les poussant à s’éloigner quelque peu l’un de l’autre.

Ils étaient censé être seul pourtant, elle n’avait aucune visite, n’attendait personne, mais en voyant la tête de Viktor apparaitre par la porte de la penderie elle ne put que se demander le pourquoi d’un tel retour karmique. Parce qu’il n’y avait que ça pour expliquer que son ami vienne lui rendre une visite le soir où elle pensait franchir le pas, alors que lui-même était recherché par l’ensemble de la nation. Les visites de Viktor n’étaient en soi pas déplaisante, mais elle se gardait bien de le montrer pour ne pas laisser paraitre son inquiétude. Et ce soir elle n’était pas seule et ça changeait tout. Sam finirait inévitablement par reconnaitre l’homme recherché, quand à Viktor, il ne manquerait certainement pas d’être lui-même. Réagissant finalement aux paroles du magicien, Ashlyn se précipita sur la porte de la penderie, la refermant brutalement sur le nez de l’allemand comme si elle espérait ainsi le faire disparaitre. Espérant par la même que Sam oublie ce qu’il venait de voir. Que pouvait-elle lui dire d’ailleurs ? Le dos collé contre la porte pour bloquer toute sortie elle avait en réalité répondu avec la même précipitation.

« C’est personne ! Rien d’important Sam je t’assure…un problème de nuisible tout au plus. »

Jamais il n’avalerait c’était certain, surtout avec Viktor qui hurlait et se débattait pour forcer la sortie du placard. D’ailleurs elle ne pourrait sans doute pas le retenir bien longtemps et elle n’avait aucune possibilité pour éloigner le magicien de la pièce. Ne pouvant donc empêcher l’inévitable, elle rouvrit la porte, libérant Viktor de la penderie avant qu’il n’emporte tout, se forçant au calme.

« Qu’est ce que tu fais ici Vik ?! Et surtout pourquoi tu te planquais dans la penderie ? »

Peut-être était-elle parano, mais avec Viktor elle s’attendait souvent à tout et surtout à n’importe quoi. Alors oui l’idée qu’il s’amusait à jouer les espions lui était venu et même si elle ne serait plus tranquille pour le reste de la soirée désormais, elle essaierait quand même de sauver les meubles. Sans compter que l’allemand se mettait en danger à débarquer ainsi.

Quelque chose de la furtivité qu’il ne connaissait pas. Comme un aspect de la chose qu’il ne maîtrisait pas. Et pourtant, lorsqu’on était dans sa peau, à sa place, lorsqu’on se faisait surnommer l’Insaisissable par tous les médias du coin, la furtivité aurait dû faire partie entière de son caractère. Mais Viktor n’était pas subtil. Il était seulement assez brillant pour éviter les pires endroits, pour éviter d’attirer l’attention. Ce n’était donc plus une question de subtilité, seulement d’intelligence. Il était passé au cimetière. Du moins avait-il songé à y mettre les pieds. Mais il avait vu la voiture grise dans le fond du décor. Il faisait le tour. Il regardait les points stratégiques d’observations. Puis, il rebroussait le chemin, comme à chaque fois, espérant-peut-être, secrètement qu’ils finissent par oublier de surveiller l’endroit. Mais ils n’oubliaient pas. Ils n’oubliaient jamais et il soupira en rebroussant chemin. Il emprunta une nouvelle route, un nouveau tour. En fait, il n’empruntait jamais le même trajet pour se rendre du point A au point B. Bon plan. On ne parvenait ainsi jamais à prévoir ses déplacements. Mais une fois à proximité du point B, quelque chose se déclencha dans son esprit, comme une alarme stridente dans sa tête, comme un avertissement silencieux qu’il détectait. La porte était fermée et verrouillée. Pourtant, la poignée n’était pas dans l’angle exprès qu’il lui avait donné en partant. Et il rebroussa chemin aussitôt. Il ne prendrait jamais le risque d’être attrapé maintenant par une si bête analyse. Et il ne reviendrait pas à cet endroit. Mais pour le moment? Le soir approchait, il sentait l’air se rafraichir, mais surtout, il sentait sa tête vibrer sous le martellement de la migraine monstre qui l’assaillait à petit feu. Il n’allait pas non plus se pointer dans une pharmacie et il n’allait pas entrer pour récupérer ses centaines de boites de cachets qu’il engloutissait comme s’il s’agissait de bonbons. Il porta rapidement ses mains à ses poches : rien, il n’avait rien sur lui. Soupire. Il leva les yeux vers une nouvelle solution qu’il n’empruntait jamais, de peur du dérangement, de peur de blesser ceux qui lui était le plus, ou du moins ceux qui lui restait… Il qu’il ne comptait sans doute que sur deux ou trois doigts, à présent.

C’est ainsi qu’il se retrouva devant cette porte close, à glisser deux tige dans le loquet de la serrure, à retenir son souffle le plus possible en faisant jouer les deux tiges. Et un déclique : il tourna la poignée, se glissa dans l’endroit plus chaud, prenant soin de refermer et de verrouiller derrière lui. Il connait l’endroit comme le fond de sa poche, pour l’avoir visité, comme ça, à l’improviste, sans que sa propriétaire ne s’en rende toujours compte, uniquement parce qu’il ressentait le besoin de voir si tout allait bien. Il avait localisé tous les contenus d’acétaminophène, de codéine ou d’il ne savait trop quoi d’autre exactement en lisant seulement ‘’maux de tête’’ sur les petites bouteilles. Il en fit un joyeux mélange qu’il avalait comme des bonbons, ayant tout de même kidnappé un verre à la cuisine qu’il avait remplit d’eau. Après quoi, le temps que le tout fasse effet et de repartir, il avait effectué un tour rapide de l’appartement, inspection habituelle de sa part, petite manie dont la propriétaire des lieux n’avait probablement jamais eu connaissance jusqu'à maintenant. Et il s’était apprêté à repartir lorsqu’il entendit les voix de l’autre côté de la porte d’entrée. Il s’était donc précipité vers la première porte en vue : la penderie qu’il referma sur lui au moment où celle de l’entrée s’ouvrait. Il resta là, immobile, coincé entre quelques draps et ses bouteilles de cachets qu’il avait omis de remettre en place. Et cachets qu’il avait d’ailleurs échappés un peu partout sur lui en entrant dans le petit endroit fermé.

Il les avait écoutés, un moment. Puis il s’était serré dans une couverture prise à tâtons dans l’obscurité de la penderie. Il avait sentie les cachets faire effet sur lui : une trop grande quantité ayant non seulement effet d’amoindrir son mal de tête, mais en plus de l’endormir à petit feu. Il pensa une seconde que rester là n’était pas plus mal. Du moins y songea-t-il jusqu’à ce que leur conversation, pas loin de l’endroit où il se trouva, lui donna le signal d’alerte pour filer. Il n’avait pas spécialement envie d’assister aux ébats sexuels de la jeune femme. Aussi avait-il poussé un peu la porte pour se rendre compte qu’elle était coincée. Il l’avait forcé. Puis elle s’était ouverte dans un grand claquement, le laissant s’emmêler dans les morceaux de tissus, laissant rouler les quelques cachets restant sur le plancher. Puis les éclats de voix qui lui agressèrent les oreilles, il redressa la tête, observant la tête blonde, et sourit ironiquement. Il avait d’ailleurs ouvert la bouche pour dire quelque chose, répliquer un truc dont on se souviendrait, parce qu’on se souvenait toujours des conversations que l’on entretenait avec lui. Conversations très peu orthodoxes, habituellement. Mais la brune s’était précipitée vers lui. Et avait refermé la porte violement, l’assommant au passage. PAF la porte en pleine tête. Il hurla. Il injuria. Puis poussa contre la porte bloquée lourdement. Un indésirable? C’était vrai qu’un Viktor dans une penderie n’était pas forcément un intrus très agréable pour ce genre de rendez-vous, il en avait bien conscience, mais en même temps, voir la tête que le blond avait fait en le voyant avait valu tout l’or du monde et il était ravi de s’être retrouvé là, pour la peine.

Puis, elle s’était poussée, avait rouvert la porte sur lui, grognon. Il lui lança un drôle de regard, un peu boudeur, d’abord, puis lança un regard par-dessus l’épaule de la jeune femme, se décidant d’ignorer, littéralement, son questionnement. Il bougea, se dégagea des draps et flanquant les contenants de cachets plutôt vide que plein entre les mains de la jeune femme. Il se planta une seconde devant le blond qu’il observa, rapidement, de la tête au pied.

—Dacwell… Cadell… Caldwell! Toujours avec vos tours de cartes ou vous êtes-vous amélioré? Lâcha-t-il, insolent qu’il pouvait l’être à la moindre première rencontre, il ne lui laissa pas le temps de répliquer qu’il s’était déjà retourné, faisant quelques en sens inverse, croisant au passage le bouquet subtilisé par les fleurs en plastique. Fleurs fausses qu’il toucha, une seconde, avant de rire et de poursuivre son chemin vers la cuisine, comme s’il avait lui-même demeuré dans cet endroit.

—J’ai voulu aller rendre visite à mon père, lâcha-t-il finalement, pour toute réponse, quelques mots qui sous-entendait trop de choses, au questionnement de la jeune femme, beaucoup plus sérieux, perdant son air momentanément de fou furieux qui se respecte. Mais Viktor étant Viktor, il se retourna vers elle…

—Et évidemment je me demandais pour qui tu t’étais fait si féminine!

Taquinerie purement lui : on ne savait jamais s’il se foutait de sa gueule ou s’il l’aimait bien, tout simplement.

Il avait décidé de s’orienter encore et toujours vers le chemin du charme, en faisant apparaître ces fleurs il savait qu’il lui ferrait plaisir, il avait noté et retenu que ces fleurs étaient ses préférées. L’observation et la manipulation était quelque chose d’assez utile en tant que magicien. Il la laissa s’approcher et attraper le bouquet de fleur qu’elle huma légèrement, et il fut prit de court lorsqu’elle se pencha vers lui pour lui donner un baiser à la commissure de ses lèvres. Il aurait put tourner la tête pour avoir un véritable contact lèvre contre lèvre mais la surprise l’avait empêché de faire un quelconque mouvement, il se racla la gorge et vint finalement se rassoire sur le canapé aux côtés de la brune. C’est vrai que ce moment était propice pour franchir le pas, la caresse dans ses boucles blonde eut un effet apaisant, comme toujours, et il se serait bien vu pousser les caresses plus loin, du moins avant que leur mystérieux perturbateur ne fasse son entrée magistrale.

Sam c’était mit debout et fixait Ashlyn qui s’était précipité vers la penderie, refermant la porte sur le grand brun, l’assommant probablement au passage et le blond vint se placer devant la brune, un regard interrogateur poser sur elle, il voudrait bien avoir quelques petites explications. Explications qu’elle finit par donner, enfin c’était un grand parcequ’elle lui répondit que ce n’était personne, juste un problème, il haussa un sourcil, était-elle sérieuse ? Elle espérait pas qu’il croirait ça ? surtout avec les cris de l’homme derrière la porte qui semblait vouloir vraiment sortir de là. Et il finit par sortir et Sam l’observa, il le reconnut rapidement, il avait fait la une des journées après tout, surnommé l’Insalissable par les journalistes et honnêtement il ne paraissait pas très impressionnant à première vue, du moins du point de vue du blond.

L’homme sembla ignorer totalement la question de la brune et se planta devant le magicien, l’observant de la tête aux pieds, Sam croisa les bras sur sa poitrine et attendit qu’il ait finit sa contemplation. Une fois fait, il lâcha de manière insolente une petite pique sur ses tours essayait-il de l’énerver ? Non parce que s’il essayait de le faire, il allait avoir du mal, le californien n’était pas le genre d’homme à s’énerver rapidement. Il afficha un petit sourire en coin, s’apprêtant à répondre qu’il savait faire disparaître les gens et que s’il le voulait il pouvait très bien être son assistant mais Viktor ne lui laissa pas le temps de répliquer qu’il tourna les talons, se déplaçant à travers l’appartement comme s’il était chez lui et s’arrêta au niveau de la cuisine. Sam c’était rapproché d’ Ashlyn alors que le brun avait seulement dit qu’il voulait voir son père, prenant un ton plus sérieux avant de se retourner subitement vers elle et changer de sujet du tout au tout, prenant un air qui semblait un peu plus taquin. Sam fixa la brune un instant avant de porter son regard sur Viktor, oui il l’avait reconnut, il avait reconnut celui que tout le monde cherchait, mais il n’irait pas appeler les flics pour dire qu’il était là, c’était pas à lui de faire leur boulot et honnêtement, Sam n’était pas blanc comme neige donc moins il voyait la police, mieux c’était. Il soupira légèrement en se rendant compte que sa soirée était foutue à cause de l’allemand, allemand qui n’avait d’ailleurs pas peur de se sortir et se montrer alors que tous les flics de cette ville le recherchait.

- Je dois bien avouer que vous ne manquez pas de cran de sortir alors que tous les flics vous recherchent, je ne comprend pas pourquoi d’ailleurs, vous ne me semblez pas si menaçant que ça, je vous vois mal abattre quelqu’un, surtout quelqu’un de votre propre famille.

Il pouvait se tromper bien entendu mais honnêtement cet homme n’avait pas l’air bien méchant, juste un insolent, c’est tout ce que pouvait dire Sam pour l’instant.

Bien sûr qu’elle savait sa réponse de nuisible stupide et n’avait jamais songé la faire avaler au magicien. A dire vrai cette réplique avait plutôt visé à faire remarquer à Viktor qu’il tombait au plus mal. Libérant son ami du placard, elle avait demandé les explications qu’elle estimait être en droit de recevoir, mais Viktor semblait bien loin de vouloir lui faciliter la soirée. Les mains pleines des flacons de médicaments qu’il venait de lui remettre, elle ne put s’empêcher de rouler des yeux face au comportement de l’homme qui l’ignorait sciemment pour aller s’en prendre à Sam. Reportant son attention sur ce qui avait constitué une partie de son armoire à pharmacie, elle eut un bref instant de panique en constatant qu’ils étaient presque tous vide. Et la remarque de l’allemand sur sa visite à son père ne la rassura pas plus. Les actes et pensées de Viktor étaient en soit plus qu’incompréhensible mais Ashlyn le connaissait depuis bien assez longtemps pour savoir que ce qu’on lui reprochait était en très, très grande partie un mensonge. Il lui était même arrivé de vouloir faire plus pour l’aider, mais elle savait que c’était impossible pour le moment, se contentant donc de taire sa relation avec lui afin de lui éviter qu’on le piège. Et de toute façon elle ignorait toujours où le trouver.

Sentant la présence de Sam à ses côtés, elle releva le regard vers lui, constatant qu’il ne semblait pas vraiment ennuyé par les remarques de Viktor, ce qui était tout à son honneur. Et surtout il ne semblait pas vouloir alerter tous les services de sécurité. La lueur d’inquiétude qu’elle éprouvait pour Viktor disparu néanmoins bien vite de ses yeux remplacé par l’envie de lui sauter dessus et de l’étrangler en entendant ses derniers propos, mais fut devancé par les questions du magicien blond. Poussant un soupir de résignation, la technopathe s’approcha de son invité imprévu, sachant que la possibilité de franchir les limites était désormais complètement tombée à l’eau. Néanmoins un peu vexée par tout ça, elle se fit un plaisir de répondre à Sam la première.

« C’est parce que ce n’est qu’un crétin ! Et ce n’est pas parce qu’il est plus malin que tout le monde qu’il n’a pas d’ennui… Tu sais que tu risques de te tuer à en avaler autant ?! »

Agitant les boites de comprimés vide sous le nez de Viktor pour donner plus d’impact à ses paroles, elle désespérait de faire un jour entendre raison au brun. Non elle n’arrêterait sans doute jamais de se faire du souci pour son ami et ne pouvait qu’espérer un semblant d’acte normal de sa part. Au moins cette visite imprévue lui permettait de s’assurer qu’il allait à peu près bien, même si Ashlyn aurait sans doute préféré que le magicien ne soit pas là pour faire les frais des petites manies de l’allemand. D’ailleurs elle allait devoir encore quelques explications au blond.

« Toutes mes excuses Sam, j’ai peur qu’on ne puisse pas terminer notre tête à tête. Je sais que tu l’as reconnu mais bon, voici Viktor, un de me amis. Je ne savais pas qu’il passerait ici ce soir...Je peux compter sur ta discrétion ? »

Que pouvait-elle dire de plus ? Que Viktor avait quelques petits ennuis et qu’elle appréciait que le blond ne se soit pas précipité pour prévenir les autorités. C’était un doux euphémisme. Elle ne pouvait malheureusement pas mettre son ami à la porte, n’étant pas rassuré par le cocktail de médicament qu’il avait ingurgité. D’ailleurs elle doutait même qu’il en ait l’envie après l’avoir surpris en compagnie du magicien. Magicien qu’elle n’avait pas non plus envie de voir repartir, appréciant sa compagnie, même si le laisser rencontrer Viktor pouvait paraitre risqué. S’excusant d’un dernier geste tendre auprès du blond, elle reporta son attention sur le deuxième homme, le surveillant du coin de l’œil.

« Tu veux passer la soirée ici ? »

De toute façon que pouvait-elle lui dire d’autre.

Il avait regardé fixement les contenant vides que la brune lui secouait sous le nez, comme si, pendant un court instant, il ne les voyait pas, perdu dans une réflexion insensée dont lui seul était le maitre. Et c'était à se demander, parfois, s'il comprenait lui-même ses propres pensées. Puis, quelque chose semblait s'être illuminé dans son regard et il s'était détourner, marchant trois pas dans cette cuisine étrangement familière pour s'y être introduit à quelques reprises auparavant. Mais il y avait quelque chose chez lui, dans cette insolence habituelle, qui n'était que lourdeur émotive qu'il n'exprimait pas, pourtant. Dans ses gestes, peut-être. Ou dans ses prunelles plus sérieuses que d'ordinaire. Et puis, la voix du blond s'éleva, derrière lui, le faisant tiquer, alors qu'il lui faisait dos. Déclenchant cette pointe de rage, dans le fond de son esprit. Il continua d'avancer, ses doigts frôlant le comptoir, s'agaçant de l'écouter parler, même s'il ne démontrerait pas la moindre parcelle de sentiment. Il eut un rire et se retourna vers le nouveau duo, qu'il observa une seconde. Il observa la brune. Brune qu'il avait côtoyé. Brune qu'il connaissait mieux qu'elle pouvait le croire, sans doute. Mieux que le blond, en tout cas. Et c'était bien si cette vie là de jeu et de débilités humaines et sentimentales lui plaisait, à elle. Lui? Ce n'était pas pour lui. Ça ne l'avait jamais été. Et il souriait toujours, de ce petit air arrogant et indéfinissable tout à la fois. Encore une fois, il ne répondit pas au questionnement de la brune et se contenta de glisser ses mains dans le fond de sa poche. Il répondait pas son comportement. Mais comptait-il réellement rester? Probablement pas. Elle le connaissait. Il passait et disparaissait au moment où on s'y attendait le moins. Insaisissable. Il s'avança, toujours sourire aux lèvres, pour se planter de nouveau devant le blond, une seconde, puis de le contourner, un drôle de rire en travers de la gorge et d'aller directement s'assoir sur le canapé. Peut-être parce qu'il n'avait pas digéré ses derniers commentaires et que parole de Viktor, il en subirait les conséquences. Même si conséquences n'en avaient pas l'air d'être.

«Si je suis si peu menaçant et que j'ai si peu l'air de ce que je suis, jouons à un jeu. Faites moi votre tour de carte et je vous paris qu'en deux... non, une fois, je découvre comment vous faites. Si je gagne, vous me faites des excuses, je n'ai pas particulièrement aimé vos insinuations. Si vous gagnez, je m'en vais.»

Le cerveau de Viktor s'était mis en marche. Il n'y avait que ses yeux prenant cette teintes dangereusement bleu, qui le trahissait réellement. C'était d'ailleurs un phénomène involontaire, ou était-ce du à une expansions dans sa tête qui faisait que le sang se déplaçait beaucoup plus rapidement. Il observa Ash, toujours souriant, comme s'il lui disait de ne pas chercher à l'empêcher de jouer... en sachant qu'il ne perdait jamais aux paris qu'il faisait. Disons simplement qu'il avait des méthodes un peu moins orthodoxe pour apprendre à connaitre les gens qu'il côtoyait.

Ce n’est pas Viktor qui répondu le premier à ses paroles mais la brune, le traitant de crétin ce qui eut pour effet de faire sourire légèrement le blond, mais finalement la suite des ses paroles étaient plus destinées à leur intrus qu’à Sam. Et les paroles d’ Ashlyn ne semblait avoir aucuns effets sur l’homme, le fait qu’il se soit mit en danger en avalant autant de médicaments semblait avoir peu d’effets sur l’allemand qui ne répondit rien. Le magicien tourna la tête vers la jeune femme lorsqu’elle s’adressa à lui, lui présentant ses excuses, lui demandant s’il pouvait être discret concernant la venue de Viktor et le prend hocha la tête, elle pouvait compter sur sa discrétion, il n’ y avait aucuns problèmes pour ça. Il ne voulait pas attirer l’attention des policiers déjà que c’était tendu avec la CIA, il ne voulait pas ajouter des problèmes et encore moins perdre la confiance de la brune.

Et le mouvement de Viktor obligea le Californien à reporter son attention sur lui, sur ce sourire arrogant, et le blond trouva dans ce comportement quelque chose d’amusant, parce que l’homme semblait se moquer de tout ce qui l’entourait, semblait se moquer de tout le monde et Sam ne pût s’empêcher de se revoir, il était presque comme lui plus jeune, un gamin arrogant, provoquant qui semblait s’amuser de tout. Mais il c’était assagit en vieillissant, l’expérience douloureuse de la vie ? Probablement. Quoique cet aspect de caractère ressortait quelques fois. Il entendit son rire et suivit des yeux son mouvement jusqu’à ce qu’il s’assoit sur le canapé.

Sam écoutait ses paroles, alors comme ça il lui lançait un défi ? Ou tout du moins il le provoquait, et le mutant n’allait pas se défiler, il était du genre à plonger dans les provocations, à relever le défi et ce défi il était certain de le remporter. Comment un simple humain pouvait deviner comment il faisait ? Enfin ça c’était s’il était vraiment humain, mais le blond ignorait la véritable nature de Viktor ainsi que de Ashlyn. Et il sourit, tout simplement, de ce sourire à moitié moqueur, toute cette provocation ressemblait à un piège et pourtant le magicien avait plongé la tête la première dedans, peut-être quelque peu blessé par cette assurance, par cette remise en question de ses talents de magicien car trouver comment il faisait relevait de l’impossible. Alors il alla se poster devant le brun avec un petit sourire, fouillant dans sa veste il attrapa le jeu de carte qu’il avait en permanence sur lui et commença à mélanger, réfléchissant au tour il pourrait bien lui faire.

Il eut un sourire en sachant quel tour faire, assez basique mais c’est la première idée qui lui vient. Il mélangea son paquet en plantant ses yeux dans les yeux bleus de son vis-à-vis, un bleu intense, il lui semblait qu’il était plus bleu qu’au début de la rencontre, ou peut-être qu’il se faisait des idées. Il fit un éventail avec ses cartes, les mettant sous le nez de l’allemand avant de commencer à parler :

- Bien, vous êtes d’accord que ce jeu n’est pas truqué, aucunes marques sur les cartes rien. Je vous laisse piocher une carte sans me la montrer, par contre vous pouvez la montrer à Ashlyn, deux témoins valent mieux qu’un.


Le mutant laissa le brun choisir la carte en détournant les yeux, histoire d’accentuer le fait qu’il ne connaît pas la carte choisit. Une fois la carte choisi et vue, le blond reprit la parole.

- Replacez la carte n’importe ou dans le jeu. Il reprit une fois que ce soit fait. Maintenant je vais mélanger histoire d’oublier complètement où se trouve votre carte .


Et tout en mélangeant les cartes son regard passait de Viktor a Ash ave un petit sourire. Et s’ensuivit quelques gestes, quelques tapotements sur le dessus du paquet, trois pour être plus exacte.

- Maintenant votre carte sera retournée dans le paquet, vous êtes prêt ?

Il étala les cartes sur la table et en effet, une seule fut retournée, celle que Viktor avait choisit. Sam rassembla le paquet en laissant de côté la carte dévoilée.

- Et si je vous dis que cet As de Pique est en fait une toute autre carte ? Que c’est finalement qu’un simple 10 de Cœur. Impossible ? Rien n’est impossible dans la magie regardez…

Il attrapa la carte initiale et la posa, face cachée sur le haut du paquet, nouveau petit sourire, son pouvoir avait rapidement effectué la manœuvre, effaçant l’as de pique bien vite remplacé par le 10 de Cœur et quelque part dans le paquet, le 10 de Cœur fut remplacé par l’ As de Pique. Sam tapa une nouvelle fois sur le paquet et retourna la carte qui était devenu, comme il l’avait prédit, un 10 de Cœur.

- Maintenant je vous écoute, comme je fais ?

Sam eût ce petit sourire arrogant, parce qu’il savait que Viktor n’allait pas trouver, il savait qu’il allait partir et qu’il allait pouvoir terminer son tête à tête. Enfin, c’est ce qu’il croyait.

Laissant Viktor repartir vers la cuisine, sans réponse de sa part, Ashlyn était revenu aux côtés de Sam sans protester plus que ça. Elle était habituée aux petites manies de l’allemand, à ses visites surprises bien que certaine lui échappe et que celle de ce soir contrariait un brin ses projets, mais il était bien trop tard pour que tout ça change. Il avait ses secrets, elle en conservait aussi quelques uns, chacun essayant au final de ne pas être un poids pour l’autre. Elle pouvait sentir le regard qu’il posait sur elle, se demandant à quoi il pouvait bien penser. Elle n’attendait pas de réelle réponse à sa proposition, soit il restait, soit il s’éclipsait c’était souvent ainsi et elle ne protestait jamais beaucoup, trop occupé à dissimuler le soulagement qu’elle éprouvait, tout simplement heureuse de voir qu’il allait bien pour le moment.

En entendant Viktor proposer ce pari qui semblait si anodin, elle ouvrit la bouche, petit geste de protestation dans le but de prévenir le magicien que ce n’était pas vraiment une bonne idée. Parce qu’il n’arriverait pas à le piéger, parce que les yeux de l’allemand voyaient tout et que son cerveau comprenait encore plus. Parce que le jeu était truqué du départ, même si elle ne savait que c’était vrai des deux côtés.

« Je… »

En croisant les prunelles trop bleus et le sourire de son ami, elle se ravisa, acceptant un peu à contre cœur de ne pas lui gâcher son plaisir, mais c’était pour le moment la seule chose qui semblait pouvoir le retenir ici. Et de toute façon Sam s’était installé pour lui faire face avant même que la moindre autre syllabe n’ait pu franchir ses lèvres. Elle s’excuserait auprès du blond plus tard, quand il n’y aurait aucun brun pour rire sous cape derrière ou pour faire son malin. Rejoignant les deux hommes, elle s’installa à son tour près de la table basse, les laissant se lancer dans ce petit jeu gamin qui au fond la faisait sourire un peu.

C’était comme voir deux spécimens étrangers tester les limites de l’autre, tentant de s’apprivoiser et de voir lequel serait meilleur que l‘autre. Réaction typiquement masculine comme tant d’autre. Curieuse finalement, elle regarda Sam battre les cartes avant de laisser Viktor en prendre une. Se déplaçant sur le canapé, elle regarda l’as de pique par-dessus l’épaule de son ami avant qu’il ne la repose dans le jeu et que le magicien ne le mélange à nouveau. Elle aimait voir Sam faire ses tours, il avait ce petit sourire qu’elle trouvait absolument craquant au fond, même si elle ne l’avouait pas. Alors se laissant finalement prendre au jeu, elle observa avec attention les gestes du blond, même si ses chances de trouver l’astuce étaient bien loin de celle de Viktor, dont elle imaginait déjà le sourire triomphant. Comme prévu, Sam avait réussi à retrouver l’as parmi toutes les autres cartes, mais contrairement à ce qu’ils auraient pu attendre, le tour ne s’arrêtait pas là, le magicien affirmant que l’as n’en était finalement pas un, leur montrant le dix de cœur qu’il était devenu. Amusée comme une gamine, elle se tourna vers Viktor, attendant ses explications sur le numéro de carte.

« Moi je donne ma langue au chat mais le défit n’est pas pour moi après tout. »

Les yeux pétillants telle une enfant, elle était néanmoins sûre que l’allemand trouverait le trucage, même si le numéro de Sam était plus poussé que bien d’autres ce qui était normale vu son talent et sa réputation, mai il en fallait surement bien plus pour rendre la mutation de Viktor impuissante.

Il s'était assis. Il avait croisé les jambes sous lui, de cet air un peu gamin qui se dépeignait sur ses traits. Il avait continué de sourire lorsque le blond s'était déplacé face à lui, lorsqu'il avait mis une main dans sa poche, lorsqu'il en avait tiré un jeu de carte. Il l'avait laissé réfléchir un temps. Il l'avait observé penser, se questionner, secouer le paquet comme s'il se croyait supérieur à lui. Il ne se serait pas plaint si ça avait été le cas. Puis, il le vit se décider et son sourire s'élargit un peu plus. Il opina de la tête, faiblement, non pas pour lui faire comprendre qu'il approuvait que le paquet de cartes ne fut pas truqué. C'était encore un mystère qu'il lui fallait élucider en quelques instants à peine. Il considéra que le paquet était ordinaire. Cinquante deux cartes. Pas de mauvaises blagues de clown farceurs.

Il tendit la main vers le paquet, jaugeant le visage du magicien une seconde, tira une carte au hasard, la montra à Ashlyn s'étant doucement glissée à côté de lui, discrète, sur le canapé. Ça lui faisait plaisir, au fond, de la voir se planter là, près de lui, comme une amie chère à ses yeux, comme une soeur, comme quelque chose qu'il voulait protéger, quelqu'un sur qui il voulait veiller, secrètement, à distance. Il le faisait déjà, autant qu'il le pouvait. Il s'assurait qu'aucun homme ne lui fasse le moindre mal, même s'il n'en avait pas l'air, de prime abord. Il observa la brune du coin de l'oeil, il observa le regard qu'elle avait pour le blond, et s'il avait eu peur, parfois, de se retrouver totalement seul, si ce sentiment revint discrètement l'assaillir à ce moment précis, ce n'était pas plus mal pour elle.

Il reposa finalement la carte dans le paquet, reportant sa concentration sur les mains de l'homme, sur ses expressions, sur son regard, sur le moindre battement de cil, la moindre perle de sueur fragile, le moindre tique. Il le qualifia, dans sa tête, de confiant, un peu trop, peut-être. Un confiant, joueur, fier de lui. Mais Viktor n'avait pas cessé de sourire, pas un instant. Il avait suivit chat geste avec une précision effrayante. Et s'il n'avait pas encore trouvé la solution, le jeu lui plaisait. Il opina de nouveau de la tête: prêt, il était prêt. Le magicien retourna la carte, la bonne, évidemment. Mais ça, il aurait pu l'expliquer, par pur logique mathématique, en comptant les cartes comme son cerveau le faisait depuis le début, suivant où se situait la sienne depuis le début et effectivement, elle se retrouvait pile au bon endroit. Un maitre si on ne suivait pas. Un maitre si on ne regardait que les gestes. Un maitre pour déjouer l'attention. Mais pas lui. Pas l'allemand. Une fois fixée, il ne lâchait pas le morceau. Jamais. Il lui fallait une claque en pleine gueule pour le déconcentrer de son objectif.

Mais Sam n'avait pas terminer son tour, encore, et il laissa volontiers sa place. Qu'il l'impression fièrement. Qu'il lui montre son meilleur, il n'attendait que ça. Il l'observa. Dix de coeur... dix de coeur... As de Pique... Il plissa du ne, une seconde. Renifla. Il s'accouda à sa cuisse, joue posée sur son poing fermé. Il fixa son regard d'océan sur l'homme, ne souriant plus. Impossible. Rien n'était impossible, c'était vrai. Son regard s'illumina au bout d'un instant, brillant de cette étrange malveillance, de cette douce folie, de cette intelligence purement inhumaine. Il se redressa et se tourna vers la jeune femme, tout sourire ayant repris place sur ses traits arrogants.

«Ashouille! Tu réfléchis comme une enfant... Tu réfléchis comme une humaine banale, bancale et ordinaire. C'est une question de mathématique, d'abord et il a parfaitement respecté les règles de la magie. Et tu ne comprends pas ce dernier tour? »

Il avait rit, doucement, comme si la vérité sautait aux yeux, comme si c'était la moindre des choses que de comprendre ce dont il s'agissait.

«Ho mon dieu! Il ne le sait pas? Il ne le sait pas! Vraiment amusant!»

Il s'esclaffa, brutalement, sur le canapé, en un rire sans doute un peu grotesque tant il s'amusa de la situation qui ne semblait pourtant pas aussi cocasse qu'elle ne l'était. Il l'a trouvait hilarante, pour sa part.

«Sam, je te présente Ashlyn... Technopate. Ashlyn, je te présente Sam... un mutant. Ce fut très distrayant, comme tour!»

Il avait dit tout cela comme s'il s'agissait de la moindre des choses, comme si c'était une évidence flagrante, comme s'il n'y avait rien de plus naturelle à aborder ce sujet sans prévenir. Et il n'avait sans doute pas réfléchit aux conséquences que ses propres révélations pourraient avoir sur ses deux compagnons de fortune.

Sam avait sourit au commentaire de la brune, et il savait que le brun non plus n’allait pas trouvé, il avait tout simplement gagné, il était certain qu’il venait de gagner ce défit stupide, comment le brun pouvait-il deviner toute la supercherie, ce n’était pas possible pour un humain normal, à moins que ce ne soit pas un humain normal. Cette possibilité, Sam ne l’avait pas envisagée une seule seconde, jamais il n’aurait pensé que l’allemand était un mutant, tout comme Ashlyn, et pourtant il se trompait. Sur toute la ligne. Le brun c’était finalement redressé, ce tournant vers la brune, et Sam afficha une mine perplexe, ne comprenant tout ce que disait l’homme, une « humaine banale, bancale et ordinaire » ? Alors quoi ? Le blond avait la dérangeante impression d’avoir loupé un épisode dans cette soirée, comme si on l’avait mit sur pause lui et qu’on avait avancé la soirée jusqu’à ce moment. Et il lança un regard interrogatif à son hôte lorsque le petit rire de Viktor se fit entendre, qu’est-ce qu’il trouvait amusant dans tout ça ? Et il fronça les sourcils, qu’est-ce qu’il ne savait pas à la fin ? Pourtant la petite idée qui c’était logé dans sa tête quand le brun avait commençait à parler prenait de plus en plus de place, et si finalement ils étaient tous mutants dans cette pièce ? Et une nouvelle fois l’allemand se mit à rigoler, ou plutôt à s’esclaffer bruyamment, trouvant vraisemblablement la situation vraiment amusante alors que le californien lui, et bien non. Premièrement parce qu’il avait tout simplement perdu ce stupide défi et malgré tout, le blond n’aimait pas perdre, c’était dans ces moments là que son petit côté arrogant refaisait surface, et pourtant il le cachait, enfin du moins essayait de le cacher, et deuxièmement parce que l’homme se foutait de lui un peu à son insu, et même si Sam s’amusait à faire la même, chose avec certaines personnes, il n’aimait pas tellement quand c’était lui la cible du foutage de gueule.

On le surprenait rarement, mais c’est vrai que cette soirée le surprenait au plus haut point, enfin surtout les dernières révélations de l’homme, confirmant ses doutes. Ashlyn était une mutante, une technopathe… Et évidemment le brun ne c’était pas gênait pour révéler la nature du blond, blond qui se frotta le visage en soupirant, avant de les fixer en silence tous les deux, décidément cette soirée était riche en rebondissement, mais ce dernier il aurait bien voulut l’éviter, le magicien avait voulu aborder le sujet des mutations avec elle mais… Différemment, il aurait voulu y aller un peu plus en douceur. Et il semblait enfin retrouver la parole, répondant un peu froidement, un peu sèchement peut-être.

- Tu as grain toi… Tu ne peux pas me laisser le temps d’en parler tranquillement avec elle avant de venir balancer tes foutues révélations comme ça.. ?

Il se leva, glissant ses mains dans ses poches, tournant le dos aux deux autres pour fixer la ville, il soupira une nouvelle fois légèrement, restant dans cette même position alors qu’il parlait de nouveau

- Je suis désolé Ash… Je voulais t’en parler.. Différemment, mais il a raison, je suis un mutant comme je présume il en est un aussi, avoir une si grande intelligence n’est pas humaine. Enfin là n’est pas la question, vu qu’on est parti pour les révélation, je peux contrôler les cartes de jeux…

Et pour illustrer ses propos, il fit volter quelques cartes qu’il avait dans les mains, les faisant atterrir sur la table, il se tourna finalement pour les fixer avec ce léger sourire en coin

- Et donc le petit tour sur le fait que l’as se transforme en 10 est une facette de mon pouvoir, je peux en faire ce que je veux de ces cartes, c’est pour ça qu’elle font parti de mes nombreux tours, c’est facile de faire croire à la magie comme ça..

Et il vint se rassoire en face du canapé, restant silencieux en les fixant, tout simplement.

Elle n’avait aucune idée qui pouvait expliquer le fait que Sam avait échangé l’as par le dix, alors elle attendait les explications de Viktor, elle attendait son air arrogant et malin, son sourire vainqueur et au fond elle plaignait le magicien. Elle aurait du les arrêter avant que tout ne commence mais c’était trop tard. Ce qu’elle n’attendait pas en revanche c’était qu’il parte à rire comme un idiot en se payant sa tête. Parce qu’il n’y avait bien que lui pour l’appeler Ashouille, s’adressant à elle comme si elle était une gamine avant d’en plus souligner une chose qu’il n’aurait pas du en présence du blond. Et ça, ça l’agaçait trop pour qu’elle prenne le temps de réfléchir correctement à ce qu’il tentait de lui faire comprendre. Non elle préférait le fusiller du regard en se demandant si elle serait assez rapide pour l’attraper par une oreille, surtout quand en plus il osait lui demander si Sam savait. Comme si ce n’était pas assez évident, comme si il ne savait pas qu’elle préférait encore attendre avant d’en venir à ce sujet. Parce qu’elle avait toujours cette crainte de ne pas être accepté qui la hantait au fond.

C’est alors que l’allemand lui lâcha une nouvelle bombe, lui laissant échapper un hoquet de stupeur la faisant se retourner vivement vers Sam alors que le brun n’en pouvait sans doute plus de rire. Sam était un mutant, comme elle, comme eux. Elle en aurait sans doute été heureuse et soulager de cette nouvelle, c’était une chose de moins à cacher, du moins si le blond n’en avait pas paru aussi soucieux et gêné de se voir démasquer ainsi. Mais c’était Viktor et sa manière d’amener les choses, il n’y allait jamais par quatre chemins, sauf quand ça l’arrangeait. Et si Ashlyn était un peu habitué à ce genre de comportement à force, ce n’était pas le cas du magicien qui avait bien fait comprendre qu’il n’avait pas beaucoup apprécié avant de se lever et de se diriger vers la fenêtre. Alors son regard noir revint aussitôt, tandis qu’un vilain coup de coude partait rendre visite à l’épaule de l’allemand.

« Tu ne pourrais pas au moins faire semblant de trouver ça sérieux cinq minutes non ?! »

Un brin inquiète, elle avait fini par continuer d’observer le magicien qui s’excusait et qui lui faisait une démonstration de sa mutation. Elle comprenait, après tout elle n’avait rien dit non plus, alors ce n’était certainement pas elle qui lui en tiendrait rigueur. Pas avec les risques que ça représentaient, parce que le révéler à la mauvaise personne pouvait s’avérer fatale en ce fichu monde. Et sans l’intervention de Viktor, sans doute l’aurait-elle encore tu un temps.

« Je ne t’en veux pas Sam, je comprends. Et oui tu as raison Viktor est aussi un mutant, quand à moi comme il l’a si bien dit je suis technopathe, je peux contrôler les machines en quelque sorte. »

Jetant un regard moins agacé et un peu plus inquiet à Viktor, elle finit par observer le blond alors qu’il revenait vers eux, se réinstallant dans un presque silence un peu lourd qui avait pris place dans la pièce. Se regardant comme si ils ne savaient plus vraiment que faire. La situation pouvait paraitre complexe oui, mais Ashlyn refusait de se laisser abattre, alors pour détendre un peu Sam et pour le rassurer elle s’approcha de lui doucement, laissant Viktor profiter et s’amuser encore de son petit tour. Le magicien avait de toute façon plus besoin de son soutien que lui pour le moment.

« Enfin maintenant je comprends mieux pourquoi je perdais toujours contre toi aux cartes … heureusement que ce n’était pas au streap-poker.» Avant de baisser un ton et d’ajouter pour que seul Sam l’entende « encore que l’avantage du streap poker c’est que même quand on perd on gagne. »

Elle avait décroché un sourire espiègle au blond, repartant dans leurs petites habitudes de jeux ambigus, même si la présence de Viktor ne les laissait pas autant libre que d’habitude. L’allemand avait sans doute compris, inutile de se cacher, il était le plus malin après tout. C’était aussi un crétin quand il voulait, mais elle l’aimait comme ça.

« Et sinon je vous offre quelque chose, histoire de faire passer tout ça ? »

Il allait bien falloir que tous se remettent de cette soirée de rebondissements et de révélations et la technopathe n’avait pour le moment rien de mieux à offrir. Elle lança d’ailleurs un regard un peu soupçonneux vers Viktor, pas certaine qu’il n’en profite pour s’amuser encore. Dire qu’ils en étaient là à cause d’un défi un peu stupide, il y avait de quoi la désespérer un peu quand même.

Une boite à surprise explosive. Voilà exactement ce qu'était l'allemand. Une histoire plein de rebondissements. Une machine à idées. Un monstre de retournement de situation inattendu. Les journalistes ne l'avait pas affublé du bon surnom... L'imprévisible aurait sans doute été plus juste que l'insaisissable. Quoi que, dans le second cas, il s'en sortait plutôt bien pour le moment. Bien qu'il avait sentit l'étau se refermer sur sa personne depuis quelque temps, maintenant. S'il sentait la fin? Il sentait la fin du premier chapitre, du moins. Parce que c'était Viktor et que, même s'il n'en avait pas l'air, il prévoyait des plans à profusion, esprit en fusion qu'il était, ses nuits hantés par ses propres pensées hurlant comme le vent dans son crâne étourdit. Il eut envie de répondre au blond que ce n'était pas dans ses habitudes de prendre le temps de faire les choses. Que tout, chez lui, absolument tout semblait fonctionner en mode accéléré. Comme si sa mutation avait un effet hyperactif sur lui. Ou peut-être ceci n'avait-il aucun lien et que c'était dans sa nature de déblatérer une quantité hallucinante d'information, et ce, plus vite que son ombre. Mais finalement, ce fut le coup de coude un brin douloureux de la brune et le regard noir qu'elle lui lançait qui le convainquit de ne pas en rajouter une couche, avant de se prendre une claque plus violente. Il connaissait tout de même les limites à ne pas franchir, même si ça ne semblait pas être le cas. Mais Viktor était ainsi... On ne savait pas toujours ce qu'il savait ni comment il réagirait. Il se contentait de détonner dans une société qui ne parvenait pas à le mettre à sa main, à vivre en marginal, en curieuse créature incompréhensible. Et il ne pouvait s'empêcher de songer que s'il était né plus tard, que tout aurait peut-être été différent. Pas tant que ça. Ils voudront toujours te contrôler pour mieux te planter ensuite. C'est la nature humaine... Je suis condamné, faut croire.

Puis, debout, le magicien se décidé à reprendre la parole et il reporta son regard bleuté, toujours analysant et observant, sur lui. Il eut un nouveau sourire, un peu différent, un brin de fierté traversant son caractère éternellement gamin et moqueur, un éclair de sérieux et de naturel, d'homme ordinaire, traversant ses traits, ne serait-ce qu'une seconde. Certes il avait gagné la partie. Certes il avait provoqué une discussion qui n'aurait peut-être jamais eu lieu s'il ne l'avait pas fait. Mais autre chose l'avait poussé à parler de mutation. Autre chose que même Ashlyn ne semblait pas comprendre. Parce qu'elle pouvait le connaitre mieux que quiconque, il avait parfois l'impression de n'être qu'un mystère, pour lui-même aussi à l'occasion.

«Tu ne t'imagines pas à quel point...» chuchota-t-il en entendant son commentaire sur la possibilité qu'il était lui-même mutant, qu'une intelligence comme celle-ci, ce n'était tout simplement pas naturelle. Alors ça, non, il ne pouvait s'imaginer à quel point la tête de l'allemand était un puits sans fond. Un ressource dont il ne connaissait pas les limites lui-même. Et il sentait que le jour où il atteindrait ces limites, il en mourrait, tout simplement, d'une surcharge d'informations qui l'achèverait d'un AVC ou d'un arrêt neurologique, son corps rejetant brusquement ces effets dévastateurs, malgré les apparences. Car certes, s'il avait une mutation en permanente évolution, il la sentait parfois le détruire de l'intérieur. Comme quoi intelligence ne va pas sans folie, et folie ne va pas sans fin tragique. Mais ça, ce n'était pas quelque chose qu'il partageait. Ou même pas quelque chose qu'il dirait.

Il observa avec curiosité la carte voleté dans les airs, fasciné, oubliant son hilarité et son délire verbal précédent. Il avait compris la mutation du blond, il ne savait toutefois pas son étendue et le voir en action sans se dissimuler le subjuguait. Peut-être était-il fatigué de tous les voir se cacher aux yeux du monde. Lui-même n'était certainement pas le plus discret, mais il se voyait retomber dans une tranquillité hypnotisant lorsqu'il assistait à ces spectacle purement extraordinaire.

Mais le blond avait repris sa place et Ashlyn s'était levée pour quitter la sienne. Et son air moqueur repris rapidement sa place habituelle sur ses traits. Il avait écouté d'une oreille distraite, mais manqua s'étrangler de rire en entendant la brune faire aussi subtilement que possible, tentant de l'ignorer, carrément, il le sentait bien. Il ne put retenir un petit bruit signe de son hilarité imminente, et opta pour un mouvement dans le but de se lever, ne serait-ce que pour les laisser à ce petit jeu qui l'agaçait, au fond. Qui l'agaçait vraiment. Jalousie? Peut-être bien. Non pas envers Ash. Non pas envers Sam. Seulement envers ce jeu de sentiments qui le répugnait, qui l'agaçait et qui, au fond, lui tordait les tripes.

Et lorsque la brune se décida à ouvrir une porte de fuite pour l'allemand, il sauta brutalement sur ses pieds dans un élan de rire volontaire, loin d'être naturel, mais sans doute n'y verrait-on que du feu... il ne faisait que ça, rire, depuis le début. Il manqua d'ailleurs de près de s'effondrer en arrière presque aussi soudainement qu'il ne s'était levé, soudainement prisonnier d'un étourdissement frappant et s'il se rattrapa à la technopate, il la poussa doucement vers le canapé, faisant mine de rien.

«Je m'en occuuuupe!»

Il n'avait pas attendu qu'elle s'oppose à lui et avait sauter l'obstacle en courant (presque), plutôt en trottinant rapidement vers la cuisine. En même temps, il était de trop. Il était de trop partout, de toute façon, mieux valait s'y habituer. Ou plutôt, mieux valait-il pour Sam de s'habituer à lui rapidement. Sam était avec Ash? Pas de problème... mais Viktor trainait toujours dans le décor de la brune, qu'elle le veuille ou non, la prévenant ou pas. Il était là, tout simplement. Elle faisait partie de sa vie. Elle faisait partie de ce qu'il était et peut-être l'avait-elle un minimum façonner de ses idées, de ses mots, de ses pensées.

Il s'était donc rendu à la cuisine rapidement. Ou plutôt, réaction inattendue de sa part de se montrer brusquement si serviable. C'était plutôt pour dissimuler son teint prenant une teinte dangereusement blanche. Il avait ouvert le robinet, ouvert la porte du frigo, ouvert les armoires pour attraper... deux... non trois, verres. Donner l'effet qu'il n'avait pas l'intention de partir, même si l'idée était déjà présente dans son esprit. Il avait laissé l'eau refroidir, puis en avait remplit les verres. Et lorsqu'il eut refermé chaque porte, il les attrapa tous les trois et entreprit de revenir au salon. Mais il sentit l'univers entier se liguer contre lui et s'il n'avait pas remarquer une discussion possible qu'avait entrepris le duo plus loin, il s'arrêta dans son élan pour appuyer son bassin contre le comptoir ou la table, il ne savait trop.

«Ashlyn ou Sam... les verres, est-ce que vous pourriez...»

Les prendre? Il ne termina pas sa phrase et qu'ils lui échappèrent des mais pour s'écraser brusquement sur le sol, déversant l'eau froide et une pluie de verre cassé. La tête lui bourdonnait avec violence et il comprit que l'ingestion excessive de cachets n'avaient non seulement pas eu raison de sa migraine, mais qu'en plus, il s'en était complètement drogué. Comme quoi il ne réfléchissait pas toujours à ce qu'il faisait. Il aurait eu l'air malin, tient, s'il lui avait fallu fuir pour sa vie en cet instant précis... Il tourna de l'oeil en même temps que les verres lui glissèrent des mains et s'effondra avec eux dans un bruit plus mat et lourd, en revanche. Il s'était effondré là, sur le plancher de cuisine de son amie. Et sans doute voudrait-il s'excuser de ceci. Parce qu'il était toujours de trop, au fond. Même lorsqu'il perdait brusquement connaissance, s'étalant comme une larve à travers le verre et l'eau. Être lui, ça signifiait être seul. Tout simplement seul contre tout le reste.

S'il avait pensé que la soirée se déroulerait comme ça ? Pas vraiment non. Jamais il n'aurait imaginé que cette soirée allait être riche en rebondissements, en révélations et en surprises. Car cette soirée était tout ça, rien d'autre qu'un cocktail de tout ceci et c'était quand même un peu perturbant, c'était un peu tout en une fois, un peu trop inattendu à vrai dire. Et Sam malgré tout se sentait un peu mal à l'aise, essayant de retomber comme il le fallait sur ses pieds. Il avait écouté la brune lui tournant toujours le dos, leur tournant le dos, le contrôle des machines, c'était plutôt intéressant comme mutation. Mais il ne c'était pas attardé plus que ça sur le sujet, préférant garder la mutation pour un autre jour, alors il était tout simplement retourné à sa place, bien vite rejoint par la brune qui c'était assise à ses côtés, laissant Viktor seul sur le canapé.

Le magicien avait doucement sourit face aux paroles de la brune, oui c'est vrai qu'il usait de son pouvoir quand il jouait aux cartes, surtout au poker quand de l'argent était en jeux. Bah quoi ? Il ne faisait rien de mal il utilisait juste sa mutation pour gagner un peu d'argent sans trop s'embêter, et c'est vrai que plumer quelques riches qui se croient intouchables et imbattables lui faisait grandement plaisir. Sam avait braqué un regard vers l'allemand, regard un brun exaspéré peut être mais bien vite il avait tourné la tête vers la brune, c'est vrai qu'au streap poker tout le monde était gagnant, et il utiliserait certainement plus sa mutation dans ce contexte que dans tout autre, c'était certainement plus distrayant. Et Ashlyn avait finit par le détendre en repartant dans ces petits jeux qui caractérisait si bien leur relation, mais il n'avait pas répondu, affichant simplement une mine joueuse, un petit sourire qui voulait tout dire. Pas besoin de parole, la brune comprendrait parfaitement qu'il était d'accord pour tenter l'expérience du streap poker... Et avec tout ça il avait presque oublié le brun, ou peut être l'avait-il simplement ignorer le temps d'une phrase joueuse.... Mais le brun se manifesta lorsque la mutante avait demandé si elle leur offrait quelque chose à boire, il s'en occupait, parfait.

Le blond avait observé le mouvement de l'allemand avant de soupirer légèrement.

- C'est un sacré phénomène quand même ...

Sam avait alors tourné la tête vers Ashlyn, un petit sourire joueur sur ses lèvres, ne prêtant plus attention aux mouvements de Viktor dans la cuisine qui était entrain de prendre tout ce qu'il fallait pour leur servir à boire d'après ce qu'il pouvait entendre.

- En tout cas il y'a quelque chose que j'aimerais bien tester quand on aura moins de compagnie... C'est bien le streap poker... Promis je ne tricherais pas.

Il lui fit un petit clin d'œil avant de tourner la tête vers Viktor qui venait de parler, et il s'apprêtait à se lever quand le brun s'écroula littéralement par terre arrachant un « C'est pas vrai... » au californien. Ce dernier c'était alors dirigé rapidement vers la cuisine, attrapant un verre assez grand qu'il remplit d'eau fraîche, il revint vers le brun et versa le contenu froid sur son visage, histoire qu'il reprenne ses esprits. Et ça marcha plus ou moins. Viktor semblait être revenu à moitié parmi eux et le mutant se décida à l'aider malgré tout, parce qu'il n'avait rien contre lui mine de rien, alors il c'était penché et l'avait relevé comme il le pouvait, il avait néanmoins glisser un bras autour de sa taille pour éviter qu'il ne rencontre une nouvelle fois le sol. Et il l'avait accompagné jusqu'au canapé où il l'avait déposé avant de s'adresser à Ashlyn.

- Je vais m'occuper du bazar, viens t'occuper de lui.

Et il n'avait pas attendu de réponse pour aller nettoyer tout ce que le malaise de l'allemand avait causé.

Elle s’était redressé, prête à repartir vers la cuisine mais déjà Viktor l’avait devancé, la poussant et la déséquilibrant juste assez pour qu’elle retombe assisse au côté de Sam. Elle aurait pu protester, mais avait finalement préféré garder le silence, le suivant juste quelques instants d’un regard un peu peiné, avant que la voix du magicien ne la fasse se retourner vers lui. Oh oui l’allemand était un sacré phénomène, mais un phénomène dont elle n’arrivait pas vraiment à se passer. Un phénomène dont elle avait cru comprendre ce que cachaient son dernier rire moqueur et son élan de serviabilité. Elle n’avait pas cherché à provoquer sa fuite, pas plus qu’elle n’aurait voulu provoquer celle du blond en le laissant ainsi troublé. Et ce n’était pas parce que son ami comprenait tout, tout de suite qu’elle pouvait se permettre de lui jeter ses propres différences à la figure. Viktor était unique tout simplement et à côté de lui le reste du monde ne pouvait qu’être banal, mais ce statut impliquait également un poids lourd à porter, un poids qu’elle essayait de décharger un peu, parfois.

Les deux hommes avaient une place dans sa vie et si pour le moment elle ne pouvait pas trop agir envers l’un sans égratigner l’autre, alors elle continuerait à se borner pour le moment à de petites allusions subtiles. Toujours était-il que dans sa fuite, l’allemand lui donnait l’occasion d’avoir une discussion plus discrète avec Sam, une discussion plus à eux, tel de petits filaments de ce qu’aurait continué d’être cette soirée s’il n’y avait pas eu autant d’histoires. Et elle n’en voulait pas à Viktor de sa visite loin de là, son humeur s’étant rapidement radouci. Elle n’avait ensuite pu que sourire, sourire des projets de Sam pour leurs futurs rendez-vous, d’un sourire rayonnant et espiègle.

« Oh mais tu sais, je n’ai jamais dit que j’avais un problème avec la tricherie. »

C’était tout ce qu’elle avait eu le temps de répondre au clin d’œil joueur du magicien, avant que tous deux ne tourne la tête de concert vers le brun qui se trouvait encore dans la cuisine, avant que le bruit du verre brisé et du corps qui tombe lourdement au sol ne les alerte. Ashlyn avait alors immédiatement suivi le blond, se penchant vers Viktor, inquiète, essayant de voir si il était possible de le ramener en le secouant légèrement. Chose qui ne fut finalement possible que par l’intervention de Sam et d’un verre d’eau. Dissimulant au mieux son début de panique, elle s’était redressé au milieu des morceaux de verres, suivant les deux hommes jusqu’au canapé. Elle avait regardé le blond s’éloigner un instant, temps que son esprit refasse surface, s’approchant alors de Viktor, le forçant à doucement s’allonger sur le canapé.

« Est-ce que ça va aller ? Ou alors il faut te faire un lavage d’estomac ? Et pas la peine de mentir, je n’ai pas envie de te voir t’écrouler encore parce que tu t’es fait un cocktail avec mon armoire à pharmacie. »

Elle s’était installée sur l’un des bords du canapé, passant une main rassurante sur le front de l’allemand pour en ôter quelques traces d’eau. Elle essayait de le laisser doucement revenir à lui, sachant pertinemment qu’elle ne pouvait appeler personne pour venir le chercher. Elle espérait aussi qu’il ne chercherait pas à s’enfuir malgré son état, se demandant s’il ne valait mieux pas qu’elle le ligote tout de suite au divan. Cherchant son poignet, elle essayait de prendre son poux, vérifiant que son rythme cardiaque n’était pas trop lent à cause de l’ingestion des médicaments.

« Franchement Vik tu pourrais faire attention… tu as déjà assez de problèmes, pas la peine de leur faciliter la tache. »

Elle lui avait offert un mince sourire, pas très enthousiaste de ses propres paroles, enlevant délicatement les dernières gouttes de son visage. Elle n’était pas médecin, ni infirmière, ne pouvant pas faire grand-chose de plus que le laisser allonger là, lui permettre de se reposer.

« Reste allongé, je reviens. »

Elle s’était relevée, pas certaine qu'il l'écouterait vraiment, se dirigeant vers la cuisine, où elle avait rejoint Sam et les morceaux de verre, s’approchant doucement de lui, esquissant un léger geste tendre dans sa direction, pour le remercier et essayer de le convaincre d’arrêter.

« Merci Sam, mais laisse, ce n’est pas grave. Ca peut bien attendre que je m’en occupe plus tard… Garde juste un œil rapide sur lui s’il te plait. Je reviens. »

Elle avait alors continué son chemin, se rendant jusqu’à sa salle de bain pour y chercher une serviette, jetant un rapide coup d’œil à son stock de médicament au cas où elle y découvrirait une autre surprise. Elle avait ensuite fini par retourner à la cuisine pour récupérer plusieurs glaçons qu’elle avait glissé à l’intérieur, la refermant de façon à improviser une petite poche de glace, qu’elle comptait ramener au brun pour qu’il se la pose sur le crâne, là où sa tête avait du heurter le sol de son appartement.

« Tiens, prends ça, ça peut sans doute t’éviter une trop grosse bosse… »

Il ne cherchait pas à s'interposer ni à se faire volontairement trop présent. Mais détourner la nature faisait partie de ce qu'il était et il ne le faisait pas foncièrement exprès à chaque fois. Il avait choisit de quitter la scène dans une catastrophique cérémonie d'adieu temporaire. Un peu théâtre, de prime abord, il y avait ce quelque chose chez lui d'un peu triste qu'il dissimulait, qu'il cachait au monde entier, comme s'il avait peur de l'exprimer, ou comme s'il n'en avait pas le droit, tout simplement. Alors, il était partie en se sentant de trop, en se sentant comme un tache sur une page d'histoire vierge qu'il ne voulait pas souiller de ses bêtises. Il avait choisit de voler vers la cuisine pour leur épargner la vision horrible de son talent incroyable à gâcher le tableau en un battement de cil. On pouvait croire qu'il y prenait plaisir, pourtant. Que ça l'amusait de pourrir la vie des uns et des autres comme si l'existence même n'était pour lui qu'un immense terrain de jeu. Et il s'appliquait ardemment à donner cette image de lui-même. Certes, il était naturellement immature. Mais il y avait autre chose qu'il ne partageait pas. Il n'était pas comme eux, il en avait conscience. Et prendre conscience qu'il ne pourrait jamais mener ce genre de vie lui donnait, parfois, envie de se pousser le plus loin possible de cet impossible. Changer de vie? Ce n'était pas non plus une option. Il se contentait de regarder le monde évoluer au ralenti, en ayant l'impression étrange d'avancer en fastfoward à longueur de journée. Mais il comprenait aussi qu'il ne pouvait pas risquer de gâcher toute sa vie, à elle, en l'entrainant dans ses mésaventures tortueuses et dangereuses. Bien plus que dangereuse, en réalité.

Ça n'avait duré qu'une seconde. Une seconde où il avait sentit son esprit partir à la dérive. Une seconde où il avait eut l'impression d'un court circuit électrique entre deux neurones en surchauffe. Une seconde où on avait mis à off ses pensées, ses réflexions et son corps tout entier. Il n'avait pas eu conscience de frapper le sol lourdement. Comme il n'avait pas non plus eu conscience du morceau de verre qui lui lacéra subtilement la joue. Le néant. Le noir total. Un noir où il avait l'impression de réellement reposer son cerveau. Sa chute soudaine n'était probablement pas uniquement dû à tout ce qu'il avait ingéré. En partie, c'était vrai, mais il y avait autre chose qu'il avait compris depuis un moment et ça avait eu pour effet de redémarrer l'ordinateur monstre qu'il était. Il n'était qu'une lourde carcasse avachie sur un sol froid et mouillé. Du moins, jusqu'à ce qu'une nouvelle inondation vienne rafraichir ses neurones surchauffées. Il avait crachoté une seconde, se contentant toutefois de rester vautré dans les débris de verre casser comme s'il ne réalisait pas encore ce qui s'était passé, son cerveau ne semblant pas encore s'être tout à fait remis en fonction. Il ne sembla reprendre un peu ses esprits en réalisant qu'il n'était plus allongé sur le parquet et lança un regard curieux à Sam. Il n'avait pas l'impression s'être entendu avec le blond. En fait, il avait sans doute volontairement cherché sa rancune précédemment. Peut-être par jalousie. Peut-être par attachement. Peut-être par peur de perdre quelque chose qui lui était cher. Peut-être parce qu'il avait peur de se retrouver seul contre le monde, seul, tout simplement, avec lui-même comme unique divertissement. Il se demanda, en observant ses traits, s'il lui en voulait encore pour le tour de magie. Viktor n'était pas mauvais... Il avait certes une façon particulière de faire les choses, mais en le voyant maintenant, il regretta, une fraction de seconde, d'y être aller aussi durement, sans lui laisser la moindre petite chance de jouer avec lui.

Il ravala rapidement ces quelques regrets lorsque le magicien le libéra de son emprise avant qu'il ne se rende compte qu'il était installé sur le canapé. Comme s'il n'avait tout simplement pas réalisé le trajet effectué entre la cuisine et le salon. Il avait sentit les mains d'Ashlyn, en fixant le magicien s'éloigner déjà et ne s'était pas opposé à s'allonger, pas maintenant. Il ignora volontairement le questionnement qu'elle lui offrit, observant le dos du blond plus loin, dans une étrange interrogation. Puis, il avait dardé ses iris d'un bleu, terriblement bleu, comme un regard un peu morne qu'il darda sur elle pendant une seconde ou deux, comme s'il osait un peu laisser paraitre la vérité sur ses pensées qu'il dissimulait normalement constamment.

«Ce n'est pas seulement le cocktail... » chuchota-t-il plus par lui-même, comme s'il sentait le besoin de lui révéler quelque chose, mais qu'il n'osait pas le faire, de peur, sans doute, de l'inquiéter. Il n'osait pas lui dire que parfois, sa mutation était si hors de contrôle qu'il s'effondrait, tout simplement. Ça n'arrivait pas souvent. Mais ça arrivait.

Il s'était contenté de lui renvoyé un drôle de sourire incertain. Leur facilité la tache? Il faisait ce qu'il pouvait, mais il concevait qu'il ne pouvait pas tout contrôler comme il le voulait et que parfois, des imprévus se produisaient. Des imprévus qui le mènerait inévitablement à la potence, mais qu'il essayait d'éviter le plus possible. Il l'avait laissé s'éloigner sans rien dire, les avait doucement observé, une seconde, et avait sourit, une nouvelle fois, plus pour lui-même, peut-être. Elle méritait un peu de douceur. Elle méritait les regards que le blond lui lançait de biais. Il savait qu'elle n'avait rien d'une fillette fragile et qu'il n'avait pas à la protéger des autres.

Puis, elle était revenue avec ce sac de glace qu'elle lui tendait. Il s'était brusquement redressé sur le canapé comme s'il avait eu une soudainement révélation en attrapant le sac. Il l'avait ouvert et y avait mis sa main, attrapant quelques cubes gelés entre ses doigts, quelques cubes qu'il observa fondre au contacte de sa propre chaleur avec une curiosité renouvelée. Puis, il en colla un sous sa langue, tout simplement et se tourna vers les deux en s'assoyant sur la canapé, tant pis pour sa tête, tant pis pour les inquiétudes de la brune et surtout, tant pis pour le regard exaspéré du blond. Ilse releva complètement, sur ses pieds, encore un brin étourdit, certes, mais avec les idées beaucoup plus claires à présent. Il avait attrapé le visage de la brune avant qu'elle ne proteste et lui avait collé une embrassade rapide sur le front, comme s'il sentait que c'était la dernière fois qu'il pouvait l'embêter.

«Je dois continuer d'avancer. Et ne me fais pas ce regard inquiet, je déteste ça. »

Il ne lui dirait pas ce qui se tramait. Il ne lui sentait qu'il n'avait aucun droit de l'impliquer dans l'horreur de sa propre existence mouvementée. Plus maintenant qu'elle n'était plus seule. Plus maintenant que le blond était là. Il s'était finalement planté devant Sam, plus sincère, plus vrai, et surtout un peu plus mal à l'aise, peut-être.

«Vi vördar i ett annat liv. Hon är som min syster ... ta hand om det. »

Il se fichait un peu qu'on le comprenne ou pas. Mais son ton se révélait doux et rassurant. Il avait affiché un sourire un peu plus désinvolte en haussant tout bonnement les épaules.

«On se revoit bientôt, Ash, je te le promet. »

Et il quitta, tout simplement, d'un air beaucoup plus joueur, d'un salut amical de la main. Il ne savait pas quand. Il ne savait pas s'il pouvait seulement se permettre de promettre se genre de chose en sentant l'imminence du début de la fin, mais il le faisait, peut-être seulement pour la rassurer, elle, et lui-même par la même occasion.