En ces temps-là, l’existence n’était pas nécessairement rose. Mais pour une femme qui avait connu l’Allemagne de l’Est, ce n’était pas si terrible que ça. Elle avait un emploi stable, une vie tout à fait correcte au sein de l’Institut, elle appréciait les étudiants. Et elle avait une compagne dont la simple évocation de son nom la faisait sourire. En si peu de temps, Alexiane avait pris ses marques. En ces temps-là, tout n’était pas rose, mais ce n’était pas l’enfer non plus. Il fallait simplement se montrer prudent, lorsqu’on vivait une existence marginale. Ne pas trop l’afficher. Et tout irait bien.

Alexiane sortit de sa salle, après avoir répondu aux dernières inquiétudes de ses étudiants concernant leurs évaluations. Elle passerait la soirée à l’Institut, ferait sans doute un crochet à la Caserne, histoire d’apporter à Ellie de quoi tenir sa garde. Puis, elle l’attendrait. Peut-être qu’elle se glisserait silencieusement dans sa douche puis la rejoindrait dans ce qui était désormais leur lit. Elle se réveillerait le lendemain matin, sa chaleur dans le dos, dans sa douce étreinte. L’idée de retrouver ce qui se rapprochait de l’Idée qu’elle avait de foyer la réjouissait.

Elle n’aurait jamais pu prévoir ce qui allait lui arriver sur le coin de la figure. Qu’elle allait sans doute devoir revoir tous ses plans pour la soirée. Elle rentra pratiquement dans son responsable de département, Hugh Lautner.

- Pardon, monsieur.
- Ah, Kojève, justement, je vous cherchais. Je dois vous parler. Suivez-moi dans mon bureau.

Nerveuse, la jeune femme réajusta la bandoulière de son sac et hocha la tête.

- Asseyez-vous.

Elle s’exécuta, ramenant son sac sur ses genoux.

- Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Vous êtes l’objet d’une enquête de la part des autorités.
- De l’université ?
- Non, plus haut. La sécurité intérieure.

Masquer le battement de coeur qu’elle avait douloureusement raté. Rester impassible.

- Je vois.

Lautner se pencha sur son bureau, joignant ses mains en un triangle.

- Ecoutez, Kojève. Vous faites du bon boulot. Vous êtes appréciée au sein de cette université. Et en vérité, je me fous de ce que vous êtes, vous faites ce que vous voulez avec qui vous voulez. Mais je ne peux pas désobéir à des requêtes qui viennent de si haut, vous comprenez ?

Alexiane hocha la tête, douloureusement.

- Vous savez ce que vous encourez ?
- Oui, monsieur.
- Bon. Faites de votre mieux pour tirer ça au clair. D’accord ?
- Bien sûr.

Elle se leva, déglutissant difficilement.

- Kojeve.

Elle s’arrêta sur le pas de la porte.

- On vous apprécie.
- Merci, monsieur.

Elle referma la porte. Se rendit sur le parking réservé aux enseignants. Une cigarette, les mains tremblantes. Elle n’avait pas besoin de prendre l’épais dossier que Lautner avait posé sur son bureau, avec le sceau du FBI clairement tamponné sur l’en-tête. Elle le recevrait à l’Institut. Elle démarra sa Mustang, se rendit comme dans un rêve à l’Institut. Elle ignora les étudiants qui la saluaient. Ne reprit ses esprits que lorsqu’elle referma la porte de la chambre derrière elle, posant son sac sur le sol. Se réfugier sur son siège de bureau. En position foetale. Comment gérer cette problématique. Comment l’annoncer à sa compagne. Il n’y avait pas de décision à prendre. Alexiane refusait évidemment de faire le choix de sa carrière. Mais ne pas l’inquiéter. Elles devraient juste se montrer prudente. Dans l’enceinte de l’Institut, elles ne craigaient rien. Que décider ? S’en foutre ? Ne pas se brider ? Oser sortir, sa main dans la sienne dans la rue ? Alexiane grinça des dents. Mais son job à l’université… Elle ne pouvait pas disparaître du jour au lendemain. Elle en avait aussi besoin pour vivre. Elle n’en avait pas fini, avec cette passion. Encore des choses à faire. Des choses à se faire pardonner. Echapper au tribunal de la conscience.

Elle attendit ainsi, regardant le soleil se coucher. Pensive.

- Il est mort. Laissez tomber.

Les mains dans le sang jusqu'aux coudes, elle se redresse, enlève ses gants. Le gamin s'est fait roué de coup, ses longs cils ourlant un regard désormais vide. Stonewall Inn. Encore une victime de l'ignorance et de la bêtise.. S'asseoir sur les marches. Les sirènes au loin. Les flics qui n'ont rien vu et les gars du quartier encore moins. Juste respirer, forcer l'air dans ses poumons et observer les rayons d'or qui s'accrochent aux passants. Les cheveux d'Alexiane. Un sourire las se peint sur ses lèvres. Accompagner le sac mortuaire jusqu'à l'hôpital puis repartir vers la caserne. Espérer que la nuit tombe afin de rejoindre son sanctuaire. Ne plus se cacher et vivre comme elle le souhaite.

18 h. Elle attend, un peu impatiente, l'arrivée d'Alexiane. Un rituel pour conjurer la nuit à venir et l'absence. Rester face à face pour quelques minutes ou quelques heures. Sans se toucher, sans un mot. Lui promettre de revenir bientôt, en bonne santé afin de se réfugier dans son étreinte et se sentir enfin à la maison. 18h30. Pas de nouvelles. Un étrange pressentiment étreint son coeur. Les embouteillages. Peut-être l'auront-ils ralentie ? Ou bien un élève à l'Institut ? Elle se jure de mener son enquête plus tard. 20h. Ellie n'en peut plus d'anxiété. Elle rejoint les cabines téléphoniques et appelle. Prier pour ne pas tomber sur Lisa. Paraître la plus neutre possible.

- Allô ! Institut Charles Xavier.
- C'est Ellie. Alexiane est rentrée ? Je m'inquiète.
- Oui, elle est dans sa chambre. Je crois qu'elle ne va pas bien.

Arrêter le tremblement dans sa voix.

- Tu peux aller la chercher ?

Attendre une minute peut-être avant de réprimer la vague de chaleur qui l'étreint. Alexiane. Attendre qu'elle lui explique. Anxieuse.

- Ne t'inquiète pas j'ai juste eu une journée difficile. Des problèmes au boulot. Je t'en parles ce soir.

Quelque chose ne va pas, elle le sent confusément. Une tension. Des silences qui ne devraient pas être là. Qui n'ont jamais existé avant ce jour. De la froideur presque. Raccrocher après lui avoir fait comprendre qu'elle lui manque. Un code pour l'extérieur, mis en place pour contrer l'hostilité des gens. Leur incompréhension de ce qu'elles sont et des sentiments qu'elles partagent.

- Chef, je ne peux pas rester. On a besoin de moi à l'Institut. Je ferai deux gardes pour ce mois. Je dois vraiment y aller.

Ne pas lui laisser le temps de répondre. Tant pis pour le blâme ou pour la gueule qui tirera demain. Des années qu'elle n'a pas pris de vacances. Enfourcher sa moto et foncer vers les grilles de l'école, les dents serrées. Abandonner son monstre de mécanique dans l'allée, monter les marches quatre à quatre. Fouiller des yeux leur chambre.

- Je suis là.

Ellie l'attire doucement dans son étreinte, confuse et anxieuse alors qu'elle cherche dans ses yeux clairs les réponses à ses questions.

- Est-ce que ça va ?

Elle savait qu'elle ne croirait pas un mot de ce qu'elle dirait et qu'elle se jetterait dans le trafic dès qu'elle aurait raccrochée. Alexiane ne pouvait lui en vouloir. Cette pensée lui arracha un sourire douloureux. Compter sur quelqu'un. L'inquiéter dès que l'accent dans la voix changeait. Elle s'était fait la promesse de ne jamais l'inquiéter. Promesse stupide et adolescente. Trop de choses ne dépendaient pas d'elle.

Alors elle ne fut pas surprise quand la porte s'ouvrit et qu'un éclat fauve accrocha son regard. Alexiane se mordit la lèvre. La culpabilité dans la confusion de sa compagne.

- Hey.

Elle se blottit contre elle. Loger son visage dans le creux de son épaule. Respirer son odeur, avec reconnaissance. Elle embrasse son épaule.

- Je vais bien. Je suis désolée de ne pas être venue aujourd'hui. J'ai juste eu une mauvaise surprise au boulot. Ce n'est rien au fond.

Elle soupire.

- Je suis vraiment désolée de t'avoir inquiétée.

Elle caresse doucement sa joue et dépose un baiser sur le coin de ses lèvres.

- Je suis sous le coup d'une enquête. Du Bureau Fédéral. Je n'en ai pas lu les détails, mais il semblerait que ce soit à cause de mes moeurs dissolues.

De l'amertume dans sa voix.

- On menace de me virer. Et avec le nom que je me trimballe, ça ne m'étonnerait pas qu'on m'accuse d'être Alex la Rouge. Et là, ce serait beaucoup plus pénible.

Les enquêtes, les contre-enquêtes, les accusations. Elle ne voulait pas imaginer plus loin.

- Il faudra simplement se montrer un peu plus prudentes à l'extérieur. Si cela ne te fait rien.

La douleur dans son regard clair. Tirer une croix sur ses escapades jusqu'à la caserne, la retrouver et pouvoir respirer son odeur et déposer un baiser sur sa joue avant de la laisser faire sa garde. Ce soulagement éphémère à l'idée de l'avoir vue quelques minutes avant de devoir passer la nuit seule. Sans son étreinte. Elle se mord la lèvre à nouveau.

Son regard concerné se plonge dans ceux d'Alexiane. Tout ce qu'elle voudra. La savoir protégée. Tout irait bien. Peut importe les heures sans la voir. La jeune femme se refuse à la perdre pour des conneries. Elle connaît les méthodes de ce gouvernement. Un sac noir sur la tête et elle disparaîtra.

- Je ferais ce qui est nécessaire pour te maintenir en sécurité.

Casser des genoux. Menacer. Faire souffrir. Elle voulait voir leur pauvre corps se tortiller sous son pouvoir. La supplier de s'arrêter. Elle continuera. Pour la douleur qui lui inflige, pour lui retirer les dernières bribes de paix qu'elle a réussi à retenir de sa vie d'avant. L'ombre qui grandit en elle se repait de sa rage. Prête à pousser les portes. Les cadenas de sa volonté sautant un à un sous l'assaut triomphant de la colère et de la peur. Ils paieront. Elle se le promet. Trouver un endroit pour vivre en paix. Loin des problèmes de ses pairs, de leur cruauté. Ses doigts glissent le long de sa machoire, apaisant. Souffler si bas qu'elle est peut-être la seule à entendre.

- Ils paieront.

C'est encore une entaille de plus et elle n' a plus assez de peau saine pour cicatriser. Blessure sur plaie sur cicatrice. Défendre à tout prix son territoire, son foyer. De ses crocs, de ses dents, de ses griffes et ne leur laisser que leur yeux morts pour pleurer. Ils s'attaquent au mauvais lièvre. Son coeur se crispe. Elle voudrait pouvoir faire disparaître l'éclat dur de ses yeux. Poser son front contre le sien alors que leur souffle se mêle.

- On va traverser cela ensemble et je te promets qu'un jour nous aurons un mariage fastueux, une maison de banlieue avec les voisins puritains et chiants, un chien, et assez d'enfants pour constituer une équipe de soccer.
Et ils seront brillants. Tout le monde en sera jaloux.

Ellie effleure ses lèvres, un geste doux et réconfortant.

- En attendant, on va s'en sortir. Entre ses murs, nous sommes chez nous. Nous pouvons nous retrouver. Nous aimer sans que personne n'en trouve rien à redire. Et comme on dit en français, après la pluie, le beau temps, mon amour.

Se demander comment traverser les nuits sans sommeil. Ne plus se rappeler comment elle faisait avant. Sa perception du monde était alors perturbé par les éclats de souffrance qu'elle s'infligeait comme autant de piqûre pour l'empêcher de sombrer dans une apathie destructrice. Lui promettre de rentrer. Veiller sur son sommeil, calmant ses derniers cauchemars. Se promettre de toujours rentrer à temps.

- Tout ira bien.

Peut-être que cela ne leur faisait rien en surface. Mais elles savaient très bien que cette acceptation n'était qu'une vaste mascarade. Que ce mensonge n'entraînerait que douleur. Mais que cette douleur serait toute aussi éphémère. Alexiane saisit les mains d'Ellie. Les pressa contre son visage. Elle embrassa la paume, fermant les yeux sous la chaleur familière. Se reposer un instant.

Alexiane se mord la lèvre. Prise dans un conflit moral. Ce qu'elle enseignait depuis des années, ce en quoi elle croyait et ce à quoi elle s'était dévouée lui interdisait purement et simplement de penser à la vengeance. Mais au fond, il n'y avait que cette rage, que cette injustice. Elle plante son regard clair dans celui de sa compagne.

Elle n'avait pas besoin de parler. Elle n'avait pas besoin de lui partager sa peine de par sa parole. Juste un regard, l'effleurement de sa joue de son pouce. Ses lèvres contre les siennes. Un instant. Elles avaient vécu l'innommable. Et plier l'échine alors qu'elles étaient parvenues à transcender ce déterminisme historique était hors de question. Mais ce qu'elle voyait dans les yeux de sa compagne l'effrayait. Pourrait-elle le faire ? Quel prix accorder à leur survie ? Alexiane savait pertinemment qu'il n'y aurait aucun répit pour elle. Qu'aucun havre de paix n'existait.

Serrer sa main dans la sienne. Hocher doucement le visage. Avant, il y avait la peur. Puis, la certitude. A elles deux, elles seraient invincibles. Provoquer l'Enfer pour se protéger. Faire disparaître la suspicion. Faire disparaître ce qui les condamnait. N'accorder le pardon que devant la supplique. Si la discrétion ne suffisait pas, elles entameront le jeu de la survie. Etouffer le danger dans l'oeuf. Mordre plus fort que le prédateur et le mettre en déroute. Alors Alexiane accepta. Douloureusement. Les larmes au fond de son regard clair. Hocher la tête. Sans rien dire. Presser sa joue contre la sienne. Les yeux fermés. Se rassurer de sa présence.

- Die beste Verteidigung ist der Angriff. La meilleure défense reste l'attaque.

Elle effleure ses tempes. Elles peuvent un instant entendre la mer. Les yeux fermés, elle pose son front contre le sien. Se souvenir qu'elles n'étaient pas démunies. Et qu'elles avaient de la chance.

- Je serai là. Sur tes pas. Et je ne te quitterai pas. Et si quelques soirs on ne peut pas se rejoindre, je serai quand même là. Tu n'auras qu'à m'appeler.

Elle ne quitte pas son regard. Se mord la lèvre. Partagée entre tristesse et détermination.

- Et tant que je sais que tu me reviens, je n'ai pas peur. Ce sera juste dur pour moi. Je ne souhaite même pas un bastion. Juste qu'on nous laisse en paix.

Elle se blottit dans ses bras.

- Ich will nicht dich zu verlieren, Liebe.

Son menton sur son épaule, la recherche de son étreinte. Se sentir rassurée malgré tout.

- Et fais attention à ce que tu dis, je pourrais bien en prendre notes.

Un léger rire entre deux reniflements. Se reposer un peu avant de reprendre les armes.

Les vagues. Un éclair fugace. Une plage. Leur premier baiser. Son corps tremblant contre le sien. La serrer contre elle. Doucement. Son nez enfoui dans cheveux. Juste respirer un peu de son parfum, s’imprégner de son essence. Si on l'agressait, elle mettrait le monde à genou. Chasser la rage qui gronde comme un orage lointain dans son esprit. La grande rousse se concentre sur la femme qui se trouve dans ses bras. Ses doigts tracent des cercles apaisants dans son dos.

- Je sais ce que cela provoque quand tu es trop loin et que je te convoque. Plus de souffrance. Je reviendrai toujours pour te regarder dormir.

Elle parcourt doucement la courbe de la nuque, apaisante.

- Tu ne me perdras pas. Si le IIIe Reich n'a pas pu me mettre à genoux, ce n'est pas trois blanc becs de la CIA qui vont me faire peur. Tu es coincée avec moi, Kojève. Toujours.

Ellie la chatouille, l'attirant dans son giron. Chasser de son regard cette douleur, cette peine, cette crainte. Elle mérite d'être en paix. La vraie vie d'Alexiane, c'est d'être heureuse, d'aimer et d'être aimée en retour. De rire aux éclats. Elle fera tout pour qu'elle n'ouvre plus les yeux sur un monde de ténèbres et d'épouvante. Lui apporter le Soleil qui lui a tant manqué.

Embrasser ses joues, ses lèvres, son front, son menton. Faire renaître son sourire éblouissant sur ses traits gracieux.
Protéger cette flamme contre les intempéries de la vie. Se sentir honorée, qu'elle si abîmée, glaciale et mal embouchée puisse lui donner un peu de répit, lui adoucir l'existence.

- Prends des notes. Je veux toujours mon chien. Pourtant, je sais que le monde sera moins beau sans ton sourire, tes yeux magnifiques et ton intelligence. Alors oui, au moins une équipe de soccer. Ils rachèteront l'humanité. Et tu seras la plus belle mariée que ces terres ont accueillies.

Elle chuchote à son oreille, tranquillement, comme une confidence. Profiter de la sérénité du moment. Elle rit doucement. Oui, peut-être jamais ses gènes mais une belle et grande famille. Avant cela, elle allait devoir faire du ménage dans son pays d'accueil.

- Sèche tes larmes, il ne nous arrivera rien.

S'étonner, encore une fois. De la facilité de sa compagne à lui redonner confiance, à lui promettre un avenir serein, en dépit des obstacles. Alexiane sourit, attendrie. Dans une autre vie, elle aurait été son bourreau. Et elle savait sa chance d'avoir fait tomber les barrières. Mais au fond il n'avait pas été question de conquête. Alexiane était sienne, corps et âme. Et si elle lui promettait qu'il ne leur arriverait rien, elle la croirait, aveuglément. Et elle mettrait tout son coeur à la réalisation du futur qu'elles esquissaient toutes les deux.

Ce sont deux guerrières qui s'apprêtent à se jeter dans la bataille. Qui connaissent le chemin qu'elles vont devoir parcourir. Alexiane se réfugie dans sa chaleur, dans son regard, dans la chaleur de ses bras. Elle y puise ses forces, doucement. Pour elle, elle sera un soldat. Pour elles, elle fera une exception. Protéger coûte que coûte son couple, parce que c'était sur Ellie qu'elle se reposait. Le reste, elle s'en foutait. Eperdument.

Ronronner dans son étreinte. Alexiane aimait chacun des instants qu'elle partageait avec sa compagne. Elle l'embrasse doucement, serrant sa main dans la sienne.

- Si c'est la seule solution pour pallier à l'absence, je saurais faire face. Cela me demandera un peu plus d'efforts et de concentration. Mais ce n'est rien. Par rapport à ce que je vivais avant toi, je t'assure que ce n'est rien.

Elle lui sourit tendrement, et son regard clair laisse apparaître les sentiments qu'elle lui voue. Et au fond de cette prunelle, la conviction. L'impatience de voir ces promesses se réaliser. L'envie d'envisager le monde autrement, à ses côtés. A travers ses yeux. De la dévotion pure.

- C'est beaucoup une équipe de soccer. On ne pourra jamais tous les caser à l'Institut. Mais tant que j'ai ma belle française à mes côtés, ça me convient.

Elle cherche la douceur de sa peau. La chaleur de son cou. Elle dépose quelques baisers sur sa peau, ferme les yeux. Se laisser aller à une vision de leur future, paisiblement. Peut-être cette chambre, peut-être une maison. Un vent de liberté. Peut-être... Alexiane effleure à nouveau les tempes de sa compagne, un sourire aux lèvres. Elle lui donnait les mots. Construire grâce à sa force et ses mots une projection. Peut-être pas tout à fait la vérité. Mais envisager la promesse.

Sa main dans la sienne. L'air iodé. Le vent dans ses cheveux. Un soleil printanier qui réchauffe leur peau. Elles deux. Le sable chaud sous la plante de ses pieds. Au loin, des rires d'enfants. Deux silhouettes qui s'égaient dans l'eau. Elle se tourne vers Ellie et lui sourit tendrement. Elle sait bien que c'est impossible, mais le rayon de soleil qui accroche à ce qui ressemble à une alliance fait aussi partie du tableau. Lui appartenir. Symboliquement.

Elle laisse la vision s'évanouir, son front contre le sien. Un sourire heureux sur son visage. Apaisé. Elle caresse du pouce sa joue, embrasse la commissure de ses lèvres. Elle souffle, tendrement, entrelaçant ses doigts avec les siens.

- Je veux tout ça, mon amour. Je veux tout ça avec toi.

Elle embrasse ses mains et sourit pour elle-même, encore à sa vision.

- Par où doit-on commencer?